REMONTRANCE définition (Dictionnaire historique de la langue française)
A. − Surtout au plur. Discours par lequel on montre à quelqu’un ses torts, ses erreurs, pour l’engager à se corriger. Synon. réprimande.Faire de sévères remontrances à un enfant; adresser à qqn d’amicales remontrances. Ce que n’avaient pas fait les insolences sublimes et burlesques du capitaine, la remontrance courtoise de mon père jeta monsieur de Lessay dans une colère furieuse (A. France,Bonnard,1881, p. 399).Des soldats italiens (…) passé six heures du soir, s’arrogeaient le droit, hier et avant-hier soir, de canarder les passants attardés; ce qui leur valut, me dit-on, de vives remontrances de la Kommandantur (Gide,Journal,1942, p. 149).
B. − HIST. DES INSTIT.
1. Au plur. Discours adressé au roi par le Parlement, ou les autres cours ou encore par les États ou assemblées de notables, à l’occasion de l’enregistrement d’une ordonnance pour faire état de ses inconvénients éventuels. Itératives remontrances. Le Parlement de Paris, dans ses remontrances sur le ministère de Mazarin, rappela les promesses de Henri IV (Staël,Consid. Révol. fr., t. 1, 1817, p. 113):
− P. ext. Protestation officielle élevée contre le pouvoir ou ses représentants. Tous vos maréchaux (…) supplièrent eux-mêmes Buonaparte à Wilna, il y a deux ans, d’arrêter sa course sanglante à travers notre sainte Russie. Dès le mois de juin dernier, lors de l’armistice, ils ont renouvelé leurs remontrances! (Adam,Enf. Aust.,1902, p. 144):
Anne Cheng, dans la séance 6 janvier 2022 au Collège de France de son cycle de cours « La Chine est-elle (encore) une civilisation » développe cette notion de REMONTRANCE, [https://www.college-de-france.fr/site/anne-cheng/course-2022-01-06-11h00.htm]
Le terme est emprunté à Léon Vandermeersch par Anne Cheng à propos d’une forme d’opposition pratiquée aujourd’hui par des paysans chinois cantonnais, chassés de leurs terres à des fins de construction d’un «’îlot d’immeubles écologiques». La notion est elle-même équivalente du Satyagraha (du sanskrit सत्याग्रह) ou « attachement ferme à la vérité » (satya = vérité, āgraha = attachement, obstination), principe de contestation et de résistance à l’oppression par la non-violence active, pratiquée par Ghandi. Bel hommage que livre Anne Cheng, dans la fin de sa séance, à la fois à Léon Vandermeersch, grand sinologue disparu cette année, à Gandhi et à ces paysans chinois, dont l’action de maintien sur leurs terres est retracée dans le film Guangzhou une nouvelle ère de Boris Svartzman dont Anne Cheng parle dans sa séance.