Bruno Latour, Claude Lorius et Alain Gras. L’anthropocène.

L’anthropocène, notre ère géologique; «c’est le moment où l’homme après s’être battu contre la nature pour survivre, prend le contrôle de l’environnement de la planète et l’anthropocène se caractérise par le fait qu’il détruit cette planète dans laquelle il vit.» Claude Lorius
L’anthropocène vue par Bruno Latour, philosophe anthropologue inspiré par la géologie éminemment globale, dans cet entretien avec Laure Adler, Hors champs, de ce jour. http://www.franceculture.fr/emission-hors-champs-bruno-latour-2011-11-28
à écouter ici
[audio:http://www.lantb.net/uebersicht/wp-mp3/Bruno Latour.mp3]

Ou encore expliquée de façon plus didactique par Claude Lorius qui en a fait un livre* et Alain Gras

* Claude Lorius et Laurent Carpentier, Voyage dans l’anthropocène : cette nouvelle ère dont nous sommes les héros, Actes Sud, Arles (Bouches-du-Rhône), 201. On peut ranger Claude Lorius dans le panthéon des Aixois excentriques, glaciologue, fils du fromager de la rue de Chambéry à Aix-les-Bains, boutique que nous fréquentâmes adolescente et enfant, Nicole et moi, et nous semble-t-il, où nous le vîmes nous servir du fromage frais et blanc comme la neige de l’Antarctique.

Eva & Cécile, deux vertes vraiment très chouettes.


Eva Joly & Cécile Duflot, lors d’un meeting au Cabaret sauvage à Paris le 18 octobre. © Mehdi Fedouach. AFP.
Libération du jour

«Eva est le contraire de Duflot : dure dehors et tendre à l’intérieur» explique Pascal Durand, le numéro deux d’EE-LV. En privé, elle aime les huîtres, le vin rouge. Ramer avec son kayak en kevlar et se baigner à l’île de Groix avec ses petits-enfants. [Ce qui nous ramène à La vie en maillot de bain 1 et 2, et par extension à ces délicieuses (Joly) estampes de nouvel an chinoises* où femmes et enfants, vivent, les jambes à mi-mollet dans l’eau (Duflot) (image à suivre)]. Mais en public elle reste la juge «plus facilement dans la sanction que dans l’empathie» regrette un de ses proches. Et manque de «doigté politique» selon Cohn-Bendit. Mais il faudra faire avec elle : «Elle ne lâchera pas l’affaire comme elle n’a jamais lâché sur les affaires. A aucun moment elle ne nous a dit, même en privé : Si ça continue je me barre», confie José Bové. Libération du jour

*sur le thème du bonheur: l’émission de Culturesmonde de FC du mardi 22 novembre: QU’EST-CE QU’ON ATTEND POUR ETRE HEUREUX ? – 2/4 – A la recherche du Tao
à écouter aussi ici même

[audio:http://www.lantb.net/uebersicht/wp-mp3/CULTURESMONDE 22.11.2011.mp3]


Deux beautés shanghaiennes des années trente, version estampe de nouvel an.

Michel Foucault. La vie des hommes infâmes. 1977

http://michel-foucault-archives.org/?La-vie-des-hommes-infames, Portail Michel Foucault, Archives numériques, http://portail-michel-foucault.org/
«La vie des hommes infâmes» est publié dans le tome II de Dits et Ecrits, pp. 237-253. (à lire donc).
Texte découvert lors de l’émission d’Adèle (!), Les nouveaux chemins de la connaissance de ce mercredi 23 novembre (semaine consacrée à l’ordinaire, l’inquiétante étrangeté de l’ordinaire. Le locuteur est Guillaume Le Blanc, qui passe de Foucault à Perec en citant au passage  Lefebvre, Barthes, De Certeau et Pichon…
http://www.franceculture.fr/emission-les-nouveaux-chemins-de-la-connaissance-l-inquietante-etrangete-de-l-ordinaire-34-michel-fo. Le thème jeu de mots chez Foucault: passer de de l'[homme] infime à l'[homme] infâme, à mille lieux de Perec, qui arrive en retard en littérature après Henri Lefebvre et Roland Barthes (Mythologies) 1954, Michel De Certeau embrayant sur qui? (à réécouter). Est cité Michel Houellebecq

