« Je suis dehors*, cette idée me réconforte. Seule dehors, toute rencontre est possible. Je n’arrive pas à comprendre une nature qui ne serait pas en lien avec nous. Je m’intéresse à elle dans le quotidien, dans le plus proche. Je n’aime pas les vues d’ensemble, ni les vues d’en haut, les photos aériennes. C’est l’autre extrême du regard, celui d’aimer regarder toujours d’en haut, d’avoir une vue dominante, une vue qui organise et planifie. J’aime bien baisser le regard, regarder ce que j’ai sous les pieds. Je n’arrive pas à voir autrement qu’en détaillant les choses, en regardant ce qui est le plus près de nous. Depuis là-haut, toi et moi, on ne nous voit pas. Dans la nature, c’est toi et moi qui m’intéressent. Mais toi et moi, ça ne marche jamais tout seul, il nous faut toujours quelqu’un d’autre. Les autres, ce sont les gens, les amis, la nuit, les plantes, les animaux. Sans toi et moi, les autres n’existent pas. Je me suis attachée à ce qui m’entoure au quotidien, à ce qui peut sembler ordinaire. Ce regard est celui d’une étrangère. Notre regard est culturel et nous ne regardons pas tout seul. C’est d’un mouvement incessant entre le dehors et le dedans que notre regard se forme. Le regard est en nous, il observe, il distingue, il juge et fait la différence. Mon regard est lié à des odeurs d’enfance. Ici, je ne peux avoir de connaissance intime, première, de ce qui m’entoure. Le fait de ne pas avoir mes racines ici me permet d’aborder avec un regard différent ce qui peut sembler banal pour les autres. »
Liliana Motta
Éloge du dehors / 2014 publié dans Chimères n°14
texte en ligne https://www.cairn.info/revue-chimeres-2014-1-page-11.htm
*«Je reste en plein air à cause de l’animal, du minéral, du végétal qui sont en moi.» Henry David Thoreau, Journal.
le site de Liliana http://lilianamotta.fr/
Liliana participe à La preuve par sept, https://lapreuvepar7.fr/, un projet manifeste initié par Patrick Bouchain, « démarche expérimentale d’urbanisme et d’architecture qui travaille avec des porteurs de projets urbains, d’équipements, d’habitat, en cours de développement à travers la France, à 7 échelles territoriales : un village, un bourg, une ville moyenne, des territoires métropolitains, une métropole, un équipement structurant et un territoire d’outre mer. L’objectif : promouvoir le recours à la programmation ouverte ; dessiner de nouvelles manières de construire la ville collectivement, au delà du tandem élu-technicien ; promouvoir une réflexion ancrée dans la pratique quotidienne du terrain ; et revendiquer un droit à l’expérimentation par les montages et les usages. Conçue dès le départ comme ayant vocation à s’élargir et à fédérer différents acteurs, la Preuve par 7 est portée pour sa phase de démarrage par Notre Atelier Commun, association créée par Patrick Bouchain, et s’appuie sur les expertises de la coopérative Plateau Urbain et de l’agence Palabres.»
Le jardin des Hautes Haies dans la Sarthe
La collection du jardin des Hautes Haies créée par Liliana Motta, à Saint-Paul-le Gaultier, dans les Alpes Mancelles au sein du Parc Régional Normandie-Maine, s’est constituée autour des genres Polygonum, Reynoutria et Fallopia.
http://www.de-hors.fr/recherche/eloge-du-dehors/la-collection-de-polygonum/2/