septembre 2016

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Collection Arguments, éditions de minuit. L’étude paraît en 1922. Réédition en 1949, introduite par Karl Jaspers :«La philosophie n’a pas un champ d’étude qui lui soit propre, mais les recherches scientifiques concrètes deviennent philosophiques si elles remontent consciemment jusqu’aux limites et aux sources de notre être. […] cette analyse était simplement le moyen de trouver les points de vue où l’on doit se placer pour apercevoir les énigmes véritables et en prendre conscience.» C’est «l’originalité, le côté exceptionnel» du cerveau et de l’art de Van Gogh qui nous intéresse. [Les mots en rose signalent les débuts de paragraphe. Les mots en bleu, les mots et expressions que nous soulignons.]

Chapitre 5. pp. 220-229. D’UNE RELATION ENTRE LA SCHIZOPHRÉNIE ET L’ŒUVRE. Avant de rechercher quelle peut être la relation entre la schizophrénie et l’œuvre, il y a lieu de préciser quel sens nous donnons à cette idée très générale de relation. On peut se demander tout simplement si, chez des êtres d’exception, la schizophrénie peut être la cause ou l’une des causes de la création artistique. Le processus pathologique est-il un facteur, dans les profondeurs obscures et énigmatiques des corrélations physiologico-psychologiques, sans que l’œuvre acquière pour autant un caractère d’aliénation? Pourrait-on donc comparer en ce cas ses effets à cette ivresse légère que Bismarck pratiquait les jours où il devait parler en séance au Reichtag? Il avait remarqué qu’une certaine dose d’alcool facilitait son élocution, sans aller jusqu’à lui donner aucune nuance qui pût être attribuée à l’ébriété. Ainsi, la folie (avec une action plus durable et beaucoup plus importante sur la personnalité) serait pour l’œuvre une condition excitante sans être spécifique. En second lieu, on pourrait poser la question suivante: si l’on voit apparaître un changement dans le style d’un artiste avec la schizophrénie, n’y a-t-il pas quelque raison de voir en elle un agent spécifique de la production artistique? Dans ce cas, et puisque des effets semblables se produisent chez d’autres individus dans des conditions différentes, la schizophrénie serait-elle seule en jeu, et ne pourrait-on pas alléguer parfois la paralysie générale, une lésion cérébrale ou l’alcoolisme? Enfin, en troisième lieu, nous demanderons si l’on voit dans l’œuvre elle-même les traces de cette cause spécifique, autrement dit : l’œuvre peut-elle avoir des caractères spécifiquement schizophréniques? Traiter la seconde question, c’est sous-entendre que l’on a répondu affirmativement à la première et, de même, répondre à la troisième suppose la solution positive de la seconde. Ces réponses ne peuvent être qu’empiriques et, actuellement, étant donné le petit nombre de cas examinés, nous ne pourrons nous prononcer que provisoirement. La présente étude ne vise qu’à être une contribution et ne fait qu’entamer la discussion. Traitons nos trois questions à la lumière des faits. Lire la suite »

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In Le Monde du jour. « C’est un bel été, il n’y a pas à dire ; tout le monde est bronzé. Et pourtant je suis taraudé par la difficulté de dire : « j’ai passé un magnifique été », alors qu’on m’assure, par ailleurs, que c’est le plus chaud depuis qu’on mesure le temps qu’il fait. La difficulté est nouvelle, avouez-le. Mon père, mon grand-père pouvaient prendre leur retraite, vieillir tranquillement, mourir en paix : les étés de leur enfance et ceux de leurs petits-enfants pouvaient se ressembler. Bien sûr, le climat fluctuait, mais il n’accompagnait pas le vieillissement d’une génération, comme il accompagne la mienne, celle des baby boomers. Moi, je ne peux pas prendre ma retraite, vieillir et mourir en léguant à mes petits-enfants un mois d’août détachable de l’histoire de ma génération. Ce fichu climat s’accroche à mes basques. Il s’obstine à me suivre comme un chien rencontré en cours de promenade et qui vous adopte stupidement. Un nouveau couplage« Va-t-en ! Fiche le camp ! Ne t’occupe pas de moi ! ­Retourne chez ton maître ! » Mais il s’obstine, ce crétin. Et ce n’est pas un chien mais un troupeau de bestioles de plus en plus énormes qui m’ont choisi comme maître et responsable… Que faire de ce nouveau couplage entre les mois qui passent dans mon histoire personnelle et les mois de l’histoire du système Terre (c’est le nom savant de cette grosse bête qui nous a pris en affection) ? Tout se passe comme si l’histoire humaine et l’histoire géologique embrayaient l’une sur l’autre. Ça veut dire quoi se prendre pour un humain maintenant que je ne peux plus mourir en paix, assuré que la planète restera toujours indifférente à ma petite vie ? Que faire si le beau mois d’août de l’histoire humaine devient le pire mois d’août de l’histoire climatique – avant le suivant ? Le philosophe Günther Anders (1902-1992) avait posé une question semblable : qu’est-ce qu’être humain sous la menace de l’Holocauste nucléaire ? Et pourtant la guerre atomique restait une affaire anthropocentrique. On s’exterminait massivement mais à l’ancienne, entre humains ; le système Terre n’y était pas impliqué. Une fois passé l’hiver nucléaire, il y aurait toujours des mois d’août chauds ou pluvieux, indifférents à notre ­ histoire. Risquer le ridiculeEt puis c’était virtuel. Mais avec ces mois chaque fois les plus chauds qui nous collent par-derrière, l’événement a déjà eu lieu. Le système Terre se trouve irrémédiablement engagé. On ne rendra plus la planète indifférente à nos actions. On peut démanteler l’armement atomique (la chose est peu probable, la menace reste d’ailleurs intacte, bien que virtuelle), on ne peut plus découpler les deux histoires. Comme Anders l’avait bien vu, se poser de telles questions, c’est risquer le ridicule. J’aurais l’air d’un croque-mitaine si je demandais à mes amis de retour de vacances : « Quel épouvantable mois d’août avez-vous passé ? » Je sens bien que je gêne quand je regarde par-dessus mon épaule si le troupeau de bestioles continue à nous suivre pas à pas en occupant l’espace. On fait comme si de rien n’était, à la manière des Dupondt dans Le Lotus bleu : « Ne te retourne pas tout de suite, j’ai l’impression que quelqu’un nous suit. » Ce n’est quand même pas la fin du monde ? Non, mais ça commence à y ressembler si nous ne sommes pas capables de faire quelque chose de ce couplage imposé par notre désinvolture. Comment ferez-vous pour dire à vos petits-enfants : « Tu vois ce beau mois d’août 2016 tout rouge sur la carte des climatologues ? Eh bien c’est moi, c’est ma génération qui l’a fait ! »  Lire la suite »

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[Les graines des ipomées viennent du 93 bis rue de Montreuil, Paris 11e, offertes par F.] Elles adorent le jardin de la maison de Saint-Égrève, mais sont très éphémères, près de fleurs de lin issues, elles, de graines données…
linVosges
Square Louis XIII – Place des Vosges à Paris, le 26 mai 2016, par les organisateurs de l’exposition UltraLin (26 mai-5 juin 2016) conçue par le designer Philippe Nigro, et assortie d’une très longue plantation en jardinière éphémère installée à même la rue, le long du square, pendant la durée de la manifestation (détail ci-dessus et en plan large dans la rue, ci-dessous)
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