Démocratie

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cours au collège de France
http://rhuthmos.eu/spip.php?article1394
Guillaume Patin, Editor / Curator

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http://www.ubu.com/sound/barthes.html

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http://recherchestravaux.revues.org/107

Publié dans Libération, « Événement », p. 9

«A partir de maintenant, je pense qu’il y a deux points à travailler. L’éducation en prison. Et l’apprentissage de la critique du Net et des réseaux sociaux. Quand on parle avec des jeunes, on voit qu’il est de plus en plus difficile de savoir où est le réel, dans le Net, dans les jeux vidéo… il y a un rapport complexe à la fiction.

Je suis persuadée que Coulibaly, jusqu’au bout, ne savait pas vraiment où était le réel. L’éducation devrait être un apprentissage du jugement, du distinguo, de la critique, du goût.

Il y a une faille monumentale dans le système éducatif. On fait beaucoup de la maternelle au lycée mais, à un moment, c’est bloqué. C’est insupportable parce qu’on dit « la République vous appartient »… tu parles ! On arrive à peu près à amener une bonne partie de chaque génération jusqu’au bac. Et ensuite, ils sont lâchés, les portes se ferment et elles se ferment de manière inégale. Si la tradition familiale n’est pas là, l’ascenseur social ne fonctionne pas. Quand Coulibaly a commencé à déconner, ça a été fini pour lui. Quant aux frères Kouachi, ils ont à un moment été élevés dans une institution très respectable dans le Limousin, on ne peut pas dire qu’on n’ait rien fait pour eux, mais il y a un moment où ça s’est arrêté. Ils ont fait de la prison, ont découvert l’islam radical*. Les autres portes étaient fermées.

Si j’avais des recommandations à faire, ce serait de travailler la pluralité des langues. Il faut proposer un apprentissage précoce des langues. Il faudrait que les élèves aient au moins vu une ligne d’arabe, ou de chinois, au tableau de la classe, et je pense que ça n’est pas le cas.

Je travaille sur la traduction, sur la différence des langues. Le prochain ouvrage collectif que je veux faire est d’ailleurs un dictionnaire sur les intraduisibles des trois monothéismes. Je sais que le travail sur la diversité des langues permet d’appréhender une diversité qui n’est pas une diversité clôturée, mais d’emblée en communication. Ce qu’on appelle la traduction, c’est le passage d’une langue à l’autre, c’est mettre des ponts entre les singularités. Il faut aussi s’appuyer sur les bilingues. Quand il y a plusieurs langues, on passe de l’une à l’autre, il y a des points d’achoppements, on les travaille, c’est ça qui est intéressant. Et c’est en réfléchissant là-dessus qu’on trouve les analogies qui permettent de communiquer. Il n’y a pas seulement un universel, mais des singularités – non pas communautaires et closes, mais en interaction.

Qu’est-ce que l’école peut proposer à un adolescent qui cherche du sens ? Il faut lui apprendre à lire les textes, à les interpréter, comparer, réfléchir, juger. Lire des textes en différentes langues aussi. Nous sommes face à deux dangers symétriques. D’un côté, les communautarismes isolés, des entités closes. De l’autre, un universel non complexe, comme celui des droits de l’homme. C’est entre ces deux dangers qu’il faut éduquer le jugement.

Il ne s’agit pas de faire de l’instruction civique, c’est généralement très ennuyeux. Il faut lire des textes, apprendre la critique, l’éducation au goût, en s’appuyant sur ce qui intéresse les élèves. On peut faire des choses magnifiques en partant de Star Wars.

Y a-t-il des modèles à proposer aux adolescents ? Je ne sais pas. Avant, les romans d’éducation passaient par le voyage, la comparaison, l’immersion dans d’autres mondes. Et il y avait les grandes figures, les hommes illustres. Moi, je ne proposerais pas des personnages comme modèles, mais des phrases. Comme la première phrase, de la Métaphysique d’Aristote : « Tous les hommes désirent naturellement savoir. » Pour moi, les modèles, ce sont des phrases qui donnent à réfléchir.»

