élégie

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Étienne Boissier, acrylique sur papier, 50×65, collection particulière, d’après un Polaroïd juillet 1983 in Polaroïds photos de famille 1981-1994

Never controlling what we hear
Sounds that pound the ground
They are only fears

Clouds so darkly
Rise above whilst
We sink into a chemical wake up (clouds)
These are the things that helped me
And smoke a cigarette

Fill my time before
Now I am finding
These things that will mean more to me

I water my plants
And smoke a cigarette
Or go out for a walk
On my own, or with friends

I can water my plants
And smoke a cigarette
Or go out for a walk
On my own, or with friends

Alone in my own pocket for weeks
A lonely rubber sheath
Will it be used or will I wear out my shoes
Walking and walking
To find someone somewhere, where it might
It might be used

I am here and you are there
Nothing in this world’s ever fair
I’ve got long hair
You have not
I’m never going to have what you have got
I would like one job one day
Probably only last one day

I water my plants
And smoke a cigarette
Or go out for a walk
On my own, or with friends

I can water my plants
And smoke a cigarette
Or go out for a walk
On my own, or with friends

polaroid-1981-1994-2ePolaroids 1981 — 1994, album de photos de famille
édition Liliane Terrier © Nice-Savoie Design, 2 décembre 2020, 92 pages, A4, 522 polaroids

Les personnes par ordre d’apparition à l’image : Liliane, Étienne, Nicole, Jean-Louis, Claudine, Christian, Ugo, Maryline, Françoise, Jean-François, Alice, Émile, Chantal, Zorro, Laurent, Superman, Thomas, Yohan, Nabil, Romain
Les lieux : 1 rue Newton, La Boissière, Rosny-sous-Bois / Hôpital Saint-Vincent-de-Paul, Paris / Parc floral de Paris /Aix-les-Bains / Parc Montereau, Montreuil / Jardin des plantes, Paris / Combe-Laval, Drôme / Roissy-Charles de Gaulle, avion Paris-Toulouse / 93 bis rue de Montreuil, Paris
Les photographes : © Jean-Louis Boisser, Liliane Terrier, Étienne Boissier et quelques autres

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En exergue

« Nous sommes les ethnologues de nous-mêmes.» Edouard Glissant

«Peut-être devrions-nous tous le faire, ce boulot cathartique sain et artisanal, [« d’une façon très égocentrique, très stupide, très simple »*], un exorcisme sur mesure pour les images, à l’aide de vieilles photos exhumées de nos tiroirs, […] [fatras] d’émotion et de sentiments personnels coagulés, secrets, qui s’affiche alors au regard de tout le monde, comme un musée de l’âme.» in Cesare Cunnacia, Private on Walls.

* «Quand quelqu’un élabore des choses de son côté, d’une façon très égocentrique, très stupide, très simple, mais en même temps très honnête, très sincère, puis rend ce travail public et que d’autres personnes soudain reconnaissent leurs propres préoccupations dans ces choses faites par un autre, et qu’elles comprennent quelque chose ou ressentent quelque chose, là, et seulement là, il y a art.» Hans-Peter Feldmann, extrait d’un entretien avec Kasper König, Frieze, 91, mai 2005. Auteur de  Liebe/Love. Cologne : Verlag der Buchhandlung Walther König, 2006

Pola  printemps 1985. 93 bis

«De la mère à l’enfant il rendit les tendresses
De l’enfant à la mère il rendit les caresses !
De l’homme à sa naissance, il fut le bienfaiteur,
Et le rendit plus libre afin qu’il fut meilleur ! »

Estampage d’une partie de ce texte — éloge de Rousseau—, gravé sur la pierre  dressée à côté de la Table des mères, parc à l’anglaise du Chateau du Marquis de Girardin à Ermenonville.

 publié pour la première fois  le jeudi 21 mai 2009 à 16 h 11 min dans übersicht

Élégies :

«Doux souvenir de ce qui a existé, que l’on voudrait faire revenir et qui ne reviendra jamais.» Voir la série de films-essais Elégies d’Alexandre Sokourov.
Le choix délicat des photos de famille reproduites dans ce blog relève de cette notion.


