mars 2013

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Séminaire doctoral / Mondialisation *

La deuxième séance du séminaire a lieu le mardi 17 décembre 2013 à la Bibliothèque Kandinsky du Centre Pompidou. Eduardo Jorge y présente Peuples sans carte, cartes sans peuple.

« Son intervention prend comme point de départ l’exposition Cartes et figures de la terre réalisée au Centre Pompidou en 1980 et dont le commissariat à été assuré par Jacques Mullender et Glullo Macchi. Celle-ci donne à partir des années 80 un certain regard critique sur la cartographie. La question de la cartographie suscite alors des réflexions sur la représentation géographique, sur la configuration de l’espace et ses repérages à l’échelle des territoires. Depuis les « plateaux infinis » chez Gilles Deleuze et Félix Guattari, la philosophie contemporaine repense le terme de « cartographie » dans le sens d’un espace ouvert, donc d’un espace désormais rhizomatique, montable et démontable, qui finalement peut être dessiné et conçu comme une œuvre d’art et comme une action politique. Chez l’écrivain argentin Jorge Luis Borges, on trouve une carte aveugle, apparemment inutile et sans aucun sens d’orientation : la carte a changé d’échelle à cause de la rigueur d’une École cartographique. Cette carte apparaît dans le récit « Del rigor de la ciencia » (« De la rigueur de la science ») publié dans une section qui s’appelle « Museo » (« Musée »), au sein du livre El Hacedor (L’Auteur), en 1960. Dans ce texte, Borges pointe un problème épistémologique de la carte lié au sens de l’orientation : une carte qui coïncide avec la ville ou l’empire c’est une carte dépourvue de sens d’orientation. Lorsque cette carte est jetée dans le désert, elle devient un espace vague habité par les animaux et les mendiants que nous appellerons ici un peuple sans carte. D’une certaine façon, Borges leur confère un territoire, les a « territorialisés ». En reprenant cet aspect, plus précisément avec l’observation d’une carte du désert El Mreyye, au Mali, Christian Jacob nous présente une carte « blanche » comme un paysage de l’aporie[1], des formes changeantes, des régions sans peuple qu’à l’aide d’un système de repérage comme google maps, nous donne une simulation d’un monochrome de sable qu’on imagine d’abord comme une carte sans peuple. Devant cette « imagerie » des cartes blanches, monochromatiques ou aveugles par rapport à l’échelle 1:1, Eduardo Jorge proposera une exploration  des cartes d’artistes bouleversées par certaines lignes invisibles et par les migrations des images. Ce parcours ébauchera une forme de cartothèque des représentations qui s’appuiera sur le travail des artistes comme Lygia Pape**, Cildo Meireles et Guillermo Kuitca. »

Eduardo Jorge est doctorant en Théorie de la Littérature et Littérature Comparée à l’Université Fédérale de Minas Gerais – UFMG (Brésil) et en Philosophie à l’École Normale Supérieure – l’ENS (Paris). Il mène une recherche sur l’animalité entre la littérature et les arts visuels sous la direction de Maria Esther Maciel et Dominique Lestel.

[1] JACOB, Christian. « Sable, neige, eau ». Cartes et figures de la Terre. Paris : Centre Georges Pompidou, 1980. p. 221

http://ed-histart.univ-paris1.fr/page.php?r=59&id=243&lang=fr
** http://i-ac.eu/fr/artistes/575_lygia-pape

http://www.serpentinegalleries.org/exhibitions-events/lygia-pape-magnetized-space