février 2012

Vous consultez actuellement les archives mensuelles pour février 2012.

1.
Site lausannois, Walking the edit, internet, «Je marche, donc je monte mon film», http://walking-the-edit.net/fr/

2.
Site et revue parisienne, MCD, papier et internet, musiques et cultures digitales http://www.digitalmcd.com/.
Le 15 mars 2012, à la Gaîté Lyrique, MCD lance son n°66 titré Machines d’écriture (pas très fin ni très fun, ou alors warholien, comme titre!)
Plus attractif L’internet voit vert (MCD n°65), vidéo de la conférence: http://vimeo.com/35185247.

Liens vers les posts précédents http://lantb.net/uebersicht/?p=4506 et http://lantb.net/uebersicht/?p=4523

Mots clés :

Le pdf des reproductions des 124 estampes (photographiées à l’arrache au iphone 4) est déposé sur ce blog à des fins de consultation sur écran Ipad et pour naviguer dans la collection, l’enrichir, en identifier les images etc. en vue de son don et dépôt dans un lieu institutionnel. Par cette opération de transfert d’images assez inélégante de l’iphone à l’ipad via un Mac, le dossier pdf va se placer finalement sur les étagères de ibooks de l’ipad, mais merci quand même Steve.

La collection Chavannes a fait l’objet d’une étude très intéressante de Danielle Eliasberg, éditée par la revue Arts asiatiques, sous l’égide des Musées Guimet et Cernushi en 1978. Par chance, tout est en ligne sur le site précieux Persée! http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arasi_0004-3958_1978_num_35_1_1132#. Il s’y confirme que les plus intéressantes de ces estampes sont celles qui s’inspirent des romans et des pièces de théâtre et opéra.

Les travaux d’Etienne entrent en résonance avec ces estampes, par un style affirmé de dessin ligne claire* -qui est un trait noir de limite inframince entre tous les objets représentés- à la fois fruste et cursif, et des couleurs en aplats éclatants qui savent parfois évacuer ce trait noir de délimitation des formes entre elles. Les livrets-catalogues qui les rassemblent en séquences sont à télécharger depuis http://gobland.net/nilbog/?page_id=1245

* voir la superbe ligne claire selon Swarte en illustration dans le post précédent et le gommage du trait par l’aplat noir.

Quatre émissions d’Adèle, sur la question du MOI,  à écouter en ligne sur le site des Nouveaux chemins de la connaissance, France Culture
Le Moi dans tous ses états 1/4 : Je peins, donc je suis ? Les autoportraits de Rembrandt

Le Moi dans tous ses états 2/4 : Narcisse et les excès du moi

Le Moi dans tous ses états 3/4 : Là où le moi blesse, Pascal
Le Moi dans tous ses états 4/4 : Jamais sans les autres

ou à écouter ici

1/4
Je peins, donc je suis ? Les autoportraits de Rembrandt
[audio:http://www.lantb.net/uebersicht/wp-mp3/Moi1_4.mp3]
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2/4
Narcisse et les excès du moi
[audio:http://www.lantb.net/uebersicht/wp-mp3/Moi2_4.mp3]
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3/4
Là où le moi blesse, Pascal
[audio:http://www.lantb.net/uebersicht/wp-mp3/Moi3_4.mp3]
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4/4
Jamais sans les autres
[audio:http://www.lantb.net/uebersicht/wp-mp3/Moi4_4.mp3]
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«Prends le CO2 et tire-toi!». Par Renaud Lecadre, Vittorio de Filippis in Libération du 26 janvier 2011.
Cet article sur l’escroquerie à la lutte contre le CO2, entre en résonance avec les bons plans de Jeremy Rifkin.
Revendre plein pot en France des droits à polluer achetés hors taxe à l’étranger : la combine, partie du Sentier, a fait le tour de l’Europe et rapporté 5 milliards d’euros. Récit:
L’escroquerie a reçu le label de «nouveau casse du siècle» : 5 milliards d’euros en Europe, dont 1,5 en France. Grâce à une combinaison vieille comme le monde : une arnaque à la TVA appliquée, touche de modernité, au marché des droits à polluer. Quelques clics sur Internet auront suffi pour empocher le pactole, un jeu d’enfants parfois très méchants. Car le butin a fait des envieux et causé quelques dégâts entre bandes rivales : assassinats, saucissonnages et autres recouvrements de créances musclés. Un premier volet de cette affaire vient d’être jugé à Paris, à la mi-janvier, les principaux organisateurs écopant de peines allant jusqu’à cinq ans de prison ferme.
Avant que le grand banditisme n’entre dans la danse, les pionniers de cette vaste embrouille étaient des petits malins du Sentier qui s’étaient fait la main sur d’autres arnaques dans le domaine du textile. Ils se sont vite passé le mot sur le potentiel mirobolant des transactions sur la Bourse au CO2. «Je disais à tout le monde : le carbone, c’est l’avenir, il faut y aller à fond, témoigne un courtier. Je me suis retiré quand j’ai vu que c’était devenu une pure escroquerie.» Un mis en examen dit s’y être engouffré sans chercher à comprendre : «Je n’ai pas imaginé ou conçu le système, je ne sais même pas comment fonctionne le marché du CO2
Cette escroquerie planétaire repose sur le nouveau marché des droits à polluer ouvert dans le sillage du protocole de Kyoto, en 1997. Le but de cet accord international est louable : mettre en place, pour lutter contre le réchauffement climatique, un mécanisme incitant les industriels à réduire leurs émissions de dioxyde de carbone. Mais, libéralisme faisant loi, plutôt que d’imposer une réglementation aux industriels, la régulation se jouera sur le marché, via des «Bourses de carbone». Chaque entreprise se voit attribuer un volume de droits à polluer. Si elle n’en consomme qu’une partie, elle pourra revendre le solde à des entreprises qui ont dépassé leur quota. Les plus vertueuses font un bénéfice, les plus polluantes sont pénalisées.
En 2005, l’Union européenne est la première à adopter ce système. Deux ans durant, les échanges montent en puissance. Chaque pays a sa Bourse de droits à polluer. Elle s’appelle BlueNext en France et est gérée par la Caisse des dépôts et consignation.