J.-L. 18 mai 1970 (photomaton)


Quelle est la nature de l’art, quand il arrive à la mer?*, linogravure, octobre 2020, d’après une photo de famille


Mado Nantois-Vieil et Robert Vieil, Claudine Nantois-Terrier et Claude Terrier, Plage de la Tour rouge à Nice, été 1934. (Mariage de Claude et Claudine à Nice en février 1934).

*«Quelle est la nature de l’art, quand il arrive à la mer?» John Cage, in «Robert Rauschenberg, Artiste, et son œuvre», Silence, 1ère édition 1961

 

Sur le site du ciné-club de Caen à propos du film de Jean Vigo

« Il n’y a pas ici d’histoire à proprement parler, mais une suite de vues de Nice et de ses environs, sans commentaire, choisies et montées avec humour.

Un feu d’artifice. La roulette du casino. Un chemin de fer miniature. Des marionnettes balayées par le rateau du croupier. Les palmiers de Nice. Préparatifs du Carnaval : on construit des masques géants. La façade de l’hôtel Négresco. La Promenade des Anglais, avec ses riches oisifs, ses mendiants et ses camelots. Un hydravion se pose dans la baie, on joue au tennis ou aux boules, la foule se presse au rallye automobile de Monte-Carlo. Les femmes de Nice : vieilles et décaties, collet monté comme les autruches d’un zoo, changeant de toilette à la minute avant de s’exhiber complètement nues.

Un marin s’est tellement fait bronzer qu’il est devenu tout noir, un cireur de chaussures s’affaire sur un client pieds nus ! Envers du décor : des enfants déguenillés, le jeu ch-fou-mi au coin des rues, les rigoles d’eau croupie contrastant avec la blanche écume de la mer.

Et puis voici le Carnaval : débauche de confettis et de cotillons, fleurs jonchant le sol, filles dansant sur les chars. Un régiment défile, les navires de guerre croisent dans la baie, le buste de Gambetta domine la situation, un curé musarde, nez au vent, tandis que les cuisses des filles s’agitent en cadence et qu’une vieille retraitée obèse jubile en contemplant le spectacle.

Non loin de là le cimetière et ses mausolées dérisoires. La jeunesse turbulente se trémousse pendant que les cheminées d’usine fument comme des canons dressés vers le ciel. Le rire franc des autochtones a raison de l’excitation frivole de la cité en liesse. Carnaval est mort : il ne restera bientôt plus que des masques décrépits, voués au brasier.

Jean Vigo, pour son premier film, qu’il sous-titre « point de vue documenté », a cherché, avec son ami Boris Kaufman (apparenté au russe Dziga Vertov), à démystifier « l’apparence éphémère, fugitive, et que la mort guette, d’une ville de plaisirs ». Refusant le pittoresque facile, il construit son film sur des contrastes, des associations d’images-chocs. De l’amas de pellicule enregistrée (près de 4 000 m), il retient ce qui lui permet de faire – selon ses propres termes – « le procès d’un certain monde ». Son anarchisme, son humour corrosif se déchaînent.

Divers influences sont perceptibles dans ce court métrage d’un jeune cinéphile de vingt-quatre ans : celle de Stroheim, celle de Bunuel, celle d’Entract de René Clair.

Le film fut présenté en séance privée au Théâtre du Vieux Colombier, précédé d’une causerie de Jean Vigo : « Vers un cinéma social ». Son succès critique lui valut d’être distribué commercialement (aux Ursulines) et permit au jeune auteur de tourner un autre documentaire, plus « classique », sur le champion de natation Taris, puis d’entreprendre Zéro de conduite* »

* Nous avons assisté avec des amis à la projection de Zéro de conduite en 2014, dans le dernier séminaire de Jean Oury dans une salle en sous sol dans l’hôpital saint Anne. Il y avait dans la salle le cinéaste François Pain qui faisait un film sur Jean Oury dont on n’a jamais eu de nouvelles.