Einstein on the beach au Théâtre du Châtelet.
C’est peut-être ça une machine désirante.
«S.M.: Einstein on the beach nous confronte au mystère de la création sans verser dans l’emphase. Les registres de jeu sont toujours empreints d’une sorte de fantaisie. La puissance du spectacle est de ne jamais se laisser enfermer dans un excès de sérieux. Il faut garder à l’esprit le fait que Robert Wilson est un grand admirateur de Buster Keaton. Malgré leur aspect onirique, les diverses scènes d’Einstein on the beach charient des éléments concrets qui s’incarnent dans certains accessoires. Je pense notamment à toutes les chaussures Converse que les choristes ou les danseurs portent. C’est au moins un signe de la permanence d’un certain bon goût! […]
S.M.: Vous êtes une spectatrice hors du commun d’Einstein on the beach: en dehors de l’équipe artistique, peu de gens l’ont vu douze fois! Comment cette œuvre vous a-t-elle accompagnée dans votre vie? Dans quel état d’esprit allez-vous la revoir au Théâtre du Chatelet?
J.C.: C’est comme lorsqu’on relit Proust! On sait déjà un maximum de choses et pourtant, on découvre un détail qui conduit à une autre réflexion. Pour moi, non plus, ça n’est pas une reprise, mais, chaque fois, c’est une nouvelle construction. Et puis, comment des êtres peuvent-ils arriver à créer collectivement de cette façon absolument somptueuse? Comment leurs inconscients se sont-ils intriqués? C’est à chaque fois, aussi à cause de cela, une émotion extrêmement puissante!
Il faudrait également évoquer la durée de l’œuvre qui nous fait perdre tous nos repères et qui nous propose un moment de temps suspendu. Or, quand le temps devient vertical au lieu d’être horizontal, il se passe quelque chose de bouleversant! Ce n’est évidemment pas très fréquent! Dommage!»in «Einstein on the beach 1976-2014», Jacqueline Caux et Stéphane Malfrettes, conversation, Art press n° 407, janvier 2014, pp. 40-43.
A contrario d’Einstein on the beach, «ultime recréation de l’œuvre» 2012-2013, Montpellier et Paris, la dernière pièce de Bob Wilson et CocoRosie, Peter Pan, fait partie du répertoire du Berliner Ensemble. On peut le voir en janvier à Berlin.