Dessin : Joost Swarte

Plus d’un an de manège. Les arnaqueurs ont vite flairé la combine. Tellement simple qu’un prévenu déclarait lors du procès : «C’est comme si vous mettiez une Ferrari à La Courneuve avec les clefs dessus. Elle ne restera pas une heure.» Le principe : acheter des droits à polluer à l’étranger, hors taxe, grâce à un comparse installé dans un cybercafé en Lettonie ou à Hongkong qui utilisera éventuellement une adresse temporaire sur des sites comme Gmail, parfaits pour opérer en toute discrétion. Puis revendre aussitôt ces droits en France, TVA incluse (19,6%). La taxe doit théoriquement être reversée à l’Etat, mais nos filous s’éparpillent illico dans la nature, l’argent s’évaporant sur des comptes offshore. Ou comment empocher 19,6% de bénéfices en moins de vingt-quatre heures… «La marge commerciale est gracieusement fournie par l’Etat», ironise un magistrat.
Des chauffeurs de taxi, des vendeurs de fringues, des secrétaires n’ayant jamais réalisé la moindre transaction financière se sont ainsi improvisés traders en CO2, à la tête de sociétés ayant pignon sur rue. Ils ont tous obtenu auprès du tribunal de commerce un extrait Kbis, qui énonce les caractéristiques de leurs entreprises. Tout est en ordre, même si ces boîtes ne sont le plus souvent que des boîtes aux lettres. «Naïveté ou idéologie libérale, il n’existe qu’une seule condition pour être enregistré comme trader : ne pas mentir sur son identité», souligne un juge d’instruction parisien. Tout le monde ou presque peut traiter sur le marché du CO2. «La quasi-absence de réglementation fait que les manœuvres frauduleuses sont peu nombreuses.»
Le manège durera plus d’un an, jusqu’en juin 2009, quand les autorités de plusieurs pays en réalisent l’ampleur. Dès novembre 2008, la Caisse des dépôts relève des anomalies et les signale à Tracfin (le service du ministère des Finances chargé de la lutte contre le blanchiment) : des traders revendent à perte de grandes quantités de CO2. Logique quand on connaît l’arnaque. Forts d’une marge de 19,6%, ils peuvent se permettre de la rogner afin de revendre plus vite et prendre la poudre d’escampette.
En janvier 2009, une réunion de crise se tient à Bercy. En juin, Eric Woerth, ministre du Budget, supprime la TVA sur le CO2, seule façon de tuer la fraude dans l’œuf. Mais les autorités auront lanterné neuf mois, durant lesquels l’escroquerie était à son comble. Selon Europol, «ces activités ont représenté jusqu’à 90% de tous les volumes échangés.» Dès la suppression de la TVA, les transactions se sont effondrées, d’abord en France, puis ailleurs, mais pas partout. D’après des écoutes où il est question de «nazis» et de «spaghettis», des fraudeurs français paraissent avoir persisté en Allemagne ou en Italie.

