Documenta 14. Documenta Walks / Maria Eichhorn’s Rose Valland Institute


Photo: Benjamin Kiel. Image et texte repris d’un post d’Ann-Kathrin une médiatrice de la Documenta, sur facebook, qui soulève quelques questions à propos d’un genre artistique, difficile, présent de manière récurrente dans les deux Documenta :  l’«ART-ARCHIVE»*. Dans la pièce de Maria Eichhorn The Rose Valland Institute (Neue Galerie) prise en exemple ici, cette critique de l’histoire littéralement mise en œuvre interroge au présent, dans le champ de l’institution muséale et du marché de l’art, des éléments de son fonctionnement (pérennité du pillage des œuvres d’art de l’époque nazie, à l’image de celle de l’époque coloniale)* : Member of the Chorus**Ann-Kathrin about Maria Eichhorn’s Rose Valland Institute at Neue Galerie [dit]: « I am intrigued by Eichhorn’s critical take on history, a recurring theme in documenta 14. Who is writing history? Who can be cited? Who owns its artefacts? These issues provide a red thread through many artworks. It is not necessarily about pointing out facts, it’s more of a radical position that invites visitors of documenta 14 to raise further questions when they go home, to their work places, in other institutions. » Paths, routes, and parcours cross and intertwine, as visitors follow in the footsteps of Annemarie and Lucius Burckhardt (1930–2012; 1925–2003) and their method of strollology***. The practice of these two unconventional thinkers affiliated with Kassel’s town and landscape planning has been a point of departure to think about the act of walking. Joining a member of the documenta 14 Chorus, visitors can create their own lines of enquiry, questioning and entering into dialogue as they unravel and unfold documenta 14 together.

*L’art archive est le terme forgé (ou repris) par Philippe Dagen (dans un article paru dans Le Monde) qu’il explicite à propos de « l’œuvre de Maria Eichhorn, The Rose Valland Institute, « du nom de celle qui, au Jeu de paume, espionna les d’œuvres d’art volées par les nazis dans les collections juives françaises de 1940 à 1944. En plusieurs salles, Eichorn montre l’ampleur et la violence des pillages, le commerce intense qu’ils ont nourri, la complicité de tant de musées et de marchands et, depuis la fin de la guerre, la constance avec laquelle ceux-ci sont restés sourds et aveugles, à moins d’être contraints à avouer et à restituer par l’action des chercheurs et des médias. Documents incontestables et sourcés, commentaires précis sans pathos :L’ART-ARCHIVE est ici à son plus haut. La collection Gurlitt, découverte par hasard en 2013, y tient une place centrale —affaire non encore réglée. Eichhorn révèle aussi que le marchand nazi Hildebrand Gurlitt avait une sœur artiste, Cornelia, morte en 1919 à 29 ans. Ses estampes font songer à celles, contemporaines, de Dix et Grosz, ces ­«dégénérés» du IIIe Reich grâce auxquels son frère fit son ignominieuse fortune. » « Ainsi on lit dans le Beaux Arts, septembre 2017, page 135 : exposition du 2 novembre 2017 au 18 mars 2018 au Kunst Museum Bern « Collection Gurlitt, état des lieux: « l’art dégénéré » confisqué et vendu ».  Et le commentaire dans l’article de Charles Flours qui l’annonce: « le Kunst Museum Bern ne cesse d’enrichir ses collections de manière spectaculaire. L’un des apports les plus médiatisés concerne la collection Gurlitt, constituée par un marchand munichois sous le IIIe Reich : révélée en 2012, elle a été léguée par son fils au Kunst Museum Bern. Cet ensemble très important de 1500 œuvres, comprenant des toiles et des dessins de Gauguin, Cézanne, Monet, Renoir, Picasso, mais aussi du Blaue Réitère et de la Nouvelle Objectivité, fait l’objet d’une enquête poussée. Il s’agit de rétablir la transparence sur leur provenance et d’assurer le retour des pièces spoliées à leurs propriétaires légitimes. »