Recueilli par Natalie Levisalles

* les paroles de Daniel Cohn-Bendit, cofondateur d’EE-LV :
Libération, 8 janvier recueillies Par MATTHIEU ECOIFFIER

«Avec Wolinski, Cabu, c’est l’une des dernières formes de l’esprit de Mai 68 qui a été assassinée. L’attentat semble perpétré par des personnes appartenant à des réseaux islamistes. Il y a un islamofascisme, ça existe. Ces personnes sont des fascistes, il ne faut pas tourner autour du pot. Comme il y a eu un fascisme venu de la civilisation occidentale, il y a un fascisme venu de la civilisation de l’islam. Ce n’est pas l’islam, mais ceux qui commettent ces attentats s’y réfèrent, comme le fascisme nazi se référait à l’Europe chrétienne, à une certaine idée de l’Occident. On a toujours dit : « Le fascisme ne passera pas. »

«C’est dur, mais il faut être aussi rationnel que possible, ne pas tout mélanger. Ce qui est attaqué, c’est le droit à la critique radicale de toutes les religions. Charlie, c’est la radicalité anticléricale, c’est pour ça qu’ils ont été tués. Ce qu’on veut défendre, c’est le droit à cette radicalité.

«Ce n’est pas parce qu’il y a un islamofascisme qu’on ne doit pas discuter de comment on interprète le bouquin de Zemmour ou de pourquoi il y a une telle ruée médiatique sur celui de Houellebecq. Il faut qu’on soit radicalement clairs et qu’on soutienne à fond la pensée libertaire de Charlie. L’héritage de Cabu, c’est que, dans les moments difficiles, il ne faut pas s’arrêter de penser.»

In Le Monde, Culture, p. 10, Entretien avec La Ministre de l’éducation nationale. Propos recueillis par Clarisse Fabre, Alexandre Piquard et Aureliano Tonet
«Ni refaire ni défaire ce qui a été fait depuis 2012»
Fleur Pellerin,  Ministre de la Culture et de la Communication.
Fleur Pellerin, au ministère de la culture. Elisa Haberer pour Le Monde

Extrait:
«Q.: L’éducation artistique était déjà au cœur du projet d’Aurélie Filippetti… Quel bilan tirez-vous des deux années écoulées ?

F. P.: En 2015, les dotations auront augmenté de 25 % par rapport à 2012 ; c’est un premier acquis. Le chemin reste à parcourir sur leur utilisation : aujourd’hui, seulement un quart des adolescents ont bénéficié d’un parcours d’éducation artistique ou culturelle. C’est loin d’être suffisant. Ouvrir l’accès à la culture, c’est donner l’accès physique aux œuvres, mais aussi les clés de compréhension. La réforme des rythmes scolaires doit être une opportunité pour une ambition plus vaste, sur laquelle nous allons travailler avec Najat Vallaud-Belkacem.
L’objectif, ce n’est pas seulement que 100 % d’une classe d’âge ait vu La Joconde ou écouté Don Giovanni. Aujourd’hui, les jeunes sont connectés. Ils ont une expérience artistique qui leur est propre avec des pratiques spontanées sur lesquelles il faut s’appuyer. Il y a ceux qui chantent dans les chorales, ceux qui graffent sur les murs, ceux qui font des dons sur des plates-formes de financement participatif. Il faut susciter des millions de petites épiphanies individuelles.»

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Samedi 16 août, manif pour Gaza à Chambéry. Gérard en pleine discussion avec Marion Gerlaud, la jeune femme verte appartenant au conseil municipal d’Aix-les-Bains, copine de Max. Le café en background semble s’appeler Le Flore. Elle est notre voisine de palier au Nice-Savoie, mais en instance de déménagement.

Consultation internationale d’art et d’architecture pour la création d’un centre d’hébergement nomade dans Paris intra-muros.
Organisée en collaboration avec les Enfants du Canal.
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À la consultation internationale engagée le 4 juin 2008 par le Président Nicolas Sarkozy était associé l’impératif d’un changement d’échelle. On nous affirmait alors : Paris sera grand par son étendue, et son emprise territoriale fera sa majesté en ce nouveau millénaire. De dix grands urbanistes et architectes était attendue la célébration de cette grande échelle, et l’invention de dispositifs susceptibles de faire s’accélérer les circulations d’usagers affairés.

À la consultation internationale engagée le 22 avril 2014 par les Enfants du Canal et le Pôle d’Exploration des Ressources Urbaines (PEROU) est associé l’impératif d’un changement de nature. Nous affirmons aujourd’hui : Paris sera grand par sa citoyenneté, et sa capacité à faire mille œuvres d’hospitalité fera sa majesté. De créateurs multiples est attendue la conception de nouvelles formes habitables tout contre la ville hostile, et en particulier d’un centre d’hébergement nomade dans Paris intra-muros dont les trottoirs sont aujourd’hui habités par près de 15 000 personnes. Afin de faire la démonstration, par l’expérimentation, que l’hospitalité peut devenir valeur capitale.