Des centaines de prévenus. Le volet jugé à Paris, portant sur 50 millions d’euros, comporte des scènes qui semblent sorties de la Vérité si je mens. Comme ce jeune homme se précipitant à la fenêtre en pleine perquisition : «Si la police t’attrape, tu jettes les papiers et tu nies qu’ils sont à toi», lui avait conseillé son oncle. On rit moins quand un autre, placé sur écoute, menace d’envoyer «des Chinois pour saucissonner» un partenaire récalcitrant. Des protagonistes ont été condamnés pour «extorsion de fonds» dans le cadre d’un «recouvrement forcé».
La justice française a préféré découper l’affaire en une dizaine de procédures pénales distinctes, au risque de se priver d’une vue d’ensemble permettant d’établir des passerelles entre les différents réseaux. Elle s’évite ainsi un procès de masse avec une centaine de prévenus qui aurait posé des problèmes logistiques et, surtout, qui n’aurait pas manqué d’être surnommé «Sentier III» (le premier concernait déjà une arnaque à la TVA, le deuxième aux banques), au risque d’éveiller des appétits antisémites, la plupart des protagonistes étant juifs. Comme dans les précédentes affaires du Sentier, l’une des têtes de réseau s’est réfugiée en Israël. L’Etat hébreu, généralement peu coopératif en matière judiciaire, a cette fois accepté de geler ses comptes bancaires, garnis de 19 millions d’euros. Mais pas de les restituer à la France. Un chef d’orchestre, incarcéré à la Santé, s’est vu confisquer son Aston Martin, son yacht de luxe et plusieurs biens immobiliers, mais il a eu le bonheur de concevoir un enfant en prison.
Si la fraude paraît simple, sa mise en œuvre est moins rose. La logistique nécessitant de nombreux transports en liquide pour amorcer la pompe en amont et recycler les fonds en aval, le milieu juif s’est associé à des bandes arabes d’Ile-de-France pour assurer sa sécurité, puis au grand banditisme. Un policier résume dans Marianne l’enchaînement fatal : «Les feujs [juifs, en verlan, ndlr] se sont unis avec des voleurs qui n’ont plus eu qu’une seule envie : les doubler. Porter une valise pleine de fric d’un coin à un autre, cela finit par donner des idées à tout le monde.»

Trois meurtres et un enlèvement. D’où une série de règlements de comptes liés au partage du butin. En janvier 2009, Serge Lepage, fils d’une figure du grand banditisme de la banlieue parisienne, est abattu dans l’Essonne. En avril 2010, Amar Azzoug, dit «Amar les yeux bleus», est assassiné dans le Val-de-Marne. Six mois plus tard, Sammy Souied, pilier d’une précédente arnaque publicitaire dont le butin fut blanchi dans les courses hippiques (Libération du 19 mars 2005), périt sous les balles porte Maillot à Paris.
Il n’y a pas toujours mort d’homme, mais tout de même. A l’automne 2010, un jeune vendeur de portables est enlevé pendant trois jours par des Ivoiriens. Pure coïncidence, il travaillait dans la même boutique qu’Ilan Alimi, torturé à mort en 2006 par le «gang des barbares» qui essayait d’extorquer une rançon, sous prétexte qu’un juif serait forcément riche. Cette fois, les kidnappeurs paraissent avoir le nez plus fin : ils présument que leur victime a participé au barnum du CO2. Sauf que ce n’était pas lui, mais son frère.
La fièvre du carbone semblerait avoir contaminé la police. A Lyon, le commissaire Neyret est écroué depuis octobre pour ses relations sulfureuses avec le milieu. Il avait été «tamponné» par un loustic qui a aussi trempé dans le CO2 et lui offrira un séjour au Maroc. A Paris, un haut responsable de la police judiciaire vient d’être muté, soupçonné d’échanger des informations avec des escrocs à la taxe carbone – «J’en donnais un peu pour en recevoir beaucoup», se défend-il. Juste avant d’être assassiné, Sammy Souied avait reçu d’un proche 350 000 euros en liquide – une «dette de jeu», jure ce dernier à Libération. Les tueurs ont négligé l’enveloppe, mais, semble-t-il, pas les policiers. Une fois revenue au commissariat, elle n’en contenait plus que 300 000.»

«Marier les technologies d’Internet et les énergies renouvelables» (Pour François H. et Eva J…) D’où parle Rifkin*?
Interview de l’essayiste et économiste, par Christophe Alix, in Libération ce jour. «Rifkin était à Paris pour le lancement de son dernier essai, la Troisième Révolution industrielle. Il y détaille ses solutions pour sortir de l’ère des énergies fossiles et renouer avec une croissance durable. Il y enterre l’ordre ancien, celui d’avant l’Internet, et trace la perspective d’une société plus ouverte dans laquelle nos rapports aux pouvoirs seront transformés.»

