Parco arte vivente. Vegetation as a political agent. Y aller

http://www.parcoartevivente.it/pav/index.php?lingua_sito=2

Exposition du 30 mai au 2 novembre 2014
Artistes: Ayreen Anastas & Rene Gabri, Imre Bukta, Amilcar Cabral, Filipa César, Critical Art Ensemble, Emory Douglas, Fernando García-Dory, Piero Gilardi, Daniel Halter, Adelita Husni-Bey, Bonnie Ora Sherk, Claire Pentecost, Marjetica Potrč, RozO (Philippe Zourgane & Séverine Roussel), Nomeda e Gediminas Urbonas

« The exhibition seeks to investigate the historical and social implications of the plant world in light of the ever-increasing resurgence of « green » as an agent of change in relation to current economic processes. To place a plant within a historical context means to consider not only its biological constitution, but also the social and political factors which see it already positioned at the centre of the earliest forms of economic globalisation.
Focusing on the dual contexts of the past and the present, Vegetation as a political agent harmoniously combines artistic and architectural works by thirteen international artists, documents pertaining to the historical pioneers of the first ecological revolutions, and scientific equipment relevant to the botanical world. As well as art works and installations, the exhibition includes a vast series of illustrations and samples of vegetation, and archive materials and posters produced in a wide variety of cultural contexts. The geopolitical areas to which the exhibition relates range from the Indian Ocean (Mauritius and Reunion Islands) to Guinea-Bissau, from South Africa to Mexico. »

Luc Boltanski Arnaud Esquerre. Front national : de quel peuple parle-t-on ?

In Libération du jour rubrique Rebonds pp. 20-21

« Les résultats terribles des élections européennes ne sont pas un coup de tonnerre dans un ciel serein. Ils sont une étape particulièrement inquiétante d’une dérive qui s’est accélérée depuis quelques mois. Le Front national en est, certes, le bénéficiaire politique le plus inquiétant. Mais il doit aussi son succès à des déplacements vers des thématiques réactionnaires qui ont lentement modifié l’espace médiatique et l’atmosphère du monde intellectuel.

Cette dérive nous projette dans une situation politique exceptionnelle sur laquelle personne ne peut plus fermer les yeux, où l’initiative appartient entièrement à une droite entraînée vers ses extrêmes, suscitant un mouvement de panique qui n’épargne pas la gauche. Dans cette situation, l’extrême droite est parvenue à réoccuper deux positions stratégiques, longtemps distribuées entre la gauche et la droite, dont l’association avait fait sa fortune dans les années 30. D’un côté, celle de l’ultraconservatisme et de la xénophobie qui sont ses terrains d’élection ; de l’autre, celle d’une critique qui se prétend «radicale», dirigée contre le néolibéralisme, au nom de la défense du peuple et en invoquant l’Etat. Cette association fonde le rejet de l’Europe, identifiée à ses institutions bruxelloises, qui peut être indissociablement motivée par la fermeture des frontières contre «l’invasion migratoire» et par le «patriotisme économique» au nom du peuple.

La défense du peuple, opprimé par les puissants, constitue, pour un discours qui se veut critique, le thème mobilisateur par excellence. L’intelligence politique de l’extrême droite a consisté toutefois, dans ce cas, à remodeler le thème classique de l’exploitation, qui avait servi de base au mouvement ouvrier, en le réorientant par référence à une autre figure, dont la tournure paraît moins entachée de marxisme, à savoir celle de la représentation. Le «vrai peuple de France» aurait été jeté aux oubliettes par «la gauche bien-pensante», c’est-à-dire par les «bobos» qui auraient porté au pinacle une nouvelle «classe dangereuse», composée d’un ramassis d’étrangers, de racailles et de marginaux sans morale, notamment pour leurs orientations et conduites sexuelles.