Un projet soutenu par la Fondation MACIF et le Pavillon de l’Arsenal.

Documents à télécharger
Dossier de consultation
Formulaire de réponse
Lien > http://perou-risorangis.blogspot.fr

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Design : Yannick Fleury
Développement du site : oscar B studio

« Guillaume le Blanc s’inscrit dans le prolongement d’une attitude née dans les années 60 avec Foucault, Deleuze, de Certeau… : la relation critique aux normes. Attaché à la philosophie, définie comme une contre-culture, il s’élève contre les représentations mélancoliques et réactionnaires aujourd’hui dominantes et invite à repenser de nouvelles formes de vie. »:
http://www.lesinrocks.com/2014/03/10/livres/guillaume-le-blanc-culture-le-foyer-dune-experimentation-vitale-ouverte-par-la-pratique-de-la-critique-11485831/
Lien http://www.lesinrocks.com/2014/03/14/livres/barbara-cassin-entretien-11487442/

Guattari. Les Trois écologies, Pp. 11-12

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http://www.laviedesidees.fr/Andre-Gorz-penseur-de-l.html

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Très belle photo de la mairie de Londres, bulbe transparent.  Vue de l’extérieur, la salle du conseil avec ses fauteuils Aeron de Bill Stumpf et Don Chadwick, Herman Miller > http://jlggb.net/blog/?p=6485
Une manière de rappeler que tout bon séminaire, devrait se tenir dans ce type de dispositif démocratique, salle en éclairage naturel, table ronde ou ovale, fauteuils Herman Miller, micros et ordis individuels partageables. Ce qui ne fut pas le cas pour le séminaire de La Fin des cartes, tenue ce jeudi 30 janvier à Paris 1. Dommage!

