Cabourg, juste à côté des plages du Débarquement


Derrière le petit peuple des mouettes, sur cette plage-«plateau terrestre», je lis à fleur d’écran de mon iphone, cette strophe du Poème de l’angle droit de Le Corbusier:

«L’univers de nos yeux repose / sur un plateau bordé d’horizon / La face tournée vers le ciel / Considérons l’espace inconcevable / jusqu’ici insaisi. / Reposer s’étendre dormir / – mourir / Le dos au sol…
Mais je me suis mis debout! / Puisque tu es droit / te voilà propre aux actes. / Droit sur le plateau terrestre / des choses saisissables tu / contractes avec la nature un / pacte de solidarité : c’est l’angle droit / Debout devant la mer vertical / te voilà sur tes jambes.»

Cette grande plage fait alors irrésistiblement penser aux plages du Débarquement (D Day 6 juin 1944), qui se situent un peu plus loin, à l’ouest de Cabourg.
Ces plages devraient être au patrimoine mondial de l’Unesco en 2014.
Et la guerre en Syrie, c’est quoi?

La tête de lit idéale de Corbu



The bedroom au fond de l’appartement-atelier de Corbu, Rue Nungesser et Coli.
Plus classieuses, les photos de Jean-Louis
.


Dans le hall d’entrée de l’immeuble, un mur de fac-similés* des pages d’un livre d’artiste, portfolio de lithographies, Poème de l’angle droit (1955) de Le Corbusier: quelques préceptes écrits-dessinés sympathiques!
* Le Corbusier considérait le fac-similé comme une pratique éditrice de recyclage de pages imprimées. Catherine de Smet le révèle à propos du livre Les Plans de Paris:

«La première caractéristique de l’ouvrage tient dans son contenu presque exclusivement constitué de fragments de livres antérieurs, reproduits en fac-similés. Ce principe du remploi éditorial est ancien: à l’époque de L’Esprit nouveau, Jeanneret et Ozenfant avaient littéralement programmé le recyclage des numéros de la revue, conçus à partir de 1923 de façon à ce que les invendus puissent être démantelés en vue d’une autre répartition des articles —ambitieux projet désigné de façon significative sous le terme d’édition-remploi. La Ville radieuse réunissait, en 1935, des articles déjà parus dans les revues Plan et Prélude, mais aussi dans l’Architecture vivante et dans l’Architecture aujourd’hui, et l’ensemble de la bibliographie de Le Corbusier foisonne de tels exemples. Les Plans de Paris reprend ainsi de nombreux passages d’ouvrages antérieurs, —en particulier de L’œuvre complète et de La Ville radieuse, conservés tels quels dans leur mise en page d’origine. Le livre recycle au demeurant du matériel que déjà La Ville radieuse recyclait: processus de reprise sans fin, à rapprocher des manifestations analogues dans d’autres domaines, comme ceux de formes architecturales et de l’œuvre plastique, et qu’il convient de considérer comme un ressort essentiel de la dynamique de Le Corbusier. La part inédite est représentée par une double ponctuation manuscrite et colorée au fil des pages.» in Le Corbusier, Un architecte et ses livres, Lars Müller, p. 102

Alternative eating!


Frieze Projects 2012: Grizedale Arts / Yangjiang Group

For Frieze London, Grizedale Arts and Frieze Foundation host a programme of food-related performance, discussion, representation and retail. Including new commissions by artists Alistair Frost, juneau/projects, Nicolas Party, William Pope.L and Bedwyr Williams, talks by food historians and specialists, and unique dining opportunities, the project is enclosed in a bespoke structure built by Yangjiang Group. Modelled as a cross between a Roman amphitheatre and a cricket pavilion, it allows viewers to watch events unfold from the ground or a platform above. Around the circumference of the structure, artists, community groups and eccentrics present stalls selling home produce and proposing ideas for alternative eating.

La côte de bœuf et les zombies lyonnais!


