«Dead drops, des fichiers fichés dans les murs. Libération. Marie Lechner
«Dead Drops est un réseau peer to peer de partage de fichiers, mais au lieu de se déployer en ligne, il se manifeste en dur dans l’espace public sous la forme de clés USB cimentées dans les murs. Aram Bartholl, artiste berlinois, a débuté son projet en 2010, au centre d’art Eyebeam à New York, installant plusieurs clés afin que chacun y dépose ou télécharge des fichiers en tout anonymat, en y branchant simplement son ordinateur portable.
Dead Drops est une version actualisée de la «boîte aux lettres morte», caches discrètes utilisées par les espions pour échanger des infos secrètes. Aram Bartholl a mis en ligne un manuel invitant à propager les Dead Drops à travers le monde, selon le mot d’ordre «Uncloud your files in cement» («dé-nuager vos fichiers dans le ciment»), massivement suivi, à la surprise de l’artiste. Un site cartographie les emplacements des clés sur la planète entière : 1 088 Dead Drops ont été recensées, correspondant à 4 713 gigabytes, en Arménie, en Normandie, à Dakar, à Honolulu… On y trouve parfois le nom de son créateur ou son contenu, mais la plupart du temps, pour savoir ce qui s’y trouve, il faut se rendre sur place et débusquer le Dead Drop.
Certains les utilisent pour promouvoir leur musique, d’autres pour organiser des expositions. «Connecter son ordinateur sur une clé déposée dans l’espace public peut comporter des risques, mais finalement pas plus que lorsqu’on surfe en ligne», estime Aram Bartholl. Un dispositif low-tech qui rappelle aussi l’époque où se refiler des CD gravés de warez était le seul moyen de partager des fichiers.»