novembre 2016

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Tranquille, sous le ciel dégagé, avec peu de monde dans les rues, pas couverte, juste les gants bien chauds, en baskets vert et noir, je cours pour mettre le rythme de ma respiration en ordre. La note : une blanche pour respirer suffisamment, deux noires pour expirer rapidement (la mesure première), deux noires pour respirer et expirer. Pas très fort mais sans s’arrêter. Pas trop profondément mais en envoyant l’oxygène à toutes les cellules musculaires. On peut essayer. Le cœur bat, le poumon se remplit, le muscle s’étire et se contracte. Je ne vois pas le paysage du soleil du matin. Les lunettes de soleil ne vont pas bien au mouvement de jogging bien que certains les mettent trop bien au niveau de leur look. Je n’aimerais pas. J’aime transpirer dans le froid. J’aime quand je me déshabille de mes gants, de mon blouson, de mon écharpe dans la rue en regardant des chiens qui ont l’air gelé. J’aime sentir mon métabolisme quand je me sens bien comme quand je ne me sens pas forcément bien.

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Vo Trong Nghia architects, Atlas Hotel, 30 Dao Duy Tu, Cam Pho, Hội An, Vietnam, http://www.designboom.com/architecture/vo-trong-nghia-atlas-hotel-hai-an-vietnam-11-21-2016/
Le site des architectes http://votrongnghia.com/

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http://www.designboom.com/architecture/rocco-borromini-sv-house-italy-11-21-2016/

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http://www.designboom.com/architecture/petr-stolin-architekt-zen-houses-czech-republic-11-22-2016
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« Et quand vous vous demandez si l’art occidental, son histoire, son poids de bienséance pourrait être ce qui a détruit notre rapport à la nature, vous ne seriez pas loin de dire une vérité pour le moment inaudible, je le crains. » Anne Cauquelin, in « Le paysage, une contre-nature : entretien avec Anne Cauquelin » dans lequel elle parle avec Nathalie Desmet « de la confusion qui persiste autour du terme de nature et du rapport entre paysage et nature. Ce malentendu ancré dans nos habitudes de pensée a conduit le paysage à représenter la nature elle-même, par une sorte d’application « bourgeoise » du principe perspectif. Le malentendu se poursuit aujourd’hui par la perpétuation d’un système où le paysage est un signe élitiste, une « valeur » culturelle sure. Ce qui mène à la disparition du paysage, c’est la fermeture de ce système, son achèvement. » Nathalie Desmet, in Esse, n°88, automne 2016, Paysage. [photo prise en feuilletant cette revue dans la bibliothèque des Archives de la critique d’art, à Rennes]. Lire la suite »

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Le Bassin du jardin des Tuileries et le bord de Seine en crue, juin 2016. Photos J. Gonzo


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Depuis longtemps, je prends beaucoup de photos d’arbres, de plantes, de paysages, peut-être moins de portraits, mais beaucoup d’images architecturales et urbaines aussi. Ce qui m’attire souvent, c’est leur couleur. Leur figure bien sûr, sinon c’est la composition intéressante et distanciée dans le cadre que j’imagine en avance de la prise des images. À propos de la couleur et de la figure, mon intérêt se situe à leur nature non-universelle parmi les êtres vivants : chez des différents vivants, la perception des couleurs et des figures peut être différente. Ce que je trouve beau, comme couleur ou composition n’est pas valable, c’est effrayant. Ce qu’un être humain décrit, écrit, apprécie, admire, ce qui le fascine, le frappe, l’impressionne, le fait défaillir, n’est peut-être pas forcément significatif pour les autres. Cette sensation de « non-existence de l’absolu » est forte car on peut se sentir être au monde sans le sol où s’appuyer, on peut se retrouver dans une situation complètement en suspens. C’est aussi une opportunité de pouvoir imaginer différentes perceptions. Cela nous permet d’échapper à notre cellule saisissable, agréable, rassurante mais déjà éclairée et reconnue.