Dans le paisible jardin du Murget, Gérard fait cuire la côte de bœuf et bientôt Franck et Léo se révèlent en zombie.
Victor est à la guitare sèche. On entend les voix de Liliane, Mijo et Sylvie, on aperçoit Max, mais pas Nicole, qui est dans la maison, mais ce sera pour une autre fois!
PS: je l’avais enlevée cette vidéo trop hard, mais finalement sympa, presque du Jonas Mekas, mais d’un goût douteux.
Ce même jour, voire la veille, nous avions eu toute une conversation familiale sur le zombie, tellement dans l’air du temps.
Pour preuve

le projet de Détroit : Z World Detroit – Rebuilding Detroit through Zombies

Benjamin Buchloh & Gerhard Richter


Les ornements aléatoires de Benjamin Buchloh, en… par centrepompidou

Le critique américain dialecticien est mis à l’épreuve des derniers travaux déroutants du peintre octogénaire en roue libre qui semble avoir mis en suspens sa peinture iconographique mnémonique tandis que sa peinture abstraite moderniste se trouve aujourd’hui réduite à la fois à l’état léthargique de petits fixés sous verre aux couleurs criardes répulsives et à celui de Strips bayadère numériques de grand format horizontal quasi-hallucinogènes. Le film Gerhard Richter – Painting est aussi déroutant: on y voit, en live, l’artiste millionnaire en euros manipuler lui-même le racloir à peinture sur des couples de toiles de grand format. Aujourd’hui il se dirige vers la conversion numérique de ses toiles abstraites sous forme de tirages sur papier de Strips de très grand format. Il a acheté l’imprimante, a précisé Buchloh.
Lien > http://jlggb.net/blog3/?p=2906

Hans Blumenberg. La Lisibilité du monde

Hans Blumenberg, philosophe, cité par Didi-Huberman dans Atlas ou le gai savoir inquiet, page 15:

Nul n’a mieux [qu’Aby Warburg] articulé la «lisibilité» (Lesbarkeit) du monde aux conditions immanentes, phénoménologiques ou historiques, de la «visibilité» (Anschaulichkeit) même des choses, anticipant par là l’œuvre monumentale de Hans Blumenberg sur ce problème (5). Nul n’a mieux libéré la lecture du modèle purement linguistique, rhétorique ou argumentatif qu’on lui associe généralement. Lire le monde est une chose bien trop fondamentale pour se trouver confiée aux seuls livres ou confinée en eux: car lire le monde, c’est aussi relier les choses du monde selon leurs «rapports intimes et secrets», leurs «correspondances» et leurs «analogies». Non seulement les images se donnent à voir comme des cristaux de «lisibilité» historique (6), mais encore toute lecture —même la lecture d’un texte— doit compter avec les pouvoirs de ressemblance: «le sens tissé par les mots ou les phrases constitue le support nécessaire pour qu’apparaisse, avec la soudaineté de l’éclair, la ressemblance (7)» entre les choses.
Les citations entre guillemets internes au texte de Didi sont référencées: (5) W. Benjamin, 1927-1940. H. Blumenberg, 1981 puis (6, 7) W. Benjamin, 1927-1940. [Du pur dit-dit.]

Blumenberg fait l’objet d’articles de Michaël Fœssel , La Lisibilité du monde, et de Jean-Claude Monod, La philosophie du XXe siècle et l’usage des métaphores, dans la revue Esprit. Un entretien avec Jean-Claude Monod est publié sur le site pédagogique Mag Philo , La Métaphore en philosophie:

un extrait éclairant à propos de « La lumière comme métaphore de la vérité »