Dans deux salles adjacentes à celles de Maria Eichhorn, Fragments of Interlaced Dialogues (2017) de Sammy Baloji met à jour l’attitude muséale « post-colonialiste » ordinaire en six pièces : Copper Negative of Luxury Cloth. Kongo Peoples; Democratic Republic of the Congo, Republic of the Congo or Angola, Seventeenth–Eighteenth Century, Inventoried 1709 (2017), Copper Negative of Luxury Cloth. Kongo Peoples; Democratic Republic of the Congo, Republic of the Congo or Angola, Seventeenth–Eighteenth Century, Inventoried 1876. (2017), Reserve Collection of the Institute of the National Museums of Congo, Kinshasa. Views of Montuary Pottery from the Kingdom of Kongo and European Earthenware Traded between the 15th and 18th Centuries. (2017) Photograph; Vitrines with historical letter and seven mats of raffia fibers (Kongo Peoples; Kongo Kingdom, Democratic Republic of the Congo, Republic of the Congo or Angola, seventeenth–nineteenth centuries), Raffia and pigment. https://goo.gl/images/xKSiHp. Les six pièces sont des emprunts au  » Nationalmuseet, Copenhagen; et pour une pièce au Royal Museum for Central Africa, Tervuren, Belgium ».

**documenta 14 Walks accompanied by members of the Chorus are available in 20 different languages and deepen the expérience of the visit. http://www.documenta14.de/en/walks
***
 » Also called Spaziergangswissenschaft (knowledge about moving through space), strollology deals with human perception and its feedback into planning and building »: « We are conducting a new science, » Burckhardt explained to Hans-Ulrich Obrist in the preface to his book Why is Landscape Beautiful? « It’s founded on the idea that the environment is normally not perceived, and if it is, it tends to be in terms of the observer’s preconceived ideas. The classic walk goes to the city limits, the hills, the lake, the cliffs. But walkers also traverse parking lots, suburbs, settlements, factories, wastelands, highway intersections on their way to meadows, moors, farms. Coming home, when the walker tells what he has seen he tends to speak only of the forest and the lake, the things he set out to see, the things he read about, had geographical knowledge of, or saw in brochures and pictures. He leaves out the factory and the dump. Strollology deals not only with these prefabricated ideal images, but with the reality they eliminate. »
Également appelé Spaziergangswissenschaft (connaissance sur le passage à travers l’espace), la promenade traite de la perception humaine et ses retour d’information sur la planification et la construction »:« Nous menons une nouvelle science », explique Burckhardt à Hans-Ulrich Obrist dans la préface de son livre Why is Landscape Beautiful? «Il est fondé sur l’idée que l’environnement normalement n’est pas perçu , et si c’est le cas, il tend à l’être selon les idées préconçues de l’observateur. La promenade classique va aux limites de la ville, aux collines, au lac, aux falaises. Mais les marcheurs traversent aussi des parkings, des banlieues, des entreprises, des usines, des friches, des intersections routières sur le chemin des prairies, des landes, des fermes. De retour chez lui, quand le promeneur raconte ce qu’il a vu, il a tendance à ne parler que de la forêt et du lac, les choses qu’il avait projeté de voir, les choses qu’il a lues, ou dont il a une connaissance géographique ou qu’il a vu dans des brochures et sur des images. Il laisse tomber l’usine et la décharge. Strollology traite non seulement de ces images préfabriquées idéales, mais aussi de la réalité qu’ils éliminent. »

Cette science était nécessaire et implicite dans la pratique de déambulation à la fois dans les expositions nombreuses du type Art-Archive, demandant une attention à toute épreuve de lecture, d’observation d’éléments exposés en vitrines innombrables dans de grands espaces d’exposition, et le long des trajets entre les différents sites, nous  révélant la ville bombardée et reconstruite après la deuxième guerre.
Nous ne sommes pas allé.e.s à Peppermint 12 Untere Karlsstraße 834117.
During documenta 14, the office library of Lucius and Annemarie Burckhardt (1925–2003 and 1930–2012) resides at Peppermint. The practice of these two unconventional thinkers affiliated with the University of Kassel has substantially influenced the development of aneducation’s approach to “walking the city” as a way of learning. Inside Peppermint you can find Terminal, a space of quietude measuring just a few square meters featuring the simple elements of a chair, a table, a lamp, and a pair of sound-isolating headphones. Visitors may use the space to pause, to breathe, to slow down, to unclutter, to undo, to be silent. These activities—or anactivities—are also part of the complex of strolling, listening, reading, mapping, weaving, storytelling, and eating that form the intricate root system that is Peppermint.
Artistes : Lucius and Annemarie Burckhardt