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Une image floue, prise dans un après-midi, froid et nuageux, pression assez basse, dans un quartier bourgeois. La tenue des deux femmes a attiré mon attention. Habillées en plein de couleurs, en plein de matières différentes : cuir, laine, polyester, fourrure, feutre, et d’autres peut-être. Les cheveux teints bizarrement. Des lunettes de marque certainement, mais je ne suis pas capable de dire de quelles marques elles étaient, en tout cas des lunettes très stylées, esthétiques ou alors originales. Ce genre de femmes qui marchent assez vite, caquettent entre elles, savent que les gens dans la rue les regardent, regards curieux, regards moqueurs, regards étranges. Les femmes s’habillant de couleurs vives dans un paysage urbain, avec plein de matières différentes, souvent plus vieilles que leur silhouette de dos peut le suggérer, semblent peu naturelles. Pourtant les hommes s’habillant en couleurs vives à la mode africaine ou dans un style bien articulé, apparaissent juste « biens » et « beaux ». Dans la nature, ce sont des mâles qui s’habillent de manière voyante pour leur appel à but biologique, mais ce n’est pas la seule raison pour laquelle ces femmes me semblaient étranges. C’est le paysage urbain qui détourne la signification des figures. Le paysage est puissant face à tout ce qui est éphémère, car des êtres éphémères comme nous n’arriveront jamais à sentir le temps qui passe comme un paysage qui lui vit dans son temps long.

 

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Photo Richard Avedon. Exposition Richard Avedon à la BNF  Vieux monde, New Look, la France d’Avedon. [Deux elegant people en terrasse]

Présentation de la 4e de couverture du livre (posthume) de Jacques Derrida L’animal que donc je suis : « Souvent je me demande, moi, pour voir, qui je suis – et qui je suis au moment où, surpris nu, en silence, par le regard d’un animal, par exemple les yeux d’un chat, j’ai du mal, oui, du mal à surmonter une gêne. Pourquoi ce mal ? J’ai du mal à réprimer un mouvement de pudeur. Du mal à faire taire en moi une protestation contre l’indécence. Contre la malséance qu’il peut y avoir à se trouver nu, le sexe exposé, à poil devant un chat qui vous regarde sans bouger, juste pour voir. Malséance de tel animal nu devant l’autre animal, dès lors, on dirait une sorte d’animalséance : l’expérience originale, une et incomparable de cette malséance qu’il y aurait à paraître nu en vérité, devant le regard insistant de l’animal, un regard bienveillant ou sans pitié, étonné ou reconnaissant. Un regard de voyant, de visionnaire ou d’aveugle extra-lucide. C’est comme si j’avais honte, alors, nu devant le chat, mais aussi honte d’avoir honte. Réflexion de la honte, miroir d’une honte honteuse d’elle-même, d’une honte à la fois spéculaire, injustifiable et inavouable. Au centre optique d’une telle réflexion se trouverait la chose – et à mes yeux le foyer de cette expérience incomparable qu’on appelle la nudité. Et dont on croit qu’elle est le propre de l’homme, c’est-à-dire étrangère aux animaux, nus qu’ils sont, pense-t-on alors, sans la moindre conscience de l’être. Honte de quoi et nu devant qui ? Pourquoi se laisser envahir de honte ? Et pourquoi cette honte qui rougit d’avoir honte ? Devant le chat qui me regarde nu, aurais-je honte comme une bête qui n’a plus le sens de sa nudité ? Ou au contraire honte comme un homme qui garde le sens de la nudité ? Qui suis-je alors ? Qui est-ce que je suis ? À qui le demander sinon à l’autre ? Et peut-être au chat lui-même ? ».

2016 Énième reprise éthérée et discrètement actualisée de pièces d’un artiste ultra exposé à la galerie des galeries. Le « beau » mur végétalisé de pacotille et de circonstance reconstitué dans la galerie des galeries, —à la différence de sa version 2012, image ci-dessous— entre en résonance, ironiquement et politiquement correctement avec les photos grand format de tranches de pain bio industriel sur un mur voisin à quelque distance : on les aperçoit sur les photos de l’exposition : http://www.galeriedesgaleries.com/frFR/exposition/i-57/hanspeterfeldmann.html

2012 Le même mur végétalisé kitsch versus deux portraits style Puces, sur murs de cimaises et sol-amorce en linoléum, volontairement misérabilistes.

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Exposition au BAWAG Contemporary Franz Josefs Kai 3, à Vienne

2006 Hans-Peter Feldmann, Liebe-Love, 2006  Verlag der Buchhandlung Walther König, 2006, 22 x 16,5 cm, 128 p., broché, couverture illustrée. Ce livre présente 128 photographies d’amateurs en noir et blanc.