Dans cette dérive à droite, la «morale» ne cesse d’être invoquée. Elle prend désormais la forme de la décence, du respect, de la courtoisie, de la galanterie et, surtout, de la politesse, toutes ces vertus naturelles aux «braves gens» qui les mettent en œuvre dans le cadre de leur vie quotidienne. Ces dernières trouvent leur fondement dans un sens inné des limites auxquelles se confronte toute vie humaine quand elle tient vraiment compte de ces attachements indépassables qui dérivent de l’appartenance à un sexe, à une nation, à une patrie, à une famille, à une tradition, bref, à tout ce qui fait que «l’on est chez nous». Mais sans doute cette redécouverte de la morale, entendue comme politesse, n’aurait-elle pas recueilli une aussi large écoute si elle n’avait bénéficié de son association avec un autre thème qui a joué un rôle majeur dans les argumentaires de l’extrême droite, et qui est celui de l’insécurité. Et cela par le truchement de l’association entre politesse et civilité. L’une des caractéristiques de ce discours moralisateur est de ne se fonder sur rien d’autre que sur la référence à l’évidence, qui s’est exprimée notamment lors des manifestations contre le mariage pour tous et contre la «théorie du genre». Par une sorte de tautologie, est moral ce à quoi le peuple est attaché, et le peuple est vraiment un peuple parce qu’il a des attachements qui sont la source de «valeurs», méritant, à ce titre, le respect de tous.

Le thème de l’identité est venu, lui, au-devant de la scène au cours de la dernière décennie, non pas seulement dans les mouvances politiques d’extrême droite, mais aussi au sein de la droite classique, et également dans le monde intellectuel. Il est particulièrement inquiétant du fait qu’il se trouve associé à une montée de la xénophobie. Les «immigrés» sont supposés envahir la France. Désignés à la vindicte comme présumés musulmans, ils mettraient en péril, par leur présence grandissante, l’identité «malheureuse et malmenée» de la Nation, et seraient le vecteur d’un «grand remplacement» marquant l’effondrement de «notre» civilisation sous les coups de l’islamisme.

Cette défense du peuple opprimé, à la fois par les riches et par les «étrangers de l’intérieur», n’est pas en soi une figure nouvelle. Elle a constitué, depuis la fin du XIXe siècle, le socle historique et quasiment la raison d’être de la droite nationaliste, et l’un des terreaux principaux de l’antisémitisme. Il n’est donc pas étonnant de voir aussi remise au goût du jour une identification qui avait été autrefois au centre de l’idéologie de l’Action française et plus généralement de la «droite révolutionnaire», entre différentes espèces de «parasites» – les «profiteurs des hautes classes», les métèques et les juifs – confondus dans une même entité. Il lui fallait un nom lapidaire et facile à retenir : ce fut «le système».

La conscience d’être plongés dans un monde où les mots, tels que «peuple», «valeur», ou «morale», «n’auraient plus de sens» parce qu’ils auraient «perdu leurs significations partagées» est sans doute l’un des symptômes les plus marquants de l’inquiétude qui précède les grandes crises sociales et politiques. Une des premières tâches à laquelle des intellectuels sont aujourd’hui confrontés consiste donc à se réapproprier un langage détourné, et au premier rang le terme de «peuple». Les débats les plus abstraits en apparence, voire les plus abscons, ont, avec les situations politiques qui les environnent, des relations complexes où il est souvent difficile de distinguer ce dont ils sont le reflet de ce qu’ils contribuent à faire advenir. C’est ce que l’on appelle avec lassitude «l’esprit du temps». Mais quand cet esprit prend le tour qu’on lui voit adopter actuellement, il devient urgent de le constituer en objet majeur d’enquête et d’analyse critique, c’est-à-dire de faire, pour parler comme Michel Foucault, une «ontologie de l’actualité».

C’est, pour des intellectuels, la façon la plus immédiate de chercher à infléchir une situation politique dont ils subissent les effets dans l’atmosphère délétère dont la vie quotidienne du pays où ils vivent et travaillent se trouve nimbée, et à laquelle ils peuvent réagir aussi de multiples autres façons – comme on dit «en tant que citoyens». »
Dernier ouvrage paru: Vers l’extrême: extension des domaines de la droite, Dehors, mai 2014

Ian Wilson. Chalk Circle on the Floor (1968)

Texte intégral repris de la fiche http://www.mamco.ch/artistes_fichiers/W/wilson.html
in cycle rolywholyover, septième et dernier épisode
JEFFMUTE / du 25 février au 24 mai 2009
href= »http://lantb.net/uebersicht/wp-content/uploads/2014/05/20140520-111007.jpg »>20140520-111007.jpg

