octobre 2016

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Faire de la route, surtout faire beaucoup de route c’est un acte non-écologiste. On en parle : trop de pollution, trop de conducteurs qui prennent leur voiture seuls, il faut faire du covoiturage, il faut prendre une voiture électrique, il faut voyager en train… Faire la route, surtout faire beaucoup de route, ce n’est pas un acte raisonnable. On part en vacances assez courtes, on conduit toute la journée pour arriver dans une ville après des heures de route, pour repartir ensuite quelques heures ou quelques jours plus tard. Si je parle d’histoires personnelles, je fais beaucoup de route, non seulement pour les vacances, mais aussi dans la vie quotidienne, un peu depuis toujours. La voiture est un deuxième appartement en quelque sorte. On prend beaucoup de risques, on perd beaucoup de temps dans les embouteillages. C’est un choix de vie, un choix temporaire, même hasardeux. Seules des vues marquantes à travers le pare-brise représentent comme une récompense.

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Un vieil escalier est fondé sur un appui approximatif. L’appui également vieux comme l’escalier. Le pilier en pierre devenu fin, érodé au fil du temps, fissuré, a perdu une partie de lui-même. On ne sait pas s’il est fragilisé du point de vue de la sécurité ou si cela ne peut pas changer sa puissance. Les choses qui nous sont présentées sont souvent comme un appui fissuré. Ce que nous voyons, nous sentons, nous écoutons et nous vivons n’est pas plus qu’une partie ou qu’un aspect de l’entité des choses. Toutefois, nous ne pouvons pas chercher à avoir un appui « parfait » pour le remplacer successivement et immédiatement. Accepter la situation telle quelle et pouvoir marcher sur ce pilier me paraissent importants.

Une image que je considère toujours comme ma meilleure photographie prise lors d’un voyage en train de Frankfort à Paris, revient parfois à mon esprit en regardant la gradation des couleurs du crépuscule. À vrai dire, c’était à l’aube. Une image absolument bien composée avec le ciel flou, les arbres de loin, les champs mêlés avec l’air, le paysage dans le brouillard. Il m’arrive quelques fois de faire allusion à ce paysage inoubliable et j’essaie de photographier ce que je vois sous mes yeux sans n’avoir plus jamais le résultat souhaité. Le paysage qui nous marque ne nécessite pas d’être enregistré ni reproduit. Notre mémoire réalise toujours une meilleure présentation irréprochable. Voici une des images que j’ai faites en pensant à ma photographie préférée, par conséquent ratée.

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Les toiles d’araignée ornées de la rosée du matin, la beauté éphémère mais absolue. On essaie de la décrire: comme des perles, des larmes, des bijoux, d’une manière poétique. On essaie de la capturer dans le cadre photographique: nettement, minutieusement, microscopiquement, sur un mode expressionniste. Quand on pense à l’art, tout en essayant de faire un acte artistique ou d’attendre une conséquence artistique, on est artificiel, on ne fera pas cette toile magnifiquement ornée, mais on la décalera gravement du départ. La beauté de la nature qui apparaît sous nos yeux, par n’importe quels organes sensoriels, n’est pas censée être  « la beauté » considérée artistiquement et artificiellement. Elle est là pour la survie, pour la fonction, pour la nécessité, pour la vie. Une histoire sur les toiles d’araignée ornées de la rosée du matin que je trouve toutes belles.

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Photo prise à Dinan, le 26 octobre 2016.

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  1. C’est au couvent de la Tourette que s’est tenu le colloque : La poétique de Michel Deguy – Poésie, philosophie, écologie.

pdfTélécharger le texte de présentation du colloque
Avec Michel Deguy et Jean-Luc Nancy, des philosophes et des littéraires y explorèrent la manière deguyenne d’habiter éthiquement et poétiquement (« poéthiquement ») le monde. On n’a pas vraiment parlé de ce qu’était l’écologie radicale. Son dernier livre était là, La vie subite : page 34, le poème Écologique reprend le topos écologique qu’est le poème de Rimbaud «— Elle est perdue… / — Quoi ? — La terre. / C’est la mer mêlée avec le soleil / Comment la retrouver ? / — Quoi ? / — La terre. / C’est l’immensité / où le fini se jette à l’embouchure de l’infini »… Il y fut aussi énoncé le terme «déterrestration»* qui nous a fait regretter la «déterritorialisation», réchauffement climatique oblige.


La toute dernière minute de l’intervention de Jean-Luc Nancy : La parousie-Michel Deguy.
De la difficulté de définir la parousie :«Y a-t-il une révélation possible, une parousie, sans perte ni reste, de ce qui est à penser? Ou bien ne faut-il pas, pour qu’une « présentation » en général, une « apparition » puisse avoir lieu, que ce qui doit se « présenter » ne se présente pas lui-même, n’apparaisse pas comme lui-même (c’est-à-dire, en toute rigueur, ne se présente pas), mais se différencie, s’aliène, s’extériorise, s’extasie, se donne (à « voir » et à penser, à théoriser) et, se donnant, se perde? La nécessité de la manifestation n’entraîne-t-elle pas la nécessité de la perte?» Philippe Lacoue-Labarthe.