 » Ici, on est flic, assistant social, psychologue, parent… et il nous arrive d’être enseignant !  »
Ils sont en 3e et ne maîtrisent pas l’accord du participe passé. Leïla Ibrahim, leur professeure de français, s’en est aperçue à la dernière dictée. L’objectif du cours, aujourd’hui, est de leur faire comprendre la règle une fois pour toutes. Mais, au collège Robert-Desnos d’Orly (Val-de-Marne), classé ZEP, il ne suffit pas d’expliquer que, si le complément d’objet direct est placé avant l’auxiliaire avoir, le participe s’accorde.  » Les élèves ne retiendraient pas, s’ennuieraient et ce serait le bazar « , assure l’enseignante. Règle numéro un : les amener à s’expliquer entre eux le principe de l’accord, avec leurs propres mots. La classe est divisée en groupes de quatre. Dans chacun,  » un bon, deux moyens et un faible « . Règle numéro deux : les mettre en activité, en leur faisant réaliser des affiches. Numéro trois : faire jouer la compétition. La meilleure affiche sera élue par tous les professeurs et accrochée dans la salle.
Au collège Desnos, capter l’attention des élèves en les rendant actifs est au coeur des pratiques enseignantes. Dans cet établissement situé près des cités des Aviateurs et des Navigateurs, parmi les plus sensibles de France, 80 % des élèves sont issus de milieux défavorisés. La moitié sont boursiers, et près du tiers des élèves de 6e ont des parents au chômage.  » Beaucoup trop de choses les préoccupent à l’extérieur, rapporte Grégory Buisson, professeur de mathématiques. Certains n’ont pas de domicile, des parents qui se prostituent… On peut comprendre que leur centre d’intérêt principal ne soit pas l’école.  »
Comment donner goût à la scolarité ? Les enseignants ont banni le cours magistral et la prise de notes.  » On passe beaucoup par le ludique, l’étude d’images, des films, des jeux « , détaille Mme Ibrahim. La méthode suppose d’accepter le brouhaha, le temps perdu, de faire fi de la pression du programme à boucler. Chaque année, en histoire, les élèves de Laurent Gassier réalisent un documentaire.  » Ils se rendent dans des lieux qu’ils n’auraient jamais visités, rencontrent des historiens, des témoins. C’est faire de l’histoire sur le terrain « , explique l’enseignant.
Le collège Desnos est connu pour être innovant. Un  » laboratoire d’expériences, pour son principal, Stéphane Reina. Dès qu’un projet est lancé au niveau académique ou national, on est dans le coup « . Ouvert en 1981, l’établissement est l’un des premiers classés ZEP. Il a connu tous les labels : REP, RAR, Eclair… Ses résultats sont aujourd’hui honorables, avec 72 % de réussite au brevet et un taux d’orientation en lycée général et technologique de 60 %.  » Chaque année, on fait des dossiers pour intégrer nos meilleurs élèves à Henri-IV ou Louis-le-Grand, ajoute M. Reina. Parfois, ça marche !  »
L’une des clés réside dans le travail en équipe. Le principal n’a pas attendu l’annonce par le ministre de l’éducation, Vincent Peillon, le 16 janvier, d’un allégement de service en ZEP pour accorder à ses professeurs un temps de concertation – en histoire, français, mathématiques et sciences.  » Ce temps nous permet d’harmoniser nos cours, de confronter nos pratiques, explique M. Gassier. Il est nécessaire, car enseigner ici est plus difficile qu’ailleurs. Non seulement nos élèves ont des lacunes, mais ils ont intégré une certaine fatalité. Avoir le silence, on y arrive. La difficulté est plutôt de les motiver. Il n’y a pas de méthode toute faite, alors on invente, on tâtonne, on cherche des chemins détournés.  »
Le travail en équipe a amené les professeurs à organiser des cours conjoints – deux enseignants en classe – et des projets interdisciplinaires. C’est le cas en histoire des arts ou en sciences. Dans ce collectif, ils puisent aussi une force, et parfois l’envie de rester. Chose peu fréquente en ZEP, l’équipe est plutôt stable.  » Jamais plus de six ou sept nouveaux professeurs chaque année « , assure le chef d’établissement. Paulo de Almeida, professeur de français, a quatorze ans d’ancienneté dans le collège.  » C’était mon premier poste, raconte-il. Je pensais partir au bout de six ans et m’installer à Paris. Finalement, je suis resté.  » Ce qui le retient ?  » L’équipe, assez soudée, des amitiés « , mais aussi une  » forme de militantisme. On a des choses à apporter aux gamins, on sait pourquoi on est là « .
Mettre sur les rails des jeunes peu armés pour réussir dans la vie est sans doute ce qui pousse ces professeurs à s’investir plus largement : certains font de l’aide aux devoirs le soir, d’autres organisent des clubs l’après-midi, participent à la semaine d’intégration des 6e en début d’année ou au dispositif  » école ouverte  » (révisions, activités, sorties) pendant les vacances. Une aubaine pour ces jeunes qui  » n’ont souvent comme seule sortie que le centre commercial de Choisy « , à quelques kilomètres d’Orly, rapporte Grégory Buisson. Dans ces moments-là, la relation dépasse celle du maître et de l’élève.  » On cesse d’être seulement celui qui dit de travailler et de se taire, poursuit M. Buisson. On apprend à les connaître individuellement. Ils ont tous une histoire à raconter.  »
Bien sûr, il y a des baisses de régime. Laurent Gassier ne s’en cache pas :  » Il m’arrive d’aller au secrétariat pour avertir que cette année, je demande ma mutation ! Mais, au bout de dix ans, je suis toujours là « , confie-t-il. Nora Azri, sa collègue d’histoire-géographie, évoque, elle, des débuts difficiles :  » Je suis arrivée avec des idées toutes faites, avec l’image de l’élève consciencieuse que j’avais été. Au départ, j’étais perdue. Ici, l’autorité pure ne marche pas, pas plus que la seule passation de connaissances comme on peut le faire dans un collège de centre-ville, où les élèves ont déjà des références. Il faut être dans l’humain, dans l’affectif.  » Mme Azri enseigne ici depuis plus de vingt ans et  » tant que je pourrai, je resterai « , assure-t-elle.
Au collège Desnos, les professeurs ont conscience de ne pas faire tout à fait le même métier que leurs collègues d’un établissement favorisé. Leur mission dépasse l’enseignement.  » Notre rôle est aussi de montrer aux élèves que la société n’est pas que celle qu’ils connaissent, dans leur quartier « , résume M. Buisson.  » Ici, on est flic, assistant social, psychologue, parent… et il nous arrive d’être enseignant ! « 

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