mars 2010

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Vu le film comme un opéra dont il faut connaître le livret (le texte Film Socialisme, POL) avant d’y aller ou d’y retourner. Le meilleur article est dans L’Hebdo
+ cette citation inaugurant la première partie et le film tout entier

«Tout déplacement sur une surface plane qui n’est
Pas dicté par une nécessité physique est une forme
Spatiale d’affirmation de soi qu’il s’agisse de bâtir
Un empire ou de faire du tourisme»

Toute la première partie se passe en mer sur un bateau de croisière et pourrait appeler cette citation (Laurence Weiner inspiré de Poussin ou de Mallarmé)

«EVER WIDENING CIRCLES OF REMORSE
ET IN ARCADIO EGO
AFLOAT AT THE MERCY OF THE WAVES
WE ARE SHIPS AT SEA
NO DUCKS ON A POND»

en l’occurrence, le touriste serait un canard mais dans la dimension arcadienne de la mer se substituant à la campagne italienne telle qu’évoquée par le Et in Arcadia ego (ego = la mort), le tableau ainsi nommé de Poussin et  le mieux appréhendé par Nietzsche dans sa teneur épicurienne — la mort y fut-elle présente— qu’a un peu la vie à bord du navire de croisière en Méditerranée, entre ciel et mer, filmée par Godard. Le texte Der Wanderer und sein Schatten (1879) intitulé «In Arcadia ego», dit :

«Tout cela était tranquille, dans la paix du crépuscule prochain. […] Deux êtres humains à la peau brunie [ils sont sur le navire], d’origine bergamasque, étaient les bergers du troupeau: la jeune fille presque vêtue comme un garçon. […] — tout cela était grand, calme et lumineux. La beauté toute entière amenait un frisson, et c’était l’adoration muette du moment de sa révélation. Involontairement, comme s’il n’y avait là rien de plus naturel, on était tenté de placer des héros grecs dans ce monde de lumière aux contours aigus (de ce monde qui n’avait rien de l’inquiétude et du désir, de l’attente et des regrets); il fallait sentir comme Poussin et ses élèves: à la fois d’une façon héroïque et idyllique— Et c’est ainsi que certains hommes ont vécu, c’est ainsi que sans cesse ils ont évoqué le sens du monde, en eux-mêmes et hors d’eux-mêmes; et ce fut surtout l’un d’entre eux, un des plus grands hommes qui soient, inventeur d’une façon de philosopher héroïque et idyllique à la fois: Epicure.»

Le biographe et ami de Poussin, Felibien, à propos de l’inscription Et in Arcadia ego sur la tombe qui figure dans le tableau, écrit: «Par cette inscription on a voulu marquer que celui qui est dans cette sépulture a vécu en Arcadie, et que la mort se rencontre parmi les plus grandes félicités». Il n’y a rien de tragique là-dedans. On peut aussi voir la jeune femme qui, la main posée sur l’épaule du jeune berger qui la regarde, semble lui lire la phrase, ou lui dire simplement de venir avec elle, comme on le voit de manière plus post-expressionniste dans un autoportrait de Kathe Kollwitz. Nous sommes des morts vivants a dit Jankélévitch: l’idée même de temps (texte de 1959)…
Là où il y a beaucoup de lumière, il y a aussi beaucoup d’ombre, à la tombée du jour les ombres s’allongent, est-il dit dans les Bucoliques de Virgile. C’est l’une des phrases inversée dans le film : «A cause de quoi la lumière? – A cause de l’obscurité». A rapprocher aussi de la scène dans la Profession de foi du Vicaire savoyard de Rousseau: la géométrie du paysage révélée par son ombre même.

Mots clés :

Jean-Jacques Rousseau. Ebauches des Rêveries du promeneur solitaire. «Vingt sept cartes à jouer, sur lesquelles Rousseau avait pris des notes, furent trouvées après sa mort, dans ses papiers, par le marquis de Girardin qui les envoya ou les remit à Du Peyrou. Elles sont conservées à la Bibliothèque de Neuchâtel. Ces notes sont écrites à l’encre ou au crayon, ou au crayon repassé à l’encre; elles sont parfois d’un déchiffrement malaisé, les traits de crayon étant devenus de plus en plus pâles; on peut supposer qu’elles ont été prises par Rousseau au cours de ses promenades.» Leurs textes figurent dans le Tome 1 de la Pléiade des écrits autobiographiques de Jean-Jacques Rousseau.


Carte 24. p. 1171 (recto et verso)

«Qu’on est puissant, qu’on est fort quand on n’espére plus rien des hommes. Je ris de la folle ineptie des méchans quand je songe que trente ans de soins, de travaux, de soucis, de peines ne leur ont servi qu’à me mettre pleinement au dessus d’eux.»

Mots clés :

Lu dans En marge des nuits, J.-P. Pontalis. Gallimard. 2010.
pp.69 – 70.

«28. Ego scriptor»
[…]
«Leiris premier temps: dans L’Âge d’homme, il observe, il décrit son corps, son moi comme un objet, il fait la recension de ses mythes personnels, il se comporte comme l’ethnologue qu’il est face à une population étrangère. Deuxième temps: avec la série des Biffures, Fourbis, il laisse parler le «je», il avance pas à pas, d’association en association, emprunte un chemin puis un autre, il bifurque, il se rêve, il s’écrit.
Et les Cahiers de Valéry: […] il laisse venir les pensées qui jaillissent comme des fusées et, vite, il les inscrit  avant qu’elles ne disparaissent. Ce sont des pensées étranges, obscures mêmes à ses yeux. D’où viennent-elles? De la nuit, et alors, à l’aube, dans le silence tout autour, dans l’impatience, il note, pas question de différer. Le temps viendra bien assez tôt où il faudra se soumettre à l’ordre des discours, communiquer, se rendre intelligible.
Entre la nuit et le jour Ego scriptor. Je écrit. Je parle quand, se croyant absent de sa parole, il parle enfin pour de vrai.
J’y tiens tant à cette différence entre écrire sur soi et s’écrire que j’ai avancé, ici et là, le terme d’autographie. L’autographie n’est pas un genre littéraire comme le journal intime, les Mémoires, l’autobiographie, l’autoportrait. A mes yeux elle est à la fois la source et la finalité de l’acte d’écrire.»


Perdu le CD Engelberg! 1991. Etienne a dû me le piquer.

Mots clés :

[flv:http://lantb.net/uebersicht/wp-flv/demenagement-1985.flv 354 264]Départ du 1 rue Newton à Rosny-sous-Bois, il y a 25 ans. Film super 8 son direct, 2mn.

Mots clés : ,


David Shrigley. Pringle of Scotland. Animated film. 3 mn.

Pringle of Scotland has commissioned Glasgow-based artist David Shrigley to produce an animated film. The 3-minute animation depicts the making of jumpers and cardigans over the past 195 year history of the Scottish brand.
«My film is about the heritage and workings of Pringle of Scotland. I have perhaps used some artistic license in depicting this, but I think it is nonetheless fairly accurate. I have enjoyed making artwork for a fashion label. The characters that I draw are now better dressed as a result. In fact I used to just draw naked characters. Now they have clothes. I think this is a good thing.»
The film will be screened for the first time on 18 January du ring menswear collections in Milan. Flash art on line