David Shrigley. Who I am and What I Want. 2008, assez infâme:
This animated film is about « who I am and what I want ». It’s NOT about who YOU are and what YOU want. You always think everything I make is about you but it’s not. It’s all about me… A bitterly unwanted outcast makes an unapologetic declaration of self.
Ce film d’animation est sur le « qui je suis et ce que je veux ». Il ne s’agit PAS de qui VOUS êtes et de ce que VOUS voulez. Vous pensez toujours que tout ce que je fais est pour vous mais ce n’est pas le cas. Il ne s’agit que de moi … Un paria amèrement indésirable fait une déclaration sans complexe de lui-même.


La mappe sarde

Challenge: trouver le terrain de Chindrieux sur la mappe sarde de 1728… Bonus: et pourquoi pas comme dirait Perrette, y mettre une maison Lego http://jlggb.net/blog3/?p=216
http://www.savoie-archives.fr/1233-plans-cadastraux-en-ligne.htm

Réponse, le 21 novembre, la mappe de Chindrieux date de 1732. Son orientation est légèrement différente de celle des cartes Google. Ce serait la parcelle 2468…




Jean-Louis Chanéac & Jean Dubuisson. Architectes en Savoie.

Jean-Louis Chanéac
Trop tard pour aller à Lyon, au CAUE, 6 bis quai St-Vincent voir l’exposition Jean-Louis Chanéac, itinéraire d’un architecte libre, http://www.caue69.fr/modules/news/article.php?storyid=240 mais on pourra visiter ses réalisations à Aix-les-Bains (sa maison troglodyte), sa longue Marina à interruptions au bord du Lac*, l’hôtel Cerf-volant à Voglans, le plan-masse de Chambéry-Tecnolac, le lycée du Granier à la Ravoire,un centre commercial et logements HLM à Saint-Jean de Maurienne etc., d’autant que l’exposition vient à Chambéry à partir du 16 novembre

*Immeuble Les Bords du lac, 1, 3, 5 rue des Goélands, Aix-les-Bains 1972-1980
http://architecturerhonealpes.org/patrimoine/historique_bis.php3?id_loca=104
«Cet immeuble de logements situé en bordure du lac du Bourget est caractérisé par ses façades très inclinées, parfois presque verticales. Côté montagne, celles-ci sont sombres pour rappeler le massif de la Dent du Chat qui leur fait face. Côté lac, les façades se dressent en s’inclinant très fortement.» Ces façades sombres gris ardoise (en ardoise ou imitation) sont un gimmick très aixois, dentduchatien donc —lorsque le soleil vient de se coucher derrière la dite montagne, celle-ci s’assombrit et toute la chaîne qui va avec, subrepticement, comme notre moral au crépuscule…—, de suiveurs aixois en architecture de Chanéac comme Pierre Rault semble-t-il, qui a travaillé avec lui, et a inondé Aix-les-Bains de ces toits gris retombant lourdement sur les façades d’immeubles, réminiscence moderniste aussi des longs toits de style Louis XIII de la résidence ex-Hotel Bernascon (1900) http://www.patrimoine-aixlesbains.fr/?page=fiches&p=IA73001076, par exemple.
Jean-Louis Chanéac a repris cette architecture faite de plans très inclinés pour la maison-atelier de P. G. Péguy Brès (1961) à Brison Saint Innocent et l’Hôtel Le Cerf-Volant (1973), à Voglans.
Mais Chanéac est aussi l’auteur avec Pierre Rault de la première version du Palais des Fleurs (1975), centre des congrès, dont l’incroyable toiture en gradins en béton aurait dû être accessible et paysagère, et qui a malheureusement été «rénové» en 2004. Toute l’histoire sur http://www.patrimoine-aixlesbains.fr/?page=fiches&p=IA73001798
Le «régionalisme synchrétique» de Chanéac s’exerce à Val d’Isère http://www.sabaudia.org/v2/dossiers/archimontagne/public15.php: «L’industrie de la neige, réalité économique, géographique et culturelle pour la Savoie est aussi un champ d’expérimentation valable pour les architectes qui, comme moi, refusent les copies vernaculaires édulcorées.» Jean-Louis Chaneac cité dans Le Moniteur du 19.1.90.
Le Val Village de Chanéac est pensé comme un «authentique vrai faux village alpin» http://www.parcoursinventaire.rhonealpes.fr/stationski/-Val-d-Isere-.html
Il est aussi l’auteur du manifeste de l’architecture insurrectionnelle: http://laboratoireurbanismeinsurrectionnel.blogspot.com/2011/05/chaneac-le-manifeste-de-larchitecture.html, lu le 4 mai 1968 à l’Académie royale d’architecture à Bruxelles. Il propose aux habitants des tristes grands ensembles, le concept de «cellules parasites» clandestines à implanter sur les façades des immeubles et cite l’exemple de Marcel Lachat* qui réalise à Genève en 1971, une bulle pirate pour agrandir son appartement  et y installer son premier enfant. (Alain Bublex n’a-t-il pas repris cette idée chanéachienne dans ses accrochages urbains d’Algéco? http://www.arpla.fr/odnm/?page_id=4507)

