À la bibliothèque Kandinsky. Plus jamais seul

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Sur les tables de lecture de la bibliothèque, display de documents et flyers constitutifs du livre Plus jamais seul dont des exemplaires sont disponibles sur celles-là. Ce livre est une forme de rétrospective des expositions proposées par l »agence » Standards, création d’un collectif d’artistes-curateurs rennais (dont font partie les deux garçons à veste rouge et maillot rayé que l’on voit sur la photo):
« Cet ouvrage rétrospectif rassemble les cinq années d’expositions et de projets culturels organisés par Standards depuis 2008, et pour lesquels il a beaucoup été question d’objets, de leurs présences, de leurs auteurs et propriétaires, des moyens et des manières de les montrer, de les rendre visibles, et surtout de jouer avec les paroles et les sens qu’ils entraînent avec eux. Tout ce temps, toutes ces rencontres et ces discussions peuvent être considérées comme l’élaboration inconsciente et spontanée d’une méthode, permettant ainsi “d’apercevoir dans chaque objet une question”. Cet objet, le livre, est conçu et édité par Holoholo. »

Kenzaburo Oe. Adieu, mon livre !

[Article paru dans Le Monde et qui disparu à la lecture pour les non-abonnés.]
Kenzaburô Ôe n’a jamais cessé de penser chacun de ses livres comme s’il s’agissait du dernier. Mais est-ce vraiment le cas avec ce nouveau roman ? Dans Adieu, mon livre !, un double de l’auteur, Chôkô Kogito, écrivain vieillissant retiré dans sa maison, tente de penser la crise que vit son pays en la reliant à la fin de sa propre existence. Comme Kogito et la civilisation qu’il incarne, le Japon de Ôe serait-il sur le point de disparaître ? A Tokyo, Le Monde a interrogé le Prix Nobel (1994) de littérature.

Adieu, mon livre !, paru au Japon en 2005, est, dites-vous, votre dernier roman. Un écrivain sait-il vraiment s’il écrit son dernier livre ?

J’ai publié mon premier roman à 22 ans. J’en ai aujourd’hui 78. Au cours de ces années, je me suis dit à trois reprises que j’allais arrêter d’écrire des romans. Que celui que j’écrivais serait le dernier. Pendant des périodes de trois à cinq ans, je n’ai publié que dans des revues ou des journaux des articles qui ont été réunis par la suite (Notes de Hiroshima, 1965, Notes d’Okinawa, 1970). Au cours de ces « entractes », je lisais des poèmes en anglais. Je choisissais un auteur et j’absorbais toutes ses œuvres. C’est ainsi que j’ai connu William Blake, William Butler Yeats, T. S. Eliot… Puis, influencé par ces poètes, je me remettais au roman. J’ai pensé, effectivement, que Adieu, mon livre ! serait le dernier. Mais j’ai continué à écrire des essais sur la société, à accumuler des notes…

Vous dites que, longtemps, vous n’avez pas compris un passage de L’Enfer de Dante : «Tu comprends ainsi que notre connaissance/sera toute morte à partir de l’instant/où sera fermée la porte du futur »…

Après Fukushima, j’ai renoncé au travail que j’avais en cours. Cent jours après la catastrophe, j’ai entrepris un autre ouvrage, qui a commencé à paraître en revue. Dans ce travail, qui s’intitule en anglais In Late Style (« Dans le style tardif »), en référence à Edward Saïd (On Late Style, Pantheon, 2006, traduit en français —Du style tardif— chez Actes Sud, 2012), je réponds partiellement à cette question. Après le 11 mars, j’ai mieux compris Dante. J’ai aujourd’hui le sentiment que le Japon traverse un de ces moments où l’avenir semble fermé : les connaissances que nous avions sur le monde et la société paraissent dénuées de sens. Adieu, mon livre ! retrace un cheminement intérieur, le mien, qui coïncide avec la catastrophe collective que vit le Japon.

Que voulait dire Edward Saïd ?