 
«Quel est le fil conducteur de la troisième révolution industrielle ? Mes recherches depuis trente ans m’ont amené à cette conclusion : lorsqu’un nouveau système énergétique rencontre une nouvelle technologie de communication, il se produit une transformation radicale à l’échelle de l’histoire. Cette transformation bouleverse non seulement l’organisation économique de la production et des échanges mais aussi la manière d’exercer le pouvoir et jusqu’aux relations humaines. Un nouveau récit collectif peut alors émerger.

Parlez-nous de cette rencontre… Sa matrice, c’est la fusion des technologies de l’Internet et des énergies renouvelables. La première révolution industrielle avait vu converger la machine à vapeur et le charbon avec l’imprimerie. La seconde fut celle du mariage de l’électricité avec le téléphone puis la radio et la télévision. Celle que nous vivons nous donne l’opportunité de sortir d’une double impasse économique et écologique : l’épuisement d’un modèle de croissance, fondé tant sur les énergies fossiles que sur le pétrole, et le réchauffement climatique qui menace notre planète. Nous avons la technologie et le plan d’action. Aurons-nous assez de lucidité pour lancer celui-ci à temps ?

La crise actuelle serait donc énergétique, on n’en sortira pas tant que l’on n’aura pas effectué cette transition… Peu l’ont vu mais son déclenchement remonte à juillet 2008, lorsque le cours du pétrole a atteint le record de 147 dollars le baril. Nous avons alors atteint le «pic de la mondialisation». Ce renchérissement du coût de l’énergie a entraîné une hausse des prix de tous les produits et s’est traduit par un effondrement du pouvoir d’achat. La crise financière, soixante jours plus tard, n’a été qu’une réplique, une deuxième onde de choc. Vue sous cet angle, l’explosion des dettes publiques et privées est la conséquence de l’essoufflement de la deuxième révolution industrielle, celle du pétrole abondant et bon marché.

Si le diagnostic de la crise n’est pas bon, les réponses données le sont-elles plus ? On aura beau se désendetter tout en essayant de produire toujours plus de richesses – c’est le cas en 2012 par rapport à 2008 -, on fera face à des alternances de phases de reprise et de rechute de plus en plus rapprochées. Chaque nouveau cycle de croissance viendra buter sur ce mur des 150 dollars le baril. On peut réformer le marché du travail et réguler le monde de la finance, cela ne servira à rien si l’on n’a pas un plan pour croître durablement.

L’Europe n’est-elle pas le continent le plus avancé dans cette transition ? Nous avons identifié cinq piliers qui en font l’ossature et c’est vrai que l’Europe, surtout l’Allemagne, n’a pas attendu la crise pour se lancer. Le premier est le passage aux renouvelables avec 20% d’énergie propre d’ici à 2020 et 85 à 95% en 2050. Le second concerne la transformation de tous les bâtiments en microcentrales productrices d’énergie. Il y en a 191 millions en Europe, c’est un chantier susceptible de créer des millions d’emplois et d’entreprises. L’Allemagne, qui s’est fixée de parvenir à 35% d’énergie verte d’ici à quelques années, a déjà un million de bâtiments équipés et a créé 250 000 emplois dans ce secteur. Le troisième pilier, le plus difficile à maîtriser, c’est le stockage de cette énergie intermittente.

Mais personne ne produira assez d’énergie pour être autonome. Comment la mutualise-t-on ? Grâce à l’Internet, l’énergie créée sera partagée de la même manière que l’information en ligne aujourd’hui. Quand des millions d’immeubles produiront localement une petite quantité d’énergie, ils pourront vendre au réseau leurs excédents et acheter ce qui leur manque grâce à ce partage coopératif et décentralisé. A long terme, l’énergie deviendra quasi gratuite et l’accès à ces services l’emportera sur la propriété pour devenir le moteur essentiel de l’économie. Le dernier pilier concerne les transports avec le passage à des véhicules électriques ou à pile à combustible capables de vendre et d’acheter de l’électricité sur un réseau intelligent.

A quelles conditions ce plan peut-il fonctionner ? Ces cinq piliers doivent être mis en place simultanément, sinon leurs fondations ne tiendront pas. Pour ne l’avoir pas compris, l’administration Obama est en train d’échouer dans l’économie verte malgré les milliards de dollars investis. Elle raisonne en «silo», sans connecter entre eux ces piliers.

En quoi cette transformation va-t-elle révolutionner la société ? La nouvelle matrice de communication et d’énergie distribuée va impulser une réorganisation complète de nos économies avec le passage d’un pouvoir hiérarchique et vertical à un pouvoir latéral et horizontal, de pair à pair pour reprendre l’analogie avec l’Internet. Il deviendra anachronique de raisonner en termes de droite et de gauche. La nouvelle ligne de partage passera de plus en plus entre ceux qui pensent en termes de collaboration, d’ouverture et de transparence et ceux qui s’accrochent au vieux modèle industriel déclinant et qui pensent en termes de hiérarchie, de barrières et de propriété.