*suite et explication dans le Métropolitains de François Chaslin du dimanche 27 novembre, à l’occasion de l’hommage à un autre architecte suisse de maisons-bulles, Pascal Haüsermann, avec Julien Donada, auteur du film La bulle pirate (2007), à propos de Marcel Lachat, La bulle et l’architecte (2003), 53′ et de plusieurs livres consacrés à ce type d’architecture-bulle: Pratique du voile de béton en autoconstruction, Joël Unal, préface de Claude Haüsermann-Costy** et Pascal Haüsermann, Alternatives, AnArchitecture, 1981, 166 pages. Bulles, conversation avec Pascal Haüsermann, Julien Donada, préface de Michel Ragon, Facteur humain, 2010. Architecture interdite, Jean-Louis Chanéac (manuscrit de 1980), introduction de Dominique Amouroux, Linteau, 2005. L’architecture bullaire se présentait comme une alternative à la construction des grands ensembles parallélépipédiques. A été cité Yona Friedman encore vivant et dont le travail est désormais intégré au monde de l’art contemporain. Tout cela est cité dans http://www.franceculture.fr/emission-metropolitains-logement-un-ilot-experimental-la-rue-rebiere-a-paris-2011-11-27

**Claude Haüsermann-Costy est potière dans un village de Haute Savoie, (route du crêt, Minzier, 74270 Frangy): http://la.ruine.free.fr/situation.htm


Jean Dubuisson

Hommage à Jean Dubuisson (1914-22 octobre 2011). Métropolitains, France culture, dimanche 6 novembre 2011: http://www.franceculture.fr/emission-metropolitains-hommage-a-jean-dubuisson-refection-de-la-tour-bois-le-pretre-a-paris-2011-11
1962-1980 : a construit la ZUP puis ZAC les Hauts de Chambéry3, à visiter. On voit des Dubuisson partout en Savoie…

Pierre-Henri Castel, Ames scrupuleuses, vies d’angoisses, tristes obsédés..

Pierre-Henri Castel, Ames scrupuleuses, vies d’angoisses, tristes obsédés – Vol. 1 – Obsessions et contrainte intérieure de l’Antiquité à Freud. in Le Journal de la philosophie, François Noudelmann
http://www.franceculture.fr/emission-le-journal-de-la-philosophie-ames-scrupuleuses-vies-d-angoisses-tristes-obsedes-vol-1-obses

