mars 2015

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En 1982,  Jean-Paul Fargier est à New York avec Serge Daney

« Parmi mes autres souvenirs de ce voyage à New York figure en bonne place la visite que nous rendîmes à John Cage. C’est Joan Logue, pas rancunière, qui avait arrangé la rencontre avec son ami John, auquel elle avait consacré un de ses fameux « portraits vidéo » et plusieurs spots de sa série de pubs pour artistes produits par MTV. Je les avais programmés au festival de Montbéliard, où j’avais fait inviter Joan. Un an plus tard, envoyé à New York avec une centaine d’artistes pour participer à une manifestation géante d’art contemporain répartie dans une multitude de galeries de Soho (c’est à cette occasion que Sollers et moi avions performé Paradis Vidéo à la Kitchen, temple de l’art vidéo), Joan m’avait invité à résider dans son loft, qui se trouvait juste au dessous de celui de Nam June Paik et Shigeko Kubota. Le soir avant de m’endormir, j’écoutais ému les pas au-dessus de ma tête de ces deux stars de l’art vidéo, tandis que de l’autre côté de la cour, derrière des rideaux, passait la silhouette de Joan Jonas, autre pionnière de ce médium dont j’étais devenu un spécialiste à l’instigation de… Serge Daney. « Puisque tu fais de la vidéo, écris sur ce sujet, donne nous des articles sur les vidéastes », m’avait-il suggéré un jour, en tant que rédacteur en chef des Cahiers. Et j’avais entamé une chronique de la vidéo (art vidéo, vidéo militante, vidéo/cinéma) dans le Petit Journal. Quelques années plus tard, à la faveur d’un numéro spécial USA, Serge et moi nous nous retrouvions à New York, lui envoyé spécial des Cahiers, moi prolongeant le voyage payé par Jack Lang afin de faire quelques piges. Nous nous sommes répartis les rencontres de cinéastes, de vidéastes et artistes divers marquant la scène new-yorkaise du début des années 1980. Mais ensemble nous avons « fait » Coppola (au Waldorf Astoria, bonimentant le cinéma en vidéo Haute Définition) et John Cage.

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Nous voici dans l’antre verte du pape de la musique contemporaine. Sourire généreux, légendaire. Pendant une heure nous avons déambulé à sa suite dans les diverses pièces de son appartement, envahi de plantes. Il y en avait partout : posées sur le sol, installées sur des tables, des escaliers, accrochées à des rebords de fenêtre, dégoulinant de pots suspendus au plafond. On se serait cru dans une serre tropicale. John, riant dans sa barbe, nous faisait l’honneur de son royaume, nous présentait chacun des membres de cette tribu végétale, nous expliquait comment il s’y prenait pour les nourrir quand il quittait New York. De temps en temps Serge ou moi glissions une question (futile, à ses yeux, sans doute) sur son œuvre. Il nous répondait sans s’attarder, passant vite à la spécificité de telle fleur rare. Nous avons parlé ainsi debout sans jamais nous asseoir sur une chaise, un banc, comme si chaque question que nous posions nécessitait une réponse en mouvement, à entendre dans telle pièce plutôt que dans une autre. À la fin, comme on distribue des orangeades pour clore une soirée, John nous a donné des petits arosoirs afin que nous contribuions à l’entretien de ses protégés. Et nous voici versant, sous sa direction, une pluie bienfaisante sur des feuilles et des tiges dont nous avions déjà oublié le nom. Amusés et fiers d’être ainsi adoubés par le Maître du Silence comme jardiniers d’honneur. Quoi d’autre ? C’est tout. Les paroles volent, les actes symboliques restent. Impossible de remettre la main sur le numéro spécial USA, où la relation de cette expédition en territoire cagien devait tout de même retentir de quelques déclarations décisives. »
http://www.debordements.fr/spip.php?article176

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Royal Albert Hall, 22 August 2012, Robyn Schulkowsky performs Cage’s Branches for Amplified Cactuses and Plants (photo Chris Christodoulou)
http://www.musicalcriticism.com/concerts/prom-12-47-0812.shtml
http://johncage.org/pp/John-Cage-Work-Detail.cfm?work_ID=34
http://apocanympho.blogspot.fr/2010/07/wnyuorg-today-denmoza-fever-cactus.html

 


Denmoza Fever Pt. IV: Child Of Tree

http://www.designboom.com/architecture/luciano-pia-25-verde-treehouse-torino-italy-03-13-2015/

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http://www.designboom.com/architecture/sou-fujimotos-mirrored-gardens-china-03-16-2015/?utm_campaign=monthly&utm_medium=e-mail&utm_source=subscribers

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«La ferme du XXIe siècle sera citadine ou ne sera pas.