« Lorsqu’il arrive à New York au début des années 1960, Ian Wilson est un peintre qui, très vite, s’intéresse aux différents groupes d’artistes qui travaillent à la réduction de la forme, à l’abandon de la représentation et du contenu métaphorique, et qui donnent au langage une valeur esthétique. C’est ainsi que, dès 1966, I. Wilson réalise des peintures monochromes qui témoignent de sa recherche d’un plus grand degré d’abstraction et avec lesquelles il traite aussi l’objet peint comme un « objet spécifique » ; des pratiques qui s’inscrivent parfaitement dans les expérimentations de son milieu artistique de l’époque. Son travail sur le monochrome le conduit rapidement à abandonner le châssis pour réaliser Red Square (1966) – hommage à l’œuvre du même titre de Kasimir Malevitch –, un carré d’environ 50 cm peint sur une feuille en fibre de verre. Il poursuivra sa démarche avec un objet à mi-chemin entre la peinture et la sculpture, dans une logique de réduction croissante ou d’abandon de la peinture, puisqu’il élimine l’élément chromatique. La série des Untitled (Discs) (1967) marque ainsi l’ultime étape avant l’abandon de toute construction matérielle d’objets. Il réalise un objet circulaire légèrement convexe, en fibre de verre, qui, une fois accroché au mur, apparaît comme une excroissance de celui-ci.

Les œuvres Chalk Circle on the Floor (1968) et Circle on the Wall (1968) témoignent de cette orientation vers une dématérialisation de l’œuvre d’art et vers une concentration sur une pratique purement conceptuelle. Ces œuvres existent avant tout sous la forme d’un énoncé puis d’un certificat – à l’édition illimitée – qui formalise les directives de l’artiste, à partir desquelles chaque acquéreur pourra réaliser la pièce. Ainsi, Chalk Circle on the Floor #10 (1968), dont la dixième édition a été acquise par le Mamco, consiste en un cercle de craie d’environ deux mètres de diamètre dessiné à même le sol. Cette forme, qui n’a ni début ni fin et qui reste inchangée aussi bien dans sa répétition que dans la différence des contextes dans lesquels elle s’inscrit, conduit I. Wilson à faire le pas supplémentaire qui installera définitivement sa pratique artistique, c’est-à-dire à considérer l’existence de la forme à un niveau purement idéel et verbal. Comme il est possible d’appréhender une forme par son simple énoncé, sa présence n’est plus forcément liée à sa réalisation. C’est ainsi que durant ces quarantes dernières années, I. Wilson s’est consacré à l’exploration des possibilités de la discussion orale de façon plus ou moins formalisée. Dans le courant des années 1980, il étendra quelque peu ses investigations à l’édition, en publiant une série de petits ouvrages qui synthétisent une idée générale telle que la « connaissance », l’« absolu » ou la « perfection ». Page après page, par la répétition et le développement de constructions verbales abstraites, il suggère une structure ou plutôt il propose un itinéraire sans fin dans l’appréhension d’un concept donné.

Ian Wilson / DISCUSSIONS

C’est à partir de la fin des années 1960 à New York au contact d’artistes qualifiés de conceptuels comme Joseph Kosuth, Robert Barry ou Lawrence Weiner avec lesquels il eut de nombreux échanges, que Ian Wilson a commencé de développer un travail essentiellement basé sur l’utilisation du langage. En 1968, par exemple, une de ses premières pièces a consisté à prendre le mot « temps », pendant toute la durée de l’année en cours, comme « objet » de recherche. Ainsi, allant à un vernissage dans une galerie, si quelqu’un lui demandait ce qu’il faisait en ce moment, il répondait qu’il était intéressé par le mot temps ou encore, si on l’interrogeait sur le fait de savoir comment le temps pouvait être le sujet de ses créations, il avançait « en tant qu’il est parlé, “ temps ” ». L’ancrage langagier de son art – I. Wilson souligne qu’il n’est pas un poète et qu’il « considère la communication orale comme une sculpture » –, l’artiste l’affirme plus clairement encore dans les discussions avec des interlocuteurs divers qu’il organise en les préparant à partir de 1972. Aucun enregistrement ni aucune prise de notes ne sont autorisés au cours de ces échanges qui se déroulent en un temps limité (généralement une heure) et avec une assistance restreinte (le nombre de places disponibles pour prendre part à l’œuvre est lui aussi fixé). Un certificat signé par l’artiste atteste que la pièce a bien été réalisée. L’absolu, sa définition et sa quête, sont bien souvent au coeur des échanges. En réduisant l’art à sa dimension verbale – « tout art est information et communication », avance I. Wilson qui confirme avoir « choisi de parler plutôt que de sculpter » – l’artiste évite l’assimilation de la création à la fabrication d’un objet, ouvrant alors la voie à ce qui, en 1968, a été qualifié par Lucy R. Lippard et John Chandler de dématérialisation de l’œuvre, phénomène marquant, selon eux, l’art de l’époque. Et, de fait, mis à part le certificat signé par l’artiste, ne restent des discussions auxquelles le public a pu être convié que des souvenirs, des traces mnésiques qui font de ces échanges des moments dont chaque témoin détient une version personnelle et unique. L’art de I. Wilson généralement qualifié de conceptuel est un art de la mémoire qui fait de cette dernière une de ses composantes primordiales. Une recherche qui reconduit l’artiste et ceux qui font vivre ses œuvres à la définition du sujet humain forgée par les Grecs : un vivant à qui la parole est en propre. Cette référence n’est pas forcément illégitime quand on sait que Socrate est une figure importante voire capitale pour I. Wilson : Socrate, celui qui ne savait et qui ne faisait que parler, et dont toute l’œuvre philosophique a été reconstituée par Platon de mémoire. Comme son glorieux aîné, Ian Wilson dépose dans le verbe, et dans le verbe seulement, la capacité de produire du sens et de mettre en forme, mais il fait cela dans une visée véritablement plasticienne, conférant au discours une portée éminemment sculpturale.