2. Le Couvent de la Tourette, Eveux-sur-l’Arbresles, près de Lyon est l’une des dernières réalisations de Le Corbusier avec Xenakis. Les toits végétalisés « à tous les étages » offrent libre cours à la biodiversité, et les frères dominicains qui occupent le couvent ne jardinent pas. «La toiture du couvent lui-même, comme celle de l’église, est recouverte d’une mince couche de terre laissée à l’initiative du vent, des oiseaux, et autres transporteurs de graines assurant une protection étanche et isotherme. Les toitures de la petite maison du lac Léman, et l’immeuble 24 rue Nungesser et Coli à Paris, et de diverses constructions aux Indes sont ainsi faites.» Une sorte de «reterrestration»* minimale architecturale.*

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*«Michel Leiris écrivit : « le but assigné à la poésie / : restituer au moyen des mots certains états intenses, concrètement éprouvés. » Pas pour moi —même si cette définition est assumée par un grand nombre d’écrivains du XXIe siècle— et par des linguistes éminents, tel Benveniste, tentant de circonscrire théoriquement un « langage poétique » spécifique en rapport avec la subjectivité émotive. Je vais dans l’autre direction : il s’agit de faire écouter-voir, à beaucoup, « la beauté du monde » qu’il y a; et plus rigoureusement, l’attachement à la relation du monde et de la terre en langage des langues, dans ce temps de mutation que la déterrestration et l’extraterrestration accaparent. Faire un tour de Babel, dans son état inquiétant.» p.147, Michel Deguy, La vie subite, « Poétique », Galilée, 2016

 


Televison Delivers People pris sur Youtube mais l’original est exposé sur Ubuweb http://www.ubu.com/film/serra_television.html. Sous-titrage sur Ubuweb : « Television Delivers People is a seminal work in the now well-established critique of popular media as an instrument of social control that asserts itself subtly on the populace through « entertainments, » for the benefit of those in power-the corporations that mantain and profit from the status quo. While canned Muzak plays, a scrolling text denounces the corporate masquerade of commercial television to reveal the structure of profit that greases the wheels of the media industry. Television emerges as little more than a insidious sponsor for the corporate engines of the world. By appropriating the medium he is criticizing-using television, in effect, against itself-Serra employs a characteristic strategy of early, counter-corporate video collectives-a strategy that remains integral to video artists committed to a critical dismantling of the media’s political and ideological stranglehold. » Traduction possible sur le site du crac Languedoc Roussillon. Deliver peut vouloir dire libérer, mais l’adjonction d’un complément d’attribution en donne le sens d’offrir à, comme dans le 3e statement : Televison delivers people to an advertiser > La télévision offre les gens à un annonceur. Circonstances de son exposition en 1973, décrites par William Kaisen : « Given Television Delivers People‘s strident criticism of the medium’s connection to commerce, it’s remarkable (and exceptional) that it was shown on a commercial channel. But despite its gloomy tone, when taken whole, it produced exactly the kind of oppositional voice that its content seemed to deem impossible. It rerouted the mass distribution that broadcasting affords by welling up from within commercial television in opposition to the usual network fare. The alienation effects it used —including the collision between the soundtrack and the image, and the focus on television as a space for reading as opposed to watching— turned the piece into something completely unlike the typical television program or advertisement of the day. By forgoing imagery, Serra et Schoolman transformed a primarily iconic medium into a symbolic one, converting distracted television watching into an act of textual contemplation. In so doing, they increased the audience’s understanding, by comparaison, of how television usually delivers people into the hands of an advertiser on an endless flow of hypnagogic pictures. By stopping the flow of images, they broke with television’s lulling effect, which the Musak’s ironic counterpoint only heightened. Airing their work as the station sign-off, Serra and Schoolman had the last word for the night. Instead of sending viewers to sleep with patriotic clichés, Television Delivers People offered a jolt of critical analysis before bed. It suggested to viewers that television might yet be capable of delivering the people somewhere beyond the constraints of the new media state. »

« « La théorie de l’attachement », [est] un champ d’étude psychologique qui veut que les liens affectifs qui unissent deux personnes (un parent et son enfant, deux conjoints, etc.) sont de quatre types : sécurisant, anxieux-soucieux, distant-évitant, ou craintif-évitant, comme l’expliquait Mme Petriglieri, mardi 12 octobre, à l’invitation du Groupe carrière de l’association des anciens élèves de l’Insead, dans les locaux du chasseur de têtes Heidrick and Struggles, à Paris. » In Le Monde,  Chronique « Couples : aimez-vous mieux pour gagner plus ! » Par Annie Kahn

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Cover de la tape de Diggi Dysberg telle qu’annoncée par lui sur Facebook: « Je suis présent sur la sorte de « Tape » #Bestioles avec mes vieux potos Ryu MC, Croco Mort & Davy!! Voilà des MC’s réunis sur une espèce de Mini compile qui va être assez #Zinzin… Y’a des fourbes comme ПИРАТ НИТРО dans l’affaire, les reuftons Félix Marcy & Arthur Tehar Marcy, Des beats de Mikhaël Opï Nine & de Trigga Trigga Man,Le #Goblin qu’on nomme Johnny Gonzo pour les visuels, Le MARVYLLAIN à la console, et moi même à la A&R!! ÇA VA ÊTRE STRRRRANGE 😀 déjà disponible ». Lettrines végétalisées attaquées de toutes parts, grouillantes et terriblement vivaces mais impeccablement lisibles.

LOVE, du même artiste, mais en mode graffiti art de lettrines à taille humaine, si humaine, dont le contour comme la graisse subissent le même maelström interne sans affecter la lisibilité typographique voire en la décuplant.
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…à 2mn 16 s. de la fin de la vidéo, on aperçoit, au sol, le modèle imprimé sur un feuillet A4.

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Hall d’entrée de la Favela Chic : sur le mur à droite, 4 tirages sur papier A0 punaisés à même le mur, de dessins originaux A4 de J. Gonzo. Leur faisant face, 3 acryliques sur toile, décrites précédemment, se balançant quelque peu librement sur leur tige amarrée à une cimaise. Exposition Adorablement détestable#3, du 5 au 12 octobre 2016.

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