Mois : avril 2015
Mur végétalisé
Le Lac du Bourget entre Brison Saint-Innocent et Chindrieux. Ce qui fait mur végétalisé, c’est cette falaise du sud du massif du Jura, dans le prolongement de la Dent du chat, et qui tombe presque à pic dans le lac. La photo est prise au iphone posé-« collé » sur le rebord d’une vitre du wagon n°7 du TGV Annecy-Paris de 19h 08 (heure du départ de la gare d’Aix-les-Bains).
Aby Warburg ou la tentation du regard 1/.
« Parfois, il me semble que j’essaie, comme psycho-historien, de déceler la schizophrénie du monde occidental à partir de ses images, et comme dans un réflexe autobiographique : d’un côté la nymphe extatique (maniaque) et de l’autre le douloureux Dieu fluvial (dépressif), comme les pôles entre lesquels l’homme sensible, donnant fidèlement forme à ses impressions, cherche son propre style dans l’acte créateur. L’antique jeu de contraste entre vie active et vie contemplative. »
Aby Warburg, Miroirs de faille, à Rome, avec Giordano Bruno et Édouard Manet, 1928-1929, presses du réel, 2011, p. 109.
Cette citation sert d’exergue au livre de Marie-Anne Lescourret, Aby Warburg ou la tentation du regard, Hazan, 2013
Roland Barthes. Vivre ensemble, la distance critique
Extrait de la dernière séance du cours «Comment vivre ensemble». http://www.ubu.com/sound/barthes.html
Nous savons qu’en éthologie, dans les groupes animaux les plus serrés, les plus individualisés, les animaux qui vivent en ban ou en vol, les espèces apparemment les plus grégaires règlent cependant la distance interindividuelle, et cette distance réglée entre les individus qui vivent pourtant très serrés les uns contre les autres, cette distance, ça s’appelle la distance critique. Et bien je pense que le problème le plus important du vivre ensemble, ce serait de trouver et de régler la distance critique, la distance au-delà ou en de ça de laquelle il se produit une crise. Il ne faut jamais oublier l’étymologie, et le mot critique doit être attaché au mot crise. La critique littéraire, par exemple, on aurait toujours intérêt à penser qu’elle vise à mettre en crise, ceci est une parenthèse.
Ce problème de la distance critique est d’autant plus aigu aujourd’hui que dans notre monde industrialisé, ce qui coûte cher, c’est-à-dire le bien absolu, c’est la place, c’est ça qui coûte cher : avoir de la place, dans les maisons, dans les appartements, dans les trains, dans les avions, dans les séminaires, le bien véritablement luxueux, c’est d’avoir autour de soi de la place, c’est ça qui coûte le plus cher, c’est avoir autour de soi quelques uns mais pas beaucoup, c’est là le problème typique de l’idiorythmie*.
[*«Régime de certains monastères du Mont-Athos qui, à la différence des communautés cénobitiques, permettent à leurs moines de s’organiser individuellement » (Foi t. 1 1968)]
Si on imaginait une sorte de règle télémique*, calquée sur la règle monastique, cela pourrait donner ceci.
[*Proxémique et télémique. La télémique s’oppose à ce qui a été si longtemps notre dimension privilégiée, sinon unique, qu’Edward Hall appelle à juste titre la proxémique, soit l’aménagement de nos faits et gestes et de nos comportements culturels dans l’espace proche, celui que nous constituons autour de nos corps, autour de nos proches, – famille, ethnie, langue. Partant de la régulation de la distance chez les animaux, l’auteur éclaire de façon convaincante ce qu’il en est de nos espaces visuel, auditif, olfactif, tactile, thermique, que nous organisons en fonction d’une dynamique subtile, presque toujours implicite, pour ne pas dire secrète, en distance intime, en distance personnelle, en distance sociale, en distance publique selon les circonstances, selon les personnes en présence, leurs places et leurs intérêts respectifs, compte tenu de la variété des cultures qui organisent nos significations.