Si Hans Blumenberg a consacré une de ses premières études de « métaphorologie » à « La lumière comme métaphore de la vérité », c’est parce que cette métaphore, qui traverse l’histoire de la philosophie, « se transforme » et qu’à travers elle on peut saisir des changements dans les « horizons historiques de la compréhension du monde », comme dit Blumenberg. Ainsi, dans la métaphysique grecque, la lumière de l’être est à contempler, à admirer par un homme connaissant qui est essentiellement theoretikos, contemplateur de ce qui se déploie devant lui, et d’abord : du Ciel. L’ignorance peut être pensée alors comme privation d’une lumière « naturelle » mais perdue (c’est l’image de la caverne de Platon), privation qui n’est pas imputable à l’être mais aux déficiences humaines (à la chute dans le corps, selon Platon et toute une tradition néoplatonicienne chrétienne) ; un processus d’éducation, de paideia, est nécessaire pour « retrouver » le jour authentique où les choses apparaissent en pleine lumière : la métaphorique de la lumière se développe alors en plusieurs niveaux de « visibilité », avec la métaphore de l’œil de l’esprit qui « voit » les idées. Dans l’épistémologie moderne, en revanche, la confiance envers ce qui se montre fait place à l’idée que l’attention doit être « dirigée », qu’il faut démêler le vrai de l’erreur par un travail, précisément, d’orientation de la lumière vers les points obscurs. Blumenberg cite ici Bacon et Descartes comme fondateurs de l’idée moderne de « méthode », pour laquelle « le donné ne se tient plus dans la lumière, mais il doit être éclairé sous un aspect déterminé ». On voit ainsi comment la nouvelle idée de la vérité comme objectivation implique l’activité d’un sujet, le « libre choix » d’une « perspective » détermine maintenant le concept de vision. D’autres évolutions sont encore à prendre à compte, qui engagent la compréhension des cycles de la lumière naturelle, du jour et du soleil : lumière et obscurité sont prises dans une approche cosmologique et physique historiquement évolutive, liée à des systèmes scientifiques d’explication des mouvements des astres ou de l’optique. Ainsi, la métaphore de la vérité comme lever de soleil n’aura pas le même sens chez Giordano Bruno et plus tard, au siècle des Lumières : l’apparition de la vérité garde, chez Bruno, à l’arrière-plan, l’idée d’une cyclicité, d’une suite d’alternances de jours et de nuits ; le lever de soleil de la vérité n’est pas encore porteur, ici, de la représentation d’un avènement de la lumière qui chasserait définitivement l’obscurité et son équivalent social, l’obscurantisme. L’idée des Lumières (Aufklärung) fait de l’Aufklärer (l’homme des Lumières) un « acteur » de l’Aufklärung, quelqu’un « qui propage les Lumières », par où la lumière rentre dans le domaine des choses à accomplir. Elle cesse d’être vue comme simplement « naturelle » : il faut éclairer la nature elle-même, « la vérité ne se montre pas, elle doit être montrée ». Où l’on voit qu’il y a aussi un arrière-plan technique à l’histoire de cette métaphore : la lumière n’a pas la même valeur métaphorique dans un monde où l’on dispose de l’éclairage électrique, et dans un monde historique où la lumière est toujours celle de la flamme ou de la lampe à huile. Il faudrait suivre, dans une certaine « critique de la modernité » qu’on trouve même, en un sens, chez Foucault, la façon dont la visibilité, l’exposition à la lumière, cesse d’être une garantie de vérité ou de liberté, pour devenir la modalité même du contrôle, d’une « optique contrainte », comme dit Blumenberg. Cet article de 1957 finit sur une description critique de l’organisation du visible dans un système d’optique contrainte, d’« éclairage » entièrement technique, qui caractériserait la modernité tardive. Mais Blumenberg s’intéresse aussi, dans les Paradigmes, à l’idée d’une « puissance » intrinsèque de la vérité, d’une force qui s’impose d’elle-même : là aussi, les philosophes ne font parfois qu’expliciter conceptuellement, dans leurs « conceptions » de la vérité, des métaphores déjà à l’œuvre dans le langage commun ou reçues de la tradition. Il arrive cependant que des métaphoriques différentes entrent en conflit : la lumière progressive de la vérité scientifique, qui laisse toujours subsister des ombres et se présente, depuis Bacon au moins, comme « fille du temps », ne s’oppose-t-elle pas à « l’illumination » immédiate de la Révélation ? L’histoire de la réception de la métaphore et de la métaphysique de la lumière telle que le néo-platonisme la transmet au christianisme est un épisode très important et complexe, à cet égard.
Il faudrait encore y ajouter la métaphore du monde comme livre à déchiffrer, à laquelle Blumenberg a consacré un livre entier, récemment traduit aux éditions du Cerf (La Lisibilité du monde).

Un livre pour tenter de désobsurcir ce philosophe


Hans Blumenberg. Anthropologie philosophique

Tina Girouard. Moving Out – Moving In = A Statement About People, Place and Energy (1976)


Tina Girouard. Moving Out – Moving In = A Statement About People, Place and Energy (1976)
in Rooms at P.S.1 Contemporary Art Center (now MoMA PS1).
Photo by the artist. Image courtesy of the P.S.1 Rooms catalog.

Tacida Dean dit: «je n’ai jamais pu dessiner sur une feuille de papier vierge; tous mes ‘supports’, comme on dit, sont très bruts, des tableaux noirs, par exemple.»

Lien > http://jlggb.net/blog/?p=5247