Le nucléaire a-t-il encore un avenir ? Aux antipodes de cette production partagée, l’atome est une énergie centralisée par essence qui cumule bien trop de handicaps pour représenter une alternative. Il n’a jamais été propre à cause de ses déchets radioactifs et reste une petite source d’énergie à l’échelle mondiale. 400 centrales fournissent 6% de l’énergie dans le monde et, pour passer à 20% – le seuil minimal pour avoir un impact sur le réchauffement -, il faudrait construire trois centrales par semaine d’ici à 2031 ! C’est techniquement impossible et inconcevable politiquement depuis Fukushima.

Quel est le lien entre la difficulté de la France à rentrer dans cette nouvelle ère et la place qu’y occupe le nucléaire ? Le nucléaire incarne le vieux modèle industriel centralisé et le retard de la France est largement lié à sa prégnance culturelle sur vos élites. C’est très différent avec l’Allemagne dont le système fédéral est déjà en soi un pouvoir distribué et partagé. Votre modèle centralisé qui était un atout hier est devenu un handicap. Mais je ne veux pas croire que la patrie de Jean Monnet, qui a insufflé la vision d’une Europe politique sans laquelle le paquet «énergie – climat» de 2008 par exemple n’aurait jamais vu le jour, ne peut pas réussir cette transition autant culturelle qu’énergétique.

N’êtes-vous pas un grand utopiste ? Optimiste sans doute, utopiste, non. Je ne propose pas une panacée qui guérira la société de ses maux ni une utopie qui nous conduira vers la terre promise. C’est un plan pragmatique pour tenter la traversée jusqu’à une ère postcarbone durable. S’il y a un plan B, je ne le connais pas.»

* in Wikipédia on lit:
«J. Rifkin a conseillé la Commission européenne et le Parlement européen. Il a également conseillé le Premier ministre espagnol José Luis Rodríguez Zapatero quand il était Président de l’Union européenne. Il a aussi été conseiller de la chancelière allemande Angela Merkel , du Premier ministre portugais José Socrates, du président Nicolas Sarkozy et du Premier ministre slovénien Janez Janša lors de leurs présidences respectives du Conseil de l’Europe, sur les questions liées à l’économie, au changement climatique et à la sécurité énergétique. Rifkin travaille actuellement avec les responsables européens pour aider à façonner à long terme une troisième révolution industrielle pour l’Union européenne.»


Comme en «illustration», en bas de page de cet article,  le dessin de Willem

http://www.frieze.com/issue/review/the-fantastic-four-zurich-concrete-and-special-friends/

The Fantastic Four: Zurich Concrete Art and Special Friends, Haus Konstruktiv, Zurich. Expo en novembre 2011, dommage. Pour mémoire. Pour se fixer les idées sur l’art concret, hier et aujourd’hui.

The traces, shadows and aftershocks of Concrete art – and, in particular, the Zurich Concrete school – have been seen and felt everywhere in contemporary Swiss art production, with its emphasis on hard-edged, geometric abstraction. The term ‘Concrete Art’, coined in 1930 by Theo Van Doesburg in a manifesto written for the first issue of Art Concret, defined and delineated a departure from realism, nature and symbolism. Its reductionist principles of line, colour and plane organized into austere, systemic wholes – themselves copped and refined from the Bauhaus and De Stijl – were meant to ‘represent abstract thoughts in a sensuous and tangible form’, as Max Bill, the movement’s ringleader, once wrote. Concrete art was intended to create new ‘object[s] for intellectual and spiritual use’.
If such sincere proclamations sound a tinny Utopian alarm today, the kind of reduced, geometrically-prone art they proposed remains insistently de rigueur, from the Neo-Geo antics of French Switzerland (led by godfather John Armleder) to the Northern Swiss gangs of younger Basel and Zurich-based artists, who increasingly process Concrete art’s methods through the filters of digitization or consumerism. Consequently, the exhibition ‘The Fantastic Four: Zurich Concrete and Special Friends’ did not come as a particular surprise. At Haus Konstruktiv, the ‘Fantastic Four’ of the Marvel comic from whence this somewhat cloying title came, are reconfigured as the superheroes of Zurich Concrete: Bill, Camille Graeser, Verena Loewensberg and Richard Paul Lohse. The ‘special friends’ comprised a motley, intergenerational group of contemporary artists – among them, Saâdane Afif, Bruno Jakob and Shirana Shahbazi – whose radically disparate production can still be located, at times, in Concrete art’s shadow.
Haus Konstruktiv’s permanent collection is notably broad, and the exhibition mostly rode its able shoulders.