En revanche les moyens techniques mis en œuvre aujourd’hui, tels le train, l’automobile, l’avion, les fusées, les navettes spatiales, constituent le phénomène télémique qui affecte de plus en plus l’ensemble des individus et des entreprises, entraînant à la fois des changements de nos comportements et de notre environnement. A noter que les moyens télémiques évoluent toujours plus en réseaux : réseaux routiers, réseaux ferroviaires, réseaux aériens, réseaux informatiques dont INTERNET préfigure le superréseau planétaire. René Berger, 5.12.1998] http://college-de-vevey.vd.ch/auteur/cybergraines.htm
Dans le règle de Saint Benoît, qui est une règle cénobitique, l’abbé doit donner en propre à chaque moine des objets. Une fois que le moine est intégré dans le couvent, l’abbé lui donne en propre, des objets : un vêtement, une tunique, des souliers, des bas, une ceinture, un couteau, une aiguille, un poinçon pour écrire… et des tablettes. Il s’agit ici d’un don d’objet, qui à l’époque se fait selon le besoin vital. Tous ces objets représentent le minimum nécessaire et significatif. Car à cette époque, ce qui coûte, donc qui fait un objet de don déclaré, ce qui coûte, ce sont les objets fabriqués. Il ne faut pas oublier cette règle très simple d’économie historique. L’objet fabriqué a été pendant des siècles le véritable étalon de la richesse. Au 18e siècle, la fabrication des miroirs, c’est ce qui coûtait le plus de journées de travail de l’ ouvrier. L’objet fabriqué, c’est ce qui pouvait vraiment faire l’objet d’un don essentiel. Or, aujourd’hui, dans la société dite de consommation, l’objet fabriqué ne peut plus avoir ce caractère d’étalon parce que ces objets sont trop faciles à acquérir ou à donner et trop bon marché. Ils ont trop peu de valeur pour constituer un don consacrant. On n’imagine pas un abbé de monastère donnant solennellement comme objet au moine au moment de son initiation, un stylo bille, un cahier, un couteau…
Ce qui coûte aujourd’hui ce ne sont pas les objets fabriqués, c’est la place. Ce qu’on peut donner de plus précieux à quelqu’un, c’est de lui donner de la place. Dans une règle utopique, le don essentiel ce serait le don de place, qui assure la distance critique .
Cette distance critique entre les membres de la petite communauté idiorythmique, c’est une distance qui est dotée d’une valeur au sens fort du terme. Cette valeur ne doit pas être prise dans la perspective mesquine d’un simple quant à soi. La distance critique n’essaie pas seulement de préserver un petit quant à soi dans le vivre ensemble. Je rappelle que Nietzsche fait de la distance entre les êtres une valeur forte, une valeur rare. Et je le cite dans une formulation qui aujourd’hui sonne d’une façon excessive et provocante mais par là même très réveillante. Je le cite : « l’abîme entre homme et homme, entre une classe et une autre, la multiplicité des types, la volonté d’être soi, de se distinguer ce que j’appelle le pathos des distances est le propre de toutes les époques fortes.»
La tension utopique qui gît dans le fantasme idiorythmique vient de ceci. Ce qui est désiré dans l’utopie idiorythmique c’est une distance qui ne casse pas l’affect, c’est cette quadrature du cercle, une distance qui ne brise pas ou qui n’uniformise pas l’affect et l’expression «pathos des distances» me paraît une très belle expression dans la mesure où elle fonctionne un peu comme quelque chose de presque impossible à réaliser, une distance pénétrée, irriguée de tendresse, un pathos où entrerait à la fois de l’eros et de la sophia.
Peut-être en son genre, avec les distinctions d’époque et d’idéologie, comme ce que visait Platon, sous le nom de sofronystère, c’est un mot construit comme phalanstère ou ascétère. On pourrait imaginer un sophronystère où on marierait eros et sophia.
On rejoindrait ici cette valeur que j’essaie peu à peu de définir sous le nom de délicatesse, mot quelque peu provocant dans le monde actuel. Vivre ensemble selon la délicatesse voudrait dire vivre vis à vis des autres à la fois dans la distance et dans les égards, ce serait accomplir ou réaliser une absence de poids dans la relation et cependant une chaleur vive de cette relation et le principe de délicatesse ce serait de ne pas manier l’autre, de ne pas manier les autres, de ne pas manipuler, de renoncer activement aux images des uns et des autres, et d’éviter tout ce qui peut alimenter l’imaginaire de la relation, tout ce qui peut alléger ou annuler ou périmer l’imaginaire d’une relation c’est proprement utopique puisque c’est l’image même du souverain bien. Une relation d’amour sans image, ce serait une relation parfaite et en quelque sorte éternelle. Voila pour l’utopie.
