Dada

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Zürich, Spiegelgasse, n° 17, la maison où résida Lénine de 1916 au 27 mars 1917.

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Contre-champ de la maison de Lénine: une Green Attitude de grande ville à la londonienne.

Plus bas dans la rue, au 1 Spiegelgasse*, il y a la Galerie et le Cabaret Voltaire, ouvert le 5 février 1916 par Hugo Ball. «C’est dans ce creuset iconoclaste**, que le mouvement dada prit naissance au mois de juillet 1916: «un mot fut né, on ne sait comment DADA DADA on jura amitié sur la nouvelle transmutation, qui ne signifie rien, et fut la plus formidable protestation, la plus intense affirmation armée du salut liberté juron masse combat vitesse prière tranquillité guérilla privée négation et chocolat du désespéré.» (in «Chronique zurichoise 1915-1919», rédigée par Tristan Tzara pour l’anthologie de Richard Huelsenbeck, Dada Almanach parue à Berlin en 1920.
Dominique Noguez dans son roman Lénine Dada édité chez Laffont en 1989, et réédité en 2007, livre une vision absurde et dadaïste du bolchévisme.
Lien: Cabaret Voltaire aujourd’hui

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«En 1916, la quasi-totalité de l’Europe est impliquée dans la Première Guerre mondiale. La Suisse, qui jouit d’une situation privilégiée due à sa neutralité, devient alors le refuge pour une multitude d’expatriés et d’insoumis. Parmi eux, l’Allemand Hugo Ball, poète en mal de liberté, hante les rues de Zurich pour trouver un lieu où des gens qui comme lui, ont fui l’horreur des combats, pourraient se réunir, un lieu « ouvert à toutes les dissidences ». Au début du mois de février, son souhait paraît exaucé puisqu’il fonde, au n°1 de la Spiegelgasse, le cabaret Voltaire. Il s’agit d’un local désaffecté, quelque chose qui ressemble à une ancienne auberge, avec une petite scène un peu délabrée et un bar. La Spiegelgasse, quant à elle, est une rue sombre où le gris des pavés le dispute à celui des façades. Au demeurant, pas de quoi faire courir les foules, mais qu’importe, le projet de Ball et sa compagne, la danseuse Emma Hennings, consiste juste à rassembler quelques amis pour « débattre, rire et danser » jusqu’au bout de la nuit.
A cette époque-là, Zurich ne manque pas de candidats à la fête, et le cabaret Voltaire, après avoir été décoré par le peintre Marcel Janco, accueillera Tristan Tzara, Hugo Ball, Richard Huelsenbeck, Hans Arp, Sophie Taeuber-Arp, Chrisian Schad ou Hans Richter, pour ne citer qu’eux. Et c’est ainsi que les nuits zurichoises s’embraseront au rythme de soirées organisées par un petit groupe d’irréductibles noctambules. A l’instar de Ball, tous restaient persuadés qu’en ces temps difficiles, quelques jeunes gens pouvaient encore « non seulement jouir de leur indépendance, mais aussi la prouver », ce qui fut fait au-delà de toute espérance. Ce « Centre de divertissement artistique », selon la formule du communiqué envoyé à la presse le 2 février 1916, fit en effet preuve d’un éclectisme et d’une inventivité hors du commun. Outre des lectures publiques de poèmes abstraits ou simultanés, les soirées russes ou françaises, les percussions africaines, les expositions de tableaux futuristes ou expressionnistes, les parades en costumes « cubistes », on vit également des danseuses avec des masques inspirés « des arts primitifs ».

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C’est dans ce creuset iconoclaste, que le mouvement dada prit naissance au mois de juillet 1916. Fruit d’une révolte provoquée par un profond dégoût  de l’ordre occidental —cet ordre qui venait de précipité l’Europe dans un conflit d’une violence et d’une ampleur sans précédent—, dada était avant tout l’expression d’un nihilisme radical, celui d’une jeunesse désabusée dont l’objectif, à force de régression délibérée, s’incarnait dans l’espoir de reconquérir une forme de pureté originelle. Ce credo eut un retentissement international, puisque dada connut un développement fécond à New York, Paris et Berlin dans les années 20, mais aussi dans les années 60 lorsqu’il inspira notamment le mouvement Fluxus et Robert Raushenberg… Le cabaret Voltaire ferma ses portes en juillet 1916, après seulement six mois d’existence; cependant, ce qui s’y joua devait marquer à jamais l’art occidental du 20e siècle. » Franck Montel in Numéro

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