Graeser’s lucid oil paintings on canvas, with their grounding in graphic design – like many of the Zurich Concretes, he worked in all areas of design: furniture, architecture, advertising – bookend his career. Gestoppte Rotation (Stopped Rotation, 1943) proved prescient of the geometric, abstract photography movement of today, while the funny, poignant Drei Farben: drei gleiche Volumen, 1/12 grün bewegt (Three Colours: Three Equal Volumes, 1/12 Shifted Green, 1975/76), featured one of his horizontal bands of colour attempting to make a break for it.

Loewensberg
’s wonderful paintings from the late 1960s and ’70s, meanwhile, look like radio frequencies or lighting bolts swathed in colour, conjuring computer approximations of Clyfford Still’s (more famous) drippy abstractions from the same period.

Bill’s revelatory painting of powdery pastel hues blossoming from a spiral, Betonung einer spirale (Accentuation of a Spiral, 1947), however, took the award for sheer timelessness. http://jlggb.net/blog/?p=4388

In the wake of such works, the contemporary inclusions were somewhat disappointing and the choices difficult to interpret – surely there are other Swiss-related artists whose work follows Concrete art more explicitly – but some of the pairings were nevertheless inspired. Best known for her photorealist, figurative murals rendered by Iranian sign painters, Shahbazi showed large geometric works that were both lovely and surprising. If Killian Rüthemann’s site-specific installations – playfully dark retorts to geometric abstraction’s legacy – fit perfectly, Afif’s punk-ish performance documentation was less expected. Still, Concrete art’s intentions to unite art and life in all its ably designed forms bore this contribution out. And should the spectator have persisted in the misguided thinking that this Swiss movement remained regional, there was one scene-stealing side project: a series of sketches, drawings and paintings by Fritz Glarner for the famous 1960s-era Rockefeller Dining Room in New York. The artist, who emigrated to the US in 1936, designed the room for Nelson Rockefeller himself, bringing Zurich Concrete – and Glarner’s own brand of Mondrian-inflected wit, with its jam of flat, hard-edged geometric forms tricked out in blue, red and yellow – to the most American and yet international of settings.» Quinn Latimer

Trop forte, Marcela. Foin donc, par effet boule de neige, (de saison), de la comédie de remariage selon Stanley Cavell (in A la recherche du bonheur: Hollywood et la comédie de remariage). Tant pis pour les couples hollywoodiens mythiques encore jeunes voire vieillissants de New-York Miami ou de Adam’s Rib. Il en est question dans L’ordinaire et le mariage, thème d’une émission de FC du 24 novembre 2011, ou à écouter ici
[audio:http://www.lantb.net/uebersicht/wp-mp3/L’ordinaire 4_4.Filmer l’ordinaire_de Fred Astaire aux freres Dardenne.mp3] Pour écouter sur Ipad ou Iphone, cliquer ici

