Lois Weinberger Ruderal Society: Excavating a Garden (2017) Installation
100 × 1.3 × 0.22 m. Karlsaue Park. C’est l’une des quatre pièces exposées dans le parc de Kassel, qualifiée d’intrusive. Le terme botanique rudéral qui signifie « qui pousse sur les décombres, les tas d’ordures et généralement aux abords des habitations et sur les voies de circulation (à cause de la richesse de ces lieux en azote) s’applique aussi au sol. Un sol rudéral est un sol »formé sur les décombres, remblais, tas d’ordures ou déblais qui sont l’œuvre de l’homme, constitué par un terreau souvent riche en azote et potasse. Le titre de la pièce est le statement concis et implacable -à la mode conceptuelle d’un Lawrence Weiner anarchiste- de la geste rudérale sociale et commensale de l’homme en prise avec la nature ordinaire des zones périphériques urbaines, voire urbaines – végétalisation négligente de pieds d’arbres, de jardinières de trottoirs ou tentative d’agriculture urbaine improvisée sur butte-, créatrice de jardins inéluctablement sauvages et/ou misérables : « Describing the project as an archaeological process, the artist has excavated a “cut” through the park beside the Oraangerie and then abandoned it to whatever will emerge. At the end of this “gap within urban space,” the action of digging has created a small hill. Over time, the soil exposed will become populated by “spontaneous vegetation,” propagated by the wind, insects, and birds. » « Décrivant le projet comme un processus archéologique, l’artiste a creusé une «coupe» dans le parc à côté de l’Orangerie [y incluant le passage d’une allée caillouteuse], puis l’a abandonné à tout ce qui allait en surgir. Au bout de cette «lacune dans l’espace urbain», l’action de creuser a créé une petite colline. Au fil du temps, le sol exposé sera peuplé par une «végétation spontanée», propagée par le vent, les insectes et les oiseaux. »
« Plants are central to Lois Weinberger’s discourse on the relationship between nature and society. His radical poetics of the “ruderal”—literally, the growth of plants on waste ground—counters the anthropocentric ideal of “primary nature,” acting, as he puts it, “against the aesthetics of the Pure and the True, against the ordering forces.” The drifts of wild vegetation that flourish on postindustrial wastelands and at the urban periphery are materially speaking untamed and therefore more “natural” than society’s tightly controlled zones of contemporary “wilderness.” Ruderals are the ever-present underclass of the plant world, the “multitude” ready to break through the city’s surface at any opportunity, cracking the veneer of human order and stability.
With “precise indifference,” Weinberger (born in 1947 in Stams, Austria) creates situations in which these botanic insurgents are left to enact their inexorable cycle of growth and decay, heedless of human society—a “PLACE / WHERE THE LIVING REVEALS ITSELF ABOVE THE ORDERLY” in a continual process of transformation. Twenty years on from his ruderal interventions in the Kulturbahnhof for documenta 10 (which still thrive today, amidst the disused railway tracks of Old Europe), Weinberger’s new outdoor work for Kassel is entitled Ruderal Society. » « Les plantes sont au cœur du discours de Lois Weinberger sur la relation entre la nature et la société. Sa poésie radicale du «rudéral» – littéralement, la croissance des plantes sur les déchets – contrecarre l’idéal anthropocentrique de «nature primaire», agissant, comme il le dit, «contre l’esthétique du pur et du vrai, contre les forces de l’ordre ». Les dérives de la végétation sauvage qui fleurissent sur les friches postindustrielles et dans la périphérie urbaine sont matériellement parlant indomptées et donc plus » naturelles « que les zones étroitement contrôlées par la société de la » nature sauvage « contemporaine. Les Rudérales sont la sous-classe toujours présente du monde végétal, la «multitude» prête à traverser la surface de la ville à toute occasion, en fendant le placage de l’ordre humain et de la stabilité.
Avec «une indifférence précise», Weinberger (né en 1947 à Stams, en Autriche) crée des situations dans lesquelles ces insurgés botaniques sont laissés libres d’édicter leur cycle inexorable de croissance et de désintégration, sans tenir compte de la société humaine – un «LIEU / OÙ LE VIVANT LUI-MÊME SE RÉVÈLE PAR DESSUS L’ORDRE EXISTANT » dans un processus continu de transformation. Vingt ans après ses interventions rudérales dans la Kulturbahnhof pour la documenta 10 (qui prospère encore aujourd’hui, au milieu des chemins de fer désaffectés de la vieille Europe), ce nouveau travail extérieur de Weinberger pour Kassel s’appelle Ruderal Society. » (texte du catalogue)