Massoud Hassani, designer. The Mine Kafon


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In Libération mercredi 9 janvier 2013 : «Un pissenlit de bambous contre les mines afghanes.» Par SABINE CESSOU

«Massoud Hassani, 29 ans, designer industriel à Eindhoven aux Pays-Bas, a mis au point la «mine kafon», une sphère antimines potentiellement révolutionnaire. Son nom est tiré de l’expression «kafondan», «quelque chose qui explose» en dari, la langue maternelle de l’inventeur. Cet engin peu cher pourrait sauver des milliers de vies en Afghanistan, pays d’origine d’Hassani, d’où il est parti avec sa famille à l’âge de 15 ans pour se réfugier aux Pays-Bas.

Propulsée par le vent, cette boule de deux mètres de diamètre est constituée de 150 bâtons de bambous qui se terminent chacun par un disque en plastique adhérant au sol. Elle ressemble à une œuvre d’art contemporain évoquant le pissenlit. Il suffit de la pousser pour qu’elle se mette en marche, faisant exploser les mines sur son passage. Un GPS installé dans sa partie centrale, en métal, enregistre le trajet de la boule. Les bâtons de bambou sont faciles à remplacer, et le prototype a déjà obtenu des tests concluants aux Pays-Bas, ainsi que dans le sud du Maroc. Hassani compte lever 123 000 euros via son site internet pour poursuivre en août ses essais en Afghanistan. Ensuite, il espère passer à la fabrication industrielle.

L’idée de cet appareil a germé en 2010, alors que Massoud Hassani étudiait à l’Académie de design industriel d’Eindhoven et qu’un professeur lui avait demandé de faire les plans d’un jouet de son enfance. Il s’est souvenu de ceux qui, poussés par le vent, finissaient parfois dans des champs de mines et ne pouvaient pas être récupérés.

L’Afghanistan fait l’objet d’un vaste programme de déminage depuis la fin de l’invasion soviétique, en 1989. Pas moins de 650 000 mines antipersonnelles, 27 000 mines antichars et 15 millions d’engins explosifs divers et variés ont été collectés, selon le Centre de coordination de l’action contre les mines en Afghanistan (Macca), financé par les Nations unies. Mais le pays compte toujours plus de 5 000 zones à risques, couvrant une superficie de 588 km2, mettant en danger 750 000 personnes, selon l’ONU. En 2011, 812 Afghans, pour moitié des enfants, ont été tués ou blessés par des mines, selon l’ONG Handicap International. «Chaque mine que nous détruirons peut sauver une vie humaine», affirme Massoud Hassani, déterminé à prendre sa «revanche» sur la guerre qui a contraint sa famille à l’exil.»