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«Quand quelqu’un élabore des choses de son côté, d’une façon très égocentrique, très stupide, très simple, mais en même temps très honnête, très sincère, puis rend ce travail public et que d’autres personnes soudain reconnaissent leurs propres préoccupations dans ces choses faites par un autre, et qu’elles comprennent quelque chose ou ressentent quelque chose, là, et seulement là, il y a art.» Hans-Peter Feldmann, extrait d’un entretien avec Kasper König, Frieze, 91, mai 2005. Mais c’est comme une forme ambigüe d’Autobiographie de tout le monde (Gertrude Stein) qui met mal à l’aise, car le corpus appartient à la période de la guerre 1939-45 en Allemagne… en porte-à-faux voulu et désastreux avec l’esthétique typologique d’August Sander.
https://frieze.com/search/editorial?text_search=Hans%20Peter%20feldmann

http://www.florenceloewy.com/bookstore/hans-peter-feldmann/

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« Détails des toiles* peintes et sérigraphiées de Rauschenberg présentées sous l’intitulé général Salvage. Même technique de mélange des médiums que chez Warhol, mais avec une esthétique plus picturale, dans une forme d’association contradictoire et chaotique d’expressionnisme abstrait et de pop art. »© J.G. texte et images.
Très bon texte du communiqué de presse de la Galerie Thaddaeus Ropac qui représente l’artiste : « L’exposition présentera des peintures de la série des Salvage (1983-1985), la dernière à avoir été réalisée sur toile par l’artiste. Composée de toiles peintes et sérigraphiées à partir d’images trouvées dans des magazines ou de photographies prises par Rauschenberg lui-même, la série présente diverses références autobiographiques qui évoquent les sujets et la composition des célèbres Silkscreen Paintings du début des années 1960. Bien qu’utilisant des techniques d’impression commerciale et recyclant l’imagerie issue des médias de masse, celles-ci demeurent expressionnistes, picturales et éclatées dans leur agencement. Rauschenberg aime les jeux de mots et la signification exacte de Salvage demeure ambiguë. D’un point de vue historique, salvage est un terme emprunté au vocabulaire maritime qui désigne l’acte de secourir les rescapés d’un naufrage et, par extension, l’acte de récupérer les biens qui ont pu être sauvés. Le titre de la série, qui joue également sur l’ambivalence phonique avec le mot selvage, désignant un bord de tissu destiné à être coupé puis jeté, rappelle l’importance de l’utilisation d’images et d’objets trouvés dans la pratique de l’artiste depuis ses débuts. Dans ce cas précis, cela pourrait faire référence aux toiles de protection employées par Rauschenberg pour sérigraphier les costumes de Set and Reset (1983), la pièce chorégraphique de Trisha Brown, et qu’il a « sauvées » avant d’entamer ses peintures. Rauschenberg était convaincu que la peinture est indissolublement liée à « l’art et à la vie et que ni l’un ni l’autre ne peuvent être fabriquées », comme il l’a indiqué en 1959 dans une formule restée célèbre. Érigeant cette certitude en principe créatif, il crée des œuvres initiant un dialogue constant avec les spectateurs et le monde environnant, tout comme avec l’histoire de l’art. Mélanger des sérigraphies de photographies prises par lui-même avec l’abstraction gestuelle lui permet alors d’incorporer des éléments de la réalité dans le domaine de la peinture. Considérant le monde comme une immense peinture, son projet central a toujours résidé dans la volonté de trouver la manière la plus astucieuse de recadrer et de regrouper des éléments de l’actualité et des matériaux du monde réel pour les introduire dans son œuvre. Bien qu’elle ne s’articule pas à un thème précis, la série des Salvage compte parmi ses plus grandes réalisations. L’ensemble des peintures présente des motifs récurrents (bicyclettes, voitures, animaux et architectures) qui reflètent le rapport renouvelé de Rauschenberg à la photographie au début des années 1980. À travers son travail photographique, l’artiste développe en effet une relation privilégiée à la mémoire et à l‘archéologie du temps présent. Ses peintures en portent la trace et s’en font l’écho vibrant jusqu’à ce jour. »

* une des toiles dont est extrait un détail

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