Une image floue, prise dans un après-midi, froid et nuageux, pression assez basse, dans un quartier bourgeois. La tenue des deux femmes a attiré mon attention. Habillées en plein de couleurs, en plein de matières différentes : cuir, laine, polyester, fourrure, feutre, et d’autres peut-être. Les cheveux teints bizarrement. Des lunettes de marque certainement, mais je ne suis pas capable de dire de quelles marques elles étaient, en tout cas des lunettes très stylées, esthétiques ou alors originales. Ce genre de femmes qui marchent assez vite, caquettent entre elles, savent que les gens dans la rue les regardent, regards curieux, regards moqueurs, regards étranges. Les femmes s’habillant de couleurs vives dans un paysage urbain, avec plein de matières différentes, souvent plus vieilles que leur silhouette de dos peut le suggérer, semblent peu naturelles. Pourtant les hommes s’habillant en couleurs vives à la mode africaine ou dans un style bien articulé, apparaissent juste « biens » et « beaux ». Dans la nature, ce sont des mâles qui s’habillent de manière voyante pour leur appel à but biologique, mais ce n’est pas la seule raison pour laquelle ces femmes me semblaient étranges. C’est le paysage urbain qui détourne la signification des figures. Le paysage est puissant face à tout ce qui est éphémère, car des êtres éphémères comme nous n’arriveront jamais à sentir le temps qui passe comme un paysage qui lui vit dans son temps long.