Ian Wilson est né en 1940, il vit à Woodridge (New York).

http://www.frieze.com/issue/article/about_time/
http://m.diaart.org/exhibitions/main/115
http://www.blogs.erg.be/art2/?p=1002
http://abonnes.lemonde.fr/culture/article/2014/02/28/beaucoup-plus-que-des-performances-au-palais-de-tokyo_4375782_3246.html

Le livre potable. The Drinkable Book

http://etapes.com/l-eau-c-est-la-vie-le-livre-aussi

« Penser le futur de notre planète s’envisage de multiples manières et malgré l’importance des nouvelles technologies sur notre société, celles-ci ne peuvent répondre à l’ensemble de nos besoins. Ce constat amène chercheurs et designers à envisager de nouvelles alternatives, à se réapproprier ce que nous maitrisons pour créer de nouvelles solutions.

Voici un très bel exemple de ce phénomène avec ce projet baptisé « The Drinkable Book ». Issu d’une collaboration entre l’association Water is Life et le typographe Brian Gartside, cet ouvrage papier apporte ni plus ni moins la possibilité de filtrer une quantité impressionnante d’eau et de la rendre potable. Une aubaine lorsqu’on observe les chiffres de l’OMS montrant l’importante partie de la population mondiale ne bénéficiant pas d’un accès courant à l’eau potable.

Comment ça marche ? « The Drinkable Book » regroupe des informations et conseils pour améliorer l’hygiène de l’eau dans les pays en voie de développement. Ce contenu est imprimé sur des feuilles capables d’éliminer 99,9% des impuretés et microbes présents dans l’eau, de par sa composition (nanoparticules d’argent).

Les Chiffres sont aussi impressionnants. Les créateurs de l’ouvrage prétendent que chaque page peut filtrer jusqu’à 30 jours d’eau potable pour une personne, soit près de 4 ans pour le volume entier pour un coup de production très faible.

Avec une telle idée, le livre papier a encore de long jour devant lui, seulement les bestsellers peuvent changer de nature. »

Guattari. La Borde 1987

«L’une des solutions serait de reconnaitre le caractère expérimental et de recherche de notre établissement», plaidait Félix Guattari alors que nous rentrions vers Paris. Ce ne fut pas le cas mais La Borde fut sauvée, une nouvelle fois. Félix Guattari mourut cinq ans plus tard. Entretemps nous l’avions retrouvé. Pour Le Monde notamment.:
«Comment expliquez-vous que dans les années 1970 les médias se soient passionnés pour le problème de l’antipsychiatrie et qu’ils semblent aujourd’hui s’en désintéresser complètement?
– Ce regard sur la folie était alors corrélé à une tout autre série d’interrogations sociales : regard sur le monde étudiant, sur les prisons, la drogue, la prostitution… Rappelez-vous, ces années-là étaient des années d’intelligence collective et de lucidité. On est revenu, depuis, à des années d’hiver. J’espère que le balancier de l’histoire fera, un jour prochain, son œuvre, et qu’entretemps ce qui aura été conquis restera et permettra des avancées plus substantielles.» Jean-Yves Nau
In http://m.slate.fr/story/87209/felix-guattari-jean-oury-la-borde
Lien http://m.la-croix.com/Culture/Livres-Idees/Livres/Jean-Oury-psychiatre-et-psychanalyste-Il-faut-assumer-la-transcendance-de-l-autre-2014-05-19-1152653#.U3sUwDFNIAc.twitter