Marcela Iacub. Un couple seul au monde *

«S’il y a bien un phénomène étonnant dans les sociétés contemporaines, c’est celui de la survie du couple. Non pas du couple rigide et stable d’autrefois, certes, mais d’un autre, souple et précaire, fondé en principe sur le désir chaque jour renouvelé par les partenaires d’être ensemble. On dira que cette différence est si importante qu’entre les couples actuels et ceux de nos arrière-grands-parents, le seul point commun est celui des mots. Or, pour faire une telle affirmation, on doit présupposer que cette institution est une donnée immuable, qu’elle est le seul cadre susceptible d’organiser la vie privée. Tandis que si nous étions prêts à relativiser cette donnée, nous nous apercevrions de l’extraordinaire continuité du couple et notamment de la transformation des contraintes juridiques anciennes en des désirs et des règles que les partenaires se donnent aujourd’hui «librement».
En effet, la promotion de la volonté et des désirs des individus pour organiser la vie privée qui a accompagné la révolution des mœurs des années 70 aurait pu donner lieu à des formes multiples d’alliances, parmi lesquelles le couple d’aujourd’hui ne serait qu’une possibilité parmi d’autres et favoriser l’émergence d’émotions, d’attachements, de désirs et de plaisirs nouveaux et inconnus des générations qui nous ont précédés. Le despotisme du «deux» aurait pu s’assouplir et s’enrichir grâce au fleurissement d’associations à plusieurs, fondées sur des accords de solidarité économique et personnelle individualisés. Et il aurait pu en être de même lors de la venue au monde des enfants, élevés alors dans des cadres plus collectifs, sans être pour autant étatiques, qui leur auraient donné plus de chances de s’épanouir que les structures de couples fermés d’aujourd’hui.
Pourtant, non seulement cette idée n’a été revendiquée par aucun mouvement politique important, mais surtout elle a été éliminée comme possibilité sociale par le droit lui-même : ce type d’accords est soit illicite, soit dépourvu de valeur juridique. Qui plus est, les groupes comme les homosexuels, qui avaient construit jadis des formes de vie multiples, se sont empressés de rentrer eux aussi dans le moule du couple.
D’un point de vue psychique et social, ce modèle semble à tel point imprégner les représentations et les idées que l’on se fait de la normalité et du bonheur individuels, que l’on ose très rarement se demander si les frustrations et les impossibilités que l’on peut ressentir à son endroit ne sont pas liées au monopole tyrannique de cette institution précaire et artificielle comme toutes les constructions historiques. Non pas dans le sens où elle serait mauvaise en elle-même, mais dans celui qu’elle est censée convenir à tous en dépit de la variété de nos désirs, de nos passions et de nos aspirations personnelles.
Cette emprise monopolistique du couple sur d’autres formes possibles d’association fait que la seule alternative pour ceux qui n’arrivent pas à s’y adapter est la solitude. La question que l’on peut se poser est de savoir comment nos sociétés se débrouillent pour contenir l’imagination sociale, que les frustrations savent pourtant si bien produire, afin que ce monopole ne soit pas mis en cause. Quels sont les mécanismes dont elles se servent pour déclencher notre adhésion au couple en dépit de tout le malheur privé qu’il suscite ? On pourrait penser que l’un des principaux ressorts de l’anéantissement de notre imagination révolutionnaire nous vient du cinéma populaire et notamment *des comédies sentimentales dont nos contemporains sont si friands. Non pas que les autres formes de propagande pro-couple ne soient pas, elles aussi, puissantes.
Mais c’est sans doute dans ces comédies que le public transforme de la manière la plus efficace la contrainte du couple en désir personnel et universel grâce à son identification avec la beauté ou la sympathie des personnages aux prises avec une histoire étonnante qui leur arrache des rires et des larmes.
Un exemple paradigmatique des fonctions idéologiques de ce type de films est L’amour dure trois ans, de Frédéric Beigbeder. Marc, le personnage principal, doute de la capacité du couple à faire durer l’amour à la suite d’un divorce douloureux, et il écrit un ouvrage pour livrer au public sa théorie désenchantée. Mais voici qu’entre-temps, il rencontre la ravissante Alice et qu’il comprend que ce n’était pas le couple qui lui posait, en tant que tel, des problèmes. En vérité, il n’avait pas trouvé la bonne personne.
Ainsi, au lieu de souligner les misères du couple contemporain en vue de nous donner l’énergie ou les outils pour changer nos vies et le monde, ce film, fidèle à son genre, nous pousse à les accepter et à attendre que le bonheur promis arrive un jour grâce à une rencontre miraculeuse, tout comme les pauvres espèrent devenir riches en achetant le bon numéro du loto. Pourtant dans une société organisée autour de l’intérêt du plus grand nombre, le bonheur privé devrait être aussi accessible à chacun, au même titre que le toit, la nourriture et les soins. Et comme toutes les nécessités vitales, il ne devrait jamais être suspendu à cette forme de mort à crédit qu’est l’espérance

* Marc Augé. Mariage et bouffonnerie in Libération, jeudi 23 février 2012

Dans la bouche du candidat sortant, les valeurs et la devise du régime de Vichy – Travail, Famille, Patrie – se substituent tout naturellement à celles de la République. Le candidat sortant avait abondamment parlé du travail comme valeur essentielle. Dans son discours de Marseille, il a chanté la France sur tous les tons. Mais a-t-on suffisamment prêté attention au passage qu’il y a consacré au volet central du triptyque vichyssois ? Je le cite : «La famille, le mariage restent des repères, restent des références profondément ancrées dans notre conscience collective, et qui font partie de notre identité. Nous ne voulons pas que l’on sacrifie notre identité à la mode du moment.» Ce passage, martelé avec force, est un véritable morceau d’anthologie qui appelle au moins trois remarques.

1- Sous l’apparence de l’unanimité fusionnelle et du rassemblement («notre conscience collective», «notre identité»), c’est un langage qui exclut et stigmatise.

2- Ceux qu’il stigmatise sont ceux qui sacrifient notre identité «à la mode du moment». Si ces mots ont un sens, ils s’appliquent bien évidemment à tous ceux qui ne se marient pas : aux célibataires, aux pacsés, aux partisans de l’union libre et aux homosexuels. «Nous» voulons une France identitaire et mariée. L’intrusion dans la vie privée, le langage des valeurs appliqué aux rapports entre les sexes et aux formes qu’ils devraient prendre sont toujours la marque du totalitarisme, aujourd’hui comme hier. A quand un référendum sur le mariage obligatoire ?