C’est en tout cas la vision partagée par Nicolas Leschke et Christian Echternacht. En 2012, ces deux entrepreneurs berlinois se lancent dans le projet un peu fou de construire la plus grande ferme aquaponique à usage commercial au monde. «Cette méthode garantit la culture de végétaux en symbiose avec l’élevage de poisson. C’est pour nous le futur de la production alimentaire», s’enthousiasme Nicolas Leschke, l’un des fondateurs d’ECF (Eco Friendly) Farmsystems. Un pari inédit en passe d’être gagné alors que l’établissement de 1 800 m² doit ouvrir ses portes en février dans le sud de la capitale allemande, entre un axe routier et des grands magasins.

Objectif pour ces deux pionniers: produire chaque année 30 tonnes de poissons et 35 tonnes de légumes. Depuis des mois, un container maritime leur sert de prototype. Une cuve pour l’élevage de poissons en eau douce est installée au rez-de-chaussée. Une fois filtrée, la même eau est réutilisée à l’étage pour la culture de près de 400 variétés de légumes. Un système fermé qui permet d’économiser jusqu’à 95% d’eau par rapport à l’agriculture traditionnelle. Mieux, les sécrétions des poissons servent d’engrais aux légumes. Plus besoin de pesticides ou d’engrais chimiques. «On diminue aussi sensiblement le bilan carbone en supprimant le transport des produits et la chaîne du froid», ajoute Nicolas Leschke.

Des arguments qui semblent avoir déjà convaincu des visiteurs berlinois particulièrement sensibles à l’écologie et attentifs à l’origine des produits qui terminent dans leur assiette.«On sera toujours plus cher que le supermarché discount. Le poisson coûtera par exemple 15 euros au kilo. Mais pour du poisson frais, élevé à Berlin, c’est tout à fait honnête», estime l’entrepreneur. Cette nouvelle révolution agricole répond aussi à l’urgence de la situation écoclimatique. Selon les Nations unies, 17% à 35% des émissions en CO2 sont dues aux activités agricoles qui consomment à elles seules 70% de l’eau douce disponible.Dans le même temps, la population des villes ne cesse d’augmenter. Malgré les contraintes de place, il faut donc produire au plus près du consommateur.

«Même à Londres ou Paris, on peut intégrer de tels systèmes, par exemple sur les toits des bâtiments, en réutilisant la chaleur qu’ils produisent, ou sur les parkings de supermarchés», détaille le gérant d’ECF Farmsystems, ajoutant qu’une surface minimum de 1 000 m² serait nécessaire pour rendre le projet rentable.Déjà récompensée par deux oscars en 2013 lors de la cérémonie internationale des start-up Cleantech Open aux Etats-Unis, l’entreprise berlinoise ambitionne maintenant de diffuser son concept dans le reste de l’Allemagne et dans le monde entier. Des producteurs dans l’alimentaire, des restaurateurs ou des exploitants de centrales solaires originaires de France, de Turquie et même d’Afrique du Sud ont déjà frappé à la porte. Les deux entrepreneurs n’en diront pas plus, ils préfèrent attendre l’ouverture du premier établissement à Berlin. Mais ils le savent déjà, l’agriculture urbaine a de beaux jours devant elle.»

Adrien Godet. «A la ville comme à la ferme» in Libération du 1er décembre 2014.


http://www.ecf-farmsystems.com/en/ecf-containerfarm
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Pari(s) plus modeste…
F(L)oin de la terre, l’agriculture urbaine hors sol dans le 20ème arrondissement de Paris
http://macadam-gardens.fr/blog/potager-hors-sol-paris-20/