Jean Birnbaum. Des esprits dérangés

Le monde du jour

Priver le carnage niçois de toute signification politique, au prétexte que son auteur, Mohamed Lahouaiej Bouhlel, était instable psychiquement, nous place devant notre incapacité à envisager sérieusement la force spécifique de Daech, rappelle Jean Birnbaum, responsable du « Monde des livres ».

Dès le lendemain du massacre qu’il a perpétré à Nice le 14 juillet, Mohamed Lahouaiej Bouhlel a été décrit comme une personnalité fragile, dépressive, aux tendances psychotiques. Le tueur présentait notamment « des problèmes avec son corps », a témoigné un psychiatre tunisien naguère consulté par le jeune homme.
« C’est l’acte d’un fou », a résumé l’une de ses voisines au Monde. Depuis lors, beaucoup ont posé la question : même si le carnage de Nice a été prémédité, peut-on vraiment parler d’entreprise terroriste à propos d’un homme qui n’avait pas toute sa raison ?
En vérité cette question ressurgit presque à chaque attentat, et elle est révélatrice à plus d’un titre. Elle dit d’abord quelque chose de notre rapport collectif à la folie. Car poser la question en ces termes, c’est suggérer que l’acte meurtrier, dès lors qu’il serait emprunt de délire, serait vidé de tout élan politique et religieux.

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