3- Le propos du candidat sortant, littéralement réactionnaire, devrait donc, si on le prenait au sérieux, réveiller le souvenir d’une des périodes les plus nauséabondes de notre histoire. Il se concevrait, à la rigueur, dans la bouche d’un traditionaliste convaincu, nostalgique d’une morale pétainiste, chef de famille et monogame invétéré, d’un personnage déplaisant, certes, mais cohérent. Le candidat sortant est loin de présenter ce profil. A la suite d’un feuilleton sentimental complaisamment évoqué dans les médias et la presse people, il forme avec sa nouvelle femme un couple au passé tumultueux et ostensiblement libéré des préjugés anciens, c’est le moins qu’on puisse dire, un couple «à la mode», justement, et d’autant plus à la mode qu’il appartient au monde médiatisé de l’oligarchie consumériste.

Autrement dit, cet appel à la «conscience collective», à la famille et au mariage, est un mensonge et une bouffonnerie. Le candidat veut-il inviter tel ou tel de ses concurrents à passer par la mairie, voire par l’église, pour régulariser la situation de son couple ? Etrange préoccupation ! Veut-il caricaturer la France des «élites» en laissant entendre qu’elles sont en proie à l’immoralité et trahissent les vraies valeurs de la France ? Etrange et dangereuse tartufferie.

En vérité, le candidat sortant est nu ; il ne sait plus quel personnage jouer, quel costume revêtir ; sa garde-robe est vide ; et sa détresse est perceptible jusque dans les égarements des plumes qui écrivent les mots qu’il s’applique à réciter.

http://www.s-marx.de/

Un blog d’artiste assez exemplaire. Où l’on remarque que le plutôt jeune Marx (1980-) expose avec les stars Daniel Richter (1962-) et Jonathan Meese (1971-) à la Kunsthaus Hamburg en 2009. On avait vu précédemment dans le film monographique sur Immendorff (1945-2007), Meese travailler en duo chaleureux avec celui-ci. Le passage de relais générationnel se fait en Allemagne, pas du tout en France. Le street-graffiti art rejoint la peinture post-expressionniste sans problème. Sans parler des matchs marrants entre peintres  http://www.danielrichter.com/DANIEL_RICHTER_GAME.html

Le Papyrus Prisse figure parmi les plus belles pièces égyptologiques françaises avec la Chambre des ancêtres du temple de Karnak, offertes par Prisse d’Avennes, égyptologue à la Bibliothèque impériale, suite à son premier voyage (1827-1844). Le papyrus prit son nom.

«Inscrit en hiératique, une forme cursive de l’écriture hiéroglyphique, ce papyrus est très certainement l’un des plus anciens manuscrits littéraires complets de l’Egypte ancienne, sinon de l’humanité, et le mieux conservé. Il rassemble des textes sapientiaux copiés au début du second millénaire avant Jésus-Christ, l’Enseignement pour Kagemni et L’Enseignement de Ptahhotep, deux recueils de sagesses adressés par deux vizirs à leurs fils, appelés à leur succéder. Ces textes développent un complexe discours sur la société égyptienne et la conduite que doivent tenir l’individu pour s’y insérer et la pérenniser. […] Ce manuscrit est un rouleau de plus de 7 mètres de long, découpé en 13 fragments conservés dans des cadres en chêne.
A l’époque de sa composition, au Moyen Empire (vers 2160-1785 avant Jésus-Christ), il était probablement destiné à des représentations publiques au sein de l’élite nobiliaire avant de jouer, au Nouvel Empire (vers 1552-1602), un rôle central dans la formation des scribes égyptiens. L’Enseignement de Ptahhotep est peut-être l’un des classiques les plus cités dans la production écrite égyptienne, et ce jusqu’à l’époque gallo-romaine. Le livre est dans la bibliothèque numérique de Gallica.
Le Papyrus Prisse > http://gallica.bnf.fr/Search?ArianeWireIndex=index&p=1&lang=FR&q=Le+Papyrus+Prisse


L’Enseignement de Ptahhotep

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26 ans au gâteau, à l’intérieur, et  moins 15 degrés à l’extérieur au bord du lac! Nicole a sorti sa belle nappe à coquelicots avec leurs tiges style roseaux du lac du Bourget. Pas mal non plus le dessous de plat en rondelles de boudins de papier de type poterie de fond de pot ou de cruche, fait  par de petites mains quelque part en Asie probablement (globalisation) et la typo cursive rondouillarde et gamine du «joyeux anniversaire, Max-Paul», c’est le gâteau Acapulco, semble-t-il? Et sans nous, comme d’hab! photos Gégé


Pour sortir un peu d’Aix-les-Bains, Max, Bruce, Natacha et Katherine à Vancouver le 9 janvier. © Janine

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