Saïd, qui était né la même année que moi, a été emporté par la maladie. Il a parlé de la « tension qui n’est ni sereine ni harmonieuse » et d’une « sorte de production délibérément improductive » au soir de la vie. Il a bien saisi que, contrairement à des artistes qui atteignent la maturité avec l’âge, d’autres sombrent dans une crise, dans un état de mal-être, de crispation. Comme Ibsen ou Beethoven dans leurs dernières œuvres. Depuis le 11 mars, je sens dans la société japonaise les symptômes avant-coureurs d’une fin qui coïncide avec la dernière phase de ma vie. C’est ce sentiment personnel que je veux rendre sur différents registres : ces textes formeront le recueil du style de la dernière phase de ma vie.

C’est-à-dire ?

Milan Kundera a parlé du « retour à l’essentiel » de l’écrivain au soir de sa vie. Je continuerai à vivre le temps qui reste en pensant que la morale de l’essentiel consiste à laisser aux générations suivantes un monde qui mérite d’être vécu.

En exergue à Adieu, mon livre !, vous citez T. S. Eliot : « Que je n’entende pas parler de la sagesse des vieillards mais bien plutôt de leur folie »…

Folie n’est pas à prendre ici au sens propre. C’est une folie atténuée, pas un délire. Pour ma part, je suis attaché aux petites choses de la vie mais je crois aussi qu’il ne faut pas renoncer à défendre de grands idéaux, comme le pacifisme de la Constitution japonaise. Avant de se donner la mort, l’écrivain Ryunosuke Akutagawa (1892-1927) évoquait la « vague inquiétude » qui l’habitait. Dans son cas aussi, deux catastrophes semblaient coïncider : l’une personnelle, l’autre collective (le Japon allait sombrer dans le militarisme).

N’est-ce pas ce que vous exprimez aussi dans Adieu, mon livre ! ?

Akutagawa a utilisé cet adjectif « vague » en pleine conscience pour rendre ce qu’il ressentait. Mon livre n’est pas dicté par un sentiment imprécis mais très prégnant. Cela ne signifie pas qu’il est plus facile d’y faire face qu’à la « vague inquiétude » d’Akutagawa.

Vous avez toujours été engagé dans des combats de votre époque —démocratie, pacifisme, mouvement antinucléaire… Plus que politique, votre engagement semble avant tout moral.

C’est exact. Je n’ai jamais participé aux activités d’un quelconque parti politique. En ce sens, je ne suis pas un écrivain engagé. Mais la vulnérabilité fondamentale de l’homme a été le thème essentiel de tout ce que j’ai écrit et reste au cœur des combats que je mène.

Comme votre première visite à Hiroshima, qui vous a fait découvrir l’horreur du bombardement atomique et marqua à jamais votre réflexion, la catastrophe de Fukushima est devenue un thème obsédant au soir de votre vie.

Les survivants atomisés de Hiroshima ont continué à participer à des mouvements pour empêcher que d’autres ne subissent le même sort. Fukushima a fait de nouvelles victimes de l’atome. Dans le cas de Hiroshima, les Japonais ont compris l’horreur des armes nucléaires mais ils ont été insensibles au danger que représentent les centrales atomiques. Après avoir vécu le 11 mars 2011 et ses suites, et réclamé la sortie du nucléaire, ils ont commencé à se démobiliser. La mémoire de Fukushima est-elle appelée à s’éteindre ? Voilà la question lancinante qui est au cœur de mon « style tardif ».

POLITIQUE D’URBANISME DANS LE JEU CULTE GTA

POLITIQUE D’URBANISME DANS LE JEU CULTE GTA est le titre de l’article de Nicolas Nova publié en 2011 sur le site OWNI http://owni.fr/2011/04/25/les-villes-de-gta-level-design-mobilite-et-urbanisme. Cet article est repris et publié dans la revue-application numérique interactive EV Écriture vidéoludique, Mutations culturelles issues du jeu vidéo*, volume 2, publiée fin 2013, accessible en téléchargement sur le site de la librairie éditrice numérique ABM, http://www.artbookmagazine.com/ pour la lire sur son iPad. Les procédures de téléchargement sont aussi ouvertes sur la page d’accueil de la revue EV: http://www.ecriture-videoludique.fr, réduites à une page d’accueil, mais à partir de laquelle on peut accéder à des vidéos-interviews, très intéressantes, qu’on retrouve dans les pages d’articles de la revue numérique sur tablette. Le retour en ligne, à partir de la revue numérique —il est dit en page d’ouverture: «cette revue-application requiert une connexion wifi pour les vidéos»—, s’applique donc pour ces vidéos et sur les hyperliens attachés aux noms de chacun des auteurs de la revue figurant sur la page finale des crédits. On a ainsi accès aux sites et blogs persos et professionnels de ces auteurs, ce qui ouvre le champ d’investigation des problématiques soulevées. Il existe aussi quelques hyperliens à partir de pages spécifiques —ainsi pour accéder à AppStore et obtenir le jeu dont il est question sur l’une d’elles, ou aller sur le site d’un événement dont un article parle (CityGame)— mais le retour vers la revue n’est pas prévu ? Ou alors je n’ai pas trouvé comment.

*Une de ses références bibliographiques est l’article titré ET SI ÊTRE UN TUEUR AIDAIT A MIEUX NAVIGUER DANS LA VILLE ? http://transit-city.blogspot.fr/2009/06/et-si-etre-un-tueur-aidait-mieux.html?referrer=Baker publié en 2009 sur le site Transit City.

**Concept de la revue Écriture vidéoludique:

« Écriture-Vidéoludique se veut le lieu des expériences visuelles et textuelles les plus originales, les plus décalées et les plus subtiles autour du jeu vidéo.
Voici un an que nous nous sommes lancés dans l’aventure de cette «revue-application». Après un premier numéro sorti en novembre 2012, nous sommes heureux de vous présenter aujourd’hui le second Écriture-Vidéoludique.
Vous retrouverez les quatre rubriques du premier volume : Profil Pic, L’Encre Électronique, Concept Zone et OUTSIDE.
Nous les avons pensées autour de «L’espace du programme», ou comment l’espace de jeu dialogue avec le programme et produit des formes qui élargissent notre perception. De l’environnement 3D, à l’architecture numérique, en passant par le musée, la ville et le détournement artistique, le périmètre de réflexion est large et fertile. »

Lien > «Dan Houser. L’Amérique est devenue encore plus détraquée»:  http://lantb.net/uebersicht/?p=7443

Gaël Masquet. OpenStreetMap. France

In Libération
Conquistador du Data territoire. Portrait de Gaël Masquet
CE DÉFENSEUR DU LIBRE VEUT FAIRE GRANDIR LA CARTOGRAPHIE OPEN SOURCE.
Par GABRIEL SIMÉON

« De retour au Numa après une tournée aux Antilles, Gaël Musquet serre des mains, plaisante dans les couloirs. Dans cette place forte du numérique parisien, cet adepte du logiciel libre et de l’open data est chez lui parmi les développeurs, start-uper et autres graphistes free-lance. Sa casquette de président de la communauté française d’OpenStreetMap (OSM), la carte numérique libre et collaborative lancée par le Britannique Steve Coast en 2004, l’a rendu incontournable. «J’ai un rêve : voir émerger l’Airbus de la cartographie en ligne pour faire face au Boeing qu’est Google Maps», lance-t-il, tel un Martin Luther King de la donnée libre.

CYCLISTES. Malgré les «sollicitations permanentes» à quelques semaines de lâcher les rênes de l’antenne française d’OpenStreetMap pour se consacrer à des projets «plus concrets toujours au sein d’OSM», ce Guadeloupéen de 33 ans reste zen : «La première force d’OSM, ce sont les hommes et les femmes qui y contribuent, qui vérifient, ajoutent, corrigent.» Ils seraient plus de 3 000 bénévoles actifs en France, geeks, cyclistes, randonneurs ou moines, traçant chaque jour plus de 1 000 kilomètres de routes, chemins et autres limites d’évêchés sur le modèle de l’encyclopédie en ligne Wikipédia. Résultat : une carte mondiale, dans l’ensemble précise, riche et actualisée. Et surtout libre d’accès et d’utilisation.
«Cette démarche citoyenne change le rapport au territoire, estime Gaël Musquet. Certains tentent de renseigner la présence de passages piétons, d’installations sportives ou de défibrillateurs, de relier les noms de rues à leurs fiches Wikipédia.» Car ce qui se joue derrière cette réalisation va bien au-delà de la recherche d’itinéraire. «C’est un devoir de redonner toutes ces informations au citoyen, l’Etat et Google ne doivent pas en avoir le monopole. Sans logiciel libre, pas d’Internet ; sans données libres, pas de GPS, rappelle-t-il. Une carte ouverte favorise aussi l’émergence d’un écosystème d’innovation. Industriels et start-up peuvent récupérer ces données pour créer de nouveaux services et parfois améliorer la carte. C’est un cercle vertueux.» Le média social américain Foursquare a déjà basculé une partie de ses services sur OpenStreetMap. La SNCF, en plein recensement cartographique des 300 gares d’Ile-de-France, serait «fan». Le service a aussi démontré son utilité dans la gestion des crises humanitaires en mobilisant des communautés afin de faire ressortir les zones en manque de vivres ou de matériels.
Pour comprendre l’origine de l’engagement de Gaël Musquet en faveur de l’open data et de la cartographie, il faut revenir en 1989, l’année où sa Guadeloupe natale est ravagée par le cyclone Hugo. Arrachée à la colline voisine par de terribles rafales, une énorme cuve termine son vol sur la façade de la maison familiale. Sans faire de victimes mais causant suffisamment de dégâts pour marquer le gamin. « Le ciel avait une couleur rougeâtre apocalyptique. J’ai vu l’œil du cyclone.» Il se jure de tout faire pour améliorer la vie des insulaires. Au lycée il est comblé lorsqu’il accède enfin à ses premiers « Data », des relevés infrarouges des cyclones approchant les côtes. Il opte pour la météorologie et veut la faire rimer avec redistribution: à 16 ans, il crée des scripts pour récupérer automatiquement les corrigés d’exercices sur l’ordi de son prof de «méca» (ensuite partagés avec la classe); à 21 ans, il met au point des capteurs permettant d’évaluer la hauteur des nuages. «J’échangeais des mails avec les ingénieurs du Goddard Space Flight Center [l’agence météo de la Nasa] mais j’étais loin d’avoir la même relation avec les météorologues français.
Après des passages en école d’ingénieurs et à la fac sur le Vieux Continent, il décroche un poste de chargé d’étude pour le compte du ministère de l’Ecologie dans un centre près d’Aix-en-Provence. C’est là qu’il découvre OpenStreetMap : «J’avais besoin de fonds cartographiques pour valider des scénarios d’implantation de giratoires dans des zones d’activité, mais ceux qui m’intéressaient n’étaient pas à jour sur OSM, l’IGN et encore moins sur Google Maps.» Avec ses deux enfants, il s’amuse alors à dessiner lui-même des bouts de carte. L’association d’entreprises parisiennes Silicon Sentier le repère et lui propose d’œuvrer à structurer la communauté naissante des « open cartographes » français. […]

Des drones

In Libération
Facebook : des amis et des drones par milliers
HISTOIRE.

L’acquisition à 19 milliards de dollars (14 milliards d’euros) de WhatsApp par Facebook a totalement occulté une autre emplette du social network au montant bien plus modeste mais aux visées stratosphériques : selon TechCrunch, le géant californien vient de finaliser le rachat du fabricant de drones Titan Aerospace pour 60 petits millions de dollars.

Des drones pour quoi faire quand on a déjà 1 milliard d’«amis» ? Réponse : le patron de Facebook, Mark Zuckerberg, a décidé d’amener l’Internet (et son business) partout là où il est absent, c’est-à-dire dans les pays pauvres. Avec Titan, il projetterait de construire 10 000 drones qui survoleraient en permanence l’Inde ou l’Afrique pour servir de relais Internet. Une solution qui s’avérerait bien moins coûteuse que de lancer des satellites.

Google a eu la même idée avec son projet Loon qui ferait, lui, appel à une flotte de ballons évoluant précisément dans la stratosphère.

Liens
http://www.freewaydrone.com
Grégoire Chamaillou, théorie du drone
http://lafabrique.atheles.org/livres/theoriedudrone