«Ces phénomènes de troubles obsessionnels, d’angoisse… n’existent que sous des contraintes culturelles très fortes spécifiques de la culture occidentale: la thématique de l’individu, l’aspiration à devenir un individu et un moi responsable qui est la spécificité de la culture occidentale, en donnant à la valeur que les individus se donnent à eux-mêmes une valeur organisatrice par rapport à la vie sociale; ça produit ce type de comportements et les institutions* qui vont avec pour prendre soin de ceux qui se surveillent trop, se contrôlent trop etc. Cette culpabilité, ce rapport à soi qui a l’air très moral, très universel, très kantien, très augustinien… en réalité s’est incroyablement spécifié en France au 19e siècle, en Allemagne, en Angleterre et aux Etats-Unis en produisant des traditions psychiatriques particulières, —ce n’est pas du tout de la même manière qu’ont été compris les phénomènes de l’obsession dans ces quatre cultures politiques et morales, c’est la raison pour laquelle en France nous n’avons pas eu de névroses obsessionnelles mais c’est une invention autrichienne, celle de Freud par exemple.» Mais ce développement au long cours d’une analyse anthropologique et sociale notamment de la scène psychiatrique française —la psychasthénie de Pierre Janet, appuyée sur la sociologie de Gabriel Tarde sous-tendue par l’idéologie républicaine réactualisée par la psychiatrie actuelle en France— fait apparaître un déficit de plus fine intelligence de ces maladies qui se trouverait plutôt du côté de la psychanalyse, Freud en première ligne. Pierre-Henri Castel est psychanalyste, membre de l’association lacanienne internationale (aïe!). Toute l’analyse toute anthropologique qu’elle soit, nous ramène au soi intérieur, à son creusement vraiment en terme de trou abyssal et c’est cela qui fait froid dans le dos (!) [chimney sweeping douloureux qui nous ramène à la figure du ramoneur]. Mais l’entretien avec Philippe Petit, Les nouveaux chemins, de ce vendredi 2 décembre est très riche, de part la qualité même de l’intervieweur. A écouter en ligne. http://www.franceculture.fr/emission-les-nouveaux-chemins-de-la-connaissance-histoire-des-obsessions-de-l-antiquite-a-freud-2011
ou ici même
[audio:http://www.lantb.net/uebersicht/wp-mp3/Histoire des obsessions.mp3]
Autre qualité innovante: la bibliographie du livre est en ligne sur le site de l’éditeur Itaque avec les textes intégraux invoqués.
http://www.ithaque-editions.fr/livre/34/Ames+scrupuleuses-+vies+d—angoisse-+tristes+obsedes++-+vol.+I+-+-I-Obsessions+et+contrainte+interieure-+de+l—Antiquite+a+Freud-/I-#

*Note de bas de post
Hervé Bokobza est psychiatre, porte-parole du Collectif des 39 contre la nuit sécuritaire, un groupe qui s’est constitué, il y a trois ans, au lendemain du discours de Nicolas Sarkozy sur la «sécurisation» des hôpitaux psychiatriques. Entretien en 2009 pour Mediapart:
http://www.mediapart.fr/content/un-monde-sans-fou-entretien-avec-herve-bokobza%20target=
Extraits de ses propos-propositions actuels, insolites voire très dérangeants, tenus au Forum de la démocratie à Lyon et rapportés par Eric Faverau dans son article, Libération du 29 novembre 2011. Hervé Bokobza est en dialogue avec Claude Finkelstein, qui dirige la Fédération nationale des associations d’usagers en psychiatrie.
HB: «Oui, j’ai honte de notre silence, j’ai honte de la pratique dans certains lieux, mais n’est-ce pas un peu toute la société qui est anesthésiée ? Nous, au Collectif des 39, nous nous sommes créés contre cela» […] «Le malade n’est pas dangereux. Il l’est quand il est abandonné, isolé, reclus. Je crois qu’il faut fermer les hôpitaux psychiatriques et ouvrir des lieux pour accueillir ceux qui en ont besoin.» Il ajoute : «On a une mauvaise façon de voir, on parle toujours des 1% de malades qui sont hospitalisés, internés, des grands fous. Mais la très grande majorité se débrouille, vit dans la ville. On en connaît tous des gens qui sont un peu bizarres, qui délirent un peu, mais se débrouillent.» […] «Il faut aller vers des états généraux de la folie.»

Patrick Chemla: Effondrement de la psychiatrie ? http://www.mediapart.fr/content/un-monde-sans-fou-entretien-avec-patrick-chemla