Risotto de Nyon
Au bar O’ bord, entre le lac et l’Usine à gaz où se joue Visions du réel
Le dossier Passage Turquetil. 1. 1.
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Récit rapide de la demande de création d’un mur végétalisé dans la première partie du passage Turquetil, Paris 11e, auprès de la mairie de Paris (internet) et auprès de la mairie du 11e arrondissement — 5 Août 2014 – 15 Avril 2015 —
Cela s’est passé par courriels avec Joëlle Morel, élue aux espaces verts, biodiversité et plan climat, puis par une rencontre en février 2015, puis par la participation récente à la réunion du comité de quartier et à la rencontre à «Enjardinons-nous», à la mairie du 11e, avec une personne de la commission «Espace vert et propreté» du comité de quartier.
Premier courriel
De : Marie-Christine et Liliane à l’adresse de Jöelle Morel,
Envoyé : mardi 5 août 2014 18:44
Objet : Création d’un mur végétal, passage Turquetil, Paris 11e
Madame,
Écologistes convaincues et lassées du mur gris et aveugle qui donne sur nos fenêtres passage Turquetil, nous sommes deux copropriétaires désireuses d’initier la création d’un mur végétal dans cette rue. Pourriez-vous nous fixer un rendez-vous pour nous informer des différentes démarches nécessaires à la réalisation de ce projet.
Dans l’attente de votre réponse,
Acceptez, Madame, nos salutations les meilleures.
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Il y a eu quelques échanges de courriels. Notre projet a été déposé sur le site dansmarue sur le site Paris.fr sur les conseils de Mme Morel. Nous n’avons eu aucune réponse mais avons constaté que notre projet n’était pas dans la liste des projets retenus. Jean-Baptiste, de la commission de quartier «Espace vert et propreté», l’a retrouvé sur internet. Le projet a été déclaré «non réalisable techniquement».
Sur la fiche récapitulative on lit : «la proposition n’a pas été retenue car le trottoir est trop étroit». Fin du premier épisode.
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Deuxième épisode. 15 avril 2015
Première réponse et argument pour poursuivre la demande, photos à l’appui (pdf): le dit trottoir est effectivement trop étroit en premier lieu pour les piétons valides et a fortiori pour les piétons handicapés (voir la photo où l’on aperçoit une jeune femme en fauteuil roulant sur la chaussée pavée et qui aura beaucoup de mal à entrer dans un appartement du rez-de-chaussée de l’immeuble du 93 bis qui fait face au mur aveugle, à cause d’un trottoir aussi très étroit et très haut avec une marche de perron rajoutée).
J’ai fait ces photos du fonctionnement du passage Turquetil, depuis la terrasse du café le comptoir Voltaire puis dans le passage. J’ai parlé avec quatre personnes qui travaillent au 10 du passage Turquetil. Elles marchaient en direction de la rue de Montreuil en occupant la largeur de la chaussée voitures comme un groupe de jeunes du lycée professionnel proche.
Dans l’actuelle configuration du passage Turquetil, premier tronçon, les piétons marchent donc sur la chaussée, en alternance avec les voitures. Ce passage Turquetil, on le comprend très vite en l’observant, ne voit passer que peu de voitures et constitue, semble-t-il, une sorte de raccourci, pour éviter les feux du carrefour, avenue Philippe Auguste /rue de Montreuil, en direction du boulevard Voltaire.
Autre anomalie, les voitures empruntant le passage dont le sens de circulation va vers la rue de Montreuil, mordent sur l’espace de son trottoir, pour prendre le tournant au ras de la chaussée, ou bien s’entassent, à cause du feu rouge rue de Montreuil-boulevard Voltaire, bloquant le trottoir de la rue de Montreuil : une aberration (polluante) de la circulation axée automobile et là les piétons ne sont pas pris en considération. D’ailleurs, le passage fonctionne comme une rue mais n’est pas construit comme telle, le trottoir de la rue de Montreuil s’abaisse à l’entrée du passage (le diable est dans les détails, c’est une mesure pour le passage des chaises roulantes) et ainsi les enfants en trottinette sur le trottoir peuvent le traverser sans s’arrêter. Il y a seulement une signalétique au sol. Bizarre qu’il n’y ait pas eu d’accident d’enfant heurtant une voiture débouchant du passage. Il faut donc faire appel à l’élu du 11e arrondissement «mobilité et transport», c’est un problème de voirie.
D’où l’idée simple de reconvertir ce premier tronçon du passage Turquetil, qui nous intéresse, donnant sur la rue de Montreuil et jouxtant le mur aveugle, en passage piétonnier – pour piétons valides et handicapés – et pistes cyclables dans les deux sens.
Si l’on progresse vers ce projet de micro-passage sans voiture, ce qui serait très bien, la végétalisation ne pose plus de problème, elle peut se faire au sol et le long du mur aveugle (pots ou jardinières) et en hauteur aussi. Une question peut encore être posée, la réfection préalable des façades restantes des immeubles du 2 et 4 de la rue Guenod, puisque le mur aveugle appartient à ces immeubles.
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Post Scriptum
Lu sur le site Paris.fr, au 9 avril 2015
à la rubrique
Budget participatif : bientôt 41 jardins pousseront sur les murs. Extrait :
« Des jardins sur les murs » : 21 319 Parisiens ont voté pour Le projet « Des jardins sur les murs » visant à végétaliser une quarantaine de murs dans la capitale. Il est arrivé en tête des votes des Parisiens avec 21 319 voix pendant la votation citoyenne du Budget participatif en septembre 2014.
Le succès de ce vote démontre la volonté des Parisiens de pouvoir profiter autrement de la Nature en ville. Il fait écho aux objectifs de l’exécutif parisien de porter pour cette mandature la mise en place à Paris d’un nouveau modèle urbain.
Décloisonner la nature au-delà des parcs, des jardins et des bois
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Lierre, passiflore, clématite… pour les murs
La végétalisation des murs repose sur un système de plantes grimpantes : plantes autonomes (à crampons ou à ventouses) ou plantes à vrilles ou volubiles (nécessitant une structure câblée pour se développer). La liste des végétaux couramment utilisés sont polygonum, vigne de coignet, vigne vierge, glycine, passiflore, lierre, clématite, chevrefeuille, hortensia grimpant…
Grâce au projet « Des jardins sur les murs » plébiscité par les Parisiens, 41 façades seront réalisées et 53 autres dans le cadre de « Du vert près de chez moi ». Pour la seule année 2015, la Ville de Paris va donc engager la végétalisation de 94 murs. Entre 2001 et 2013, la Ville de Paris a végétalisé 118 murs.
http://www.paris.fr/accueil/accueil-paris-fr/budget-participatif-bientot-41-jardins-pousseront-sur-les-murs/rub_1_actu_155040_port_24329
Les enfants du Nigéria racontent l’horreur en dessins
Zone-Ah
Jean-Michel Basquiat. The notebooks
Chicago. Wall of Respect
http://www.saic.edu/highlights/performancesspecialevents/wall-of-respect.html
In the summer of 1967, during a time of political turbulence, the visual artists of the Organization of Black American Culture (OBAC), together with muralist William Walker, painted a group mural on the side of a semi-abandoned, two-story building on the South Side of Chicago.
Known as the Wall of Respect, the highly visible community artwork celebrated black heroes, served as a platform for performance and rallies, and engendered a sense of collective ownership within the neighborhood, inspiring community mural movements around the US and the world.
Leading up to the Wall of Respect’s 50th anniversary in 2017, this symposium invites the artists to revisit their creative political acts and to reflect on the Wall’s legacy in a public conversation with other artists and educators. Through moderated roundtables, panels, and open discussions, the symposium will address the Wall’s contributions to the artistic and political movements of its time